Ainsi, très tôt les JO qui devaient avoir lieu à Tokyo cet été, ont été reportés à 2021. C’est ainsi que toutes les épreuves route, BMX, piste et VTT auront lieu à l’horizon de l’été prochain. Enfin, nous l’espérons.

A ce titre, Mathieu Van der Poel, devenu l’une des stars du cyclisme mondial, est devant un choix cornélien de calendrier. En effet, peut-être sous la pression de son sponsor et de son staff, il devra choisir entre participer pour la 1ère fois au Tour de France et viser la médaille d’or en VTT.

Mathieu Van der Poel à la lutte avec Julian Alaphilippe et Benoit ConesfroyMathieu Van der Poel à la lutte avec Julian Alaphilippe et Benoit Cosnefroy | © Alpecin-Fenix

 

Les raisons qui le pousseraient vers le Tour de France

C’est certainement la raison principale qui fait que MVDP reste au sein de l’équipe Alpecin-Fenix, alors qu’il pourrait prétendre à être mieux entouré par des équipiers l’accompagnant plus loin dans la course : elle lui laisse une paix royale, lui permettent de choisir son propre programme, fait de cyclo-cross, de VTT et de route. Cette souplesse est particulièrement appréciée par le champion hollandais qui aime ainsi toutes les disciplines du vélo, tout en étant l’un des meilleurs du monde (voire le meilleur) dans chacune d’elles.

Pour autant, par définition un sponsor se félicite toujours de voir ses retombées (financières et médiatiques) augmenter. Et sans faire injure à une médaille d’or sur les JO qui récompense avant tout l’athlète voire sa nationalité (en courant donc avec le maillot de l’équipe nationale), briller sur le Tour de France, la plus grande course cycliste du monde, serait à coup sûr plus « bénéfique » pour Alpecin-Fenix. Et pour le coureur, il est toujours possible d’imaginer qu’une ou plusieurs victoires d’étapes sur la Grande Boucle permettraient de mieux revaloriser le contrat pour l’année suivante.

Par ailleurs, Christian Prudhomme l’a dit clairement : il souhaite voir le prodige hollandais au départ de son épreuve. Pour l’organisateur du Tour aussi, sa venue serait l’assurance d’un beau spectacle et donc de retombées intéressantes. Les téléspectateurs pourraient alors profiter de l’aspect sportif tout comme du spectacle tant le coureur sait prendre ses initiatives et gagne le plus souvent avec la manière.

Sur le plan purement sportif, Van der Poel a forcément suivi les exploits de son meilleur ennemi Wout Van Aert, qui a littéralement crevé l’écran en septembre dernier, que ce soit en plaine (2 victoires d’étapes) tout comme en montagne. Et il est certain que MVDP ne nourrit aucun complexe face à son rival belge jusqu’à s’imaginer « facilement » à sa place. Il est même envisageable de penser que lorsque les 2 coureurs ont été au top de leur forme, c’est le hollandais qui s’est régulièrement montré le plus fort au finish. Que ce soit en cyclo-cross ou sur la route, d’autant que leur dernière confrontation au plus haut niveau sur le Tour des Flandres a montré que Van der Poel n’avait rien à envier à son adversaire en termes de vitesse pure. De plus, alors que Van Aert doit se contenter d’un rôle d’équipier dès que la route s’élève, Van der Poel, en tant que leader unique de l’équipe peut tout aussi bien se lancer dans des échappées sur les étapes des massifs dits intermédiaires ou même sur les arrivées difficiles, dans les 2 cas comme l’a montré l’équipe Sunweb avec Marc Hirschi et Soren Kragh Andersen.

Enfin, tenter de gagner les JO réclamerait forcément une préparation plus orientée vers cette discipline que lors d’une année normale. Ce qui ferait rater des courses importantes du calendrier route… pour une victoire plus hypothétique que sur la route. En effet, sur un parcours difficile sur la route, les favoris se retrouvent très souvent à l’avant. En VTT, ce constat est moins systématique, notamment car les ennuis mécaniques y sont plus fréquents. Et alors, sacrifier toute la 1ère partie de la saison pour une course d’un jour au dénouement plus aléatoire serait plus risquer que de disputer le Tour, sur lequel il est possible de remettre au lendemain ce que l’on a raté le 1er jour. Surtout lorsque l’on possède le potentiel physique de Mathieu Van der Poel.

Mathieu Van der Poel joue les 1ers rôles en VTTMathieu Van der Poel joue les 1ers rôles en VTT | © Alpecin-Fenix

Les raisons qui le pousseraient vers les JO

A chaque fois que Mathieu Van der Poel a été comparé à son grand père disparu, Raymond Poulidor, il a expliqué que c’était « l’autre », le grand Champion et que pour l’heure, sa carrière était tout juste naissante. Mais il ajoutait que ce qu’il était en train de faire était tout à fait unique, à savoir être le meilleur en cyclo-cross (il n’a plus rien à prouver aujourd’hui, mis à part enfiler encore davantage les titres), gagner des titres majeurs en VTT sur le peu de temps qu’il y consacre, et réussir sur la route en gagnant déjà quelques-unes des plus grandes courses du calendrier.

Et les JO, dans un palmarès qui comporte déjà des titres de Champion du Monde de cyclo-cross, l’Amstel Gold Race et le Tour des Flandres, ça aurait « de la gueule ».

Et pour le moment, dans son plan de carrière, Mathieu Van der Poel a davantage privilégié le plaisir et le palmarès plutôt que les honneurs et les contrats. Sinon, il y a bien longtemps qu’il aurait bifurqué vers la route.

D’autant que les JO n’ont lieu que tous les 4 ans, alors que s’il ne fait pas le Tour 2021, MVDP sait qu’à 26 ans (en janvier prochain) il pourra se rattraper sur d’autres éditions. De plus, son profil est davantage de briller toute l’année plutôt que de se consacrer exclusivement au Tour à coup de stages à Tenerife et de diététique très stricte.

Dans tous les cas, il n’y a probablement pas de bon et mauvais choix, sinon le débat n’aurait pas lieu. « Choisir c’est renoncer » comme le dit l’adage mais, quel que soit le programme décidé, Mathieu Van der Poel jouera les 1ers rôles et les suiveurs vont se régaler.

Par Olivier Dulaurent

Nouvelle victoire en cyclo-crossNouvelle victoire sur les Championnats du Monde de cyclo-cross | © Alpecin-Fenix