Après un été chargé qui vous aura vu enchaîner les plus belles épreuves, et peut-être quelques cyclosportives mythiques du côté des Alpes, des Pyrénées ou du Massif Central en juillet ou août, vos semaines vous semblent sans doute fades à cette période.

Bien souvent à la mi-septembre, les choix sont limités au sein du calendrier et la motivation devient difficile à trouver. Il ne reste que quelques épreuves parfois lointaines à se mettre sous la dent. Sans objectifs, l’arrêt de l’entraînement devient parfois une évidence, du moins la motivation n’est plus tout à fait la même.

Quelle fin de saison ?

A y regarder de plus près la mi-septembre sonne déjà creux. Si les possibilités d’épingler des dossards avant l’arrivée de l’automne semblent a priori nombreuses et variées la réalité est quelque peu différente.

Du point de vue cyclosportif, le 15 Septembre est un tournant : il n’y a plus guère que dans le quart sud-est que vous trouverez des épreuves après cette date.

Les courses de fédération sont encore d’actualité pour quelques semaines (FFC, FSGT, UFOLEP) mais vous n’êtes pas tous licenciés, ni nécessairement motivés pour ce type d’épreuves.

Les grimpées sèches de fin de saison ne sont plus aussi nombreuses qu’il y a quelques années et ne concernent qu’une minorité.

Restent les gentlemen et autres contre-la-montre, intéressants du point de vue rythme, mais qui n’attirent là encore qu’une minorité. Et ce, à condition qu’ils soient organisés près de chez vous.

Enfin octobre regorge d’épreuves de course à pied, de duathlons, de vétathlons (course à pied + VTT), de bike and run, mais tous les cyclosportifs ne pratiquent pas la course à pied et ces épreuves nécessitent tout de même une préparation minimale, ne serait-ce qu’en raison de l’adaptation musculaire qu’elles nécessitent !

Bref seule une minorité d’entre vous trouvera chaussure à son pied ces prochaines semaines et la majorité d’entre vous doit déjà faire face à un calendrier vierge, parfois même depuis août.

 Les sorties collectives ont aussi leur place dans l'entrainementLes sorties collectives ont aussi leur place dans l’entrainement | © Photos Course/Vélo Club Villefranche Beaujolais


« Prépa » hivernale plutôt qu’hibernation prolongée

Pour les raisons évoquées ci-dessus, il est parfois bon de débuter sa préparation hivernale dès l’entame de l’automne. Après quelques jours de coupure, une dizaine tout au plus, vous pourrez remettre le pied à l’étrier. Vous aurez alors pris soin de tirer le bilan de la saison 2021, afin de dégager ce qui a bien marché et ou vous avez pêché afin de faire mieux l’an prochain.

Reprendre l’entraînement dès la fin septembre, alors que d’autres sont encore en période de compétition, peut permettre d’éviter une coupure trop longue.

En effet, raccrocher le vélo pour une période supérieure à trois ou quatre semaines amène trois écueils :

– le désentraînement, à savoir la perte de votre condition physique, si difficile à reconquérir par la suite. Vous n’avez pas fait autant d’efforts cet été pour que tous les acquis s’envolent en quelques semaines !

– La prise de poids : inévitablement, en diminuant la dépense calorique, vous déséquilibrez l’équilibre entre « entrées » et « sorties », d’autant que durant la coupure, et c’est humain, vous pourriez avoir la fâcheuse tendance à vous « lâcher » ;

– La démotivation : « moins on en fait et moins on a envie d’en faire ». Après une saison chargée vous allez vous relâcher et raccrocher le vélo. Si le sentiment de manque n’apparaît pas, et tout dépend à ce sujet de l’intensité de votre « passion » vous allez rapidement vous installer dans le confort de la vie de « sédentaire ». Aussi, entamer une préparation hivernale, c’est à nouveau se projeter sur du long terme, c’est planifier 2022, se plonger dans le calendrier et donc, éviter de gamberger.

Aussi, si vous n’avez plus d’objectifs, mieux vaut, après une coupure assez courte, vous replonger de suite dans une vraie préparation, pensée sur du long terme, avec tout ce que ce terme sous-entend (régularité, progressivité dans l’entraînement). Une sortie par ci par là, sans liens entre elles, sans autre objectif que de tuer la culpabilité naissante ne permettront sans doute pas un maintien de vos capacités, même si cela évite la démobilisation totale. Au contraire, attaquer votre préparation tout en ayant une condition très appréciable ne pourra que vous aider à progresser l’an prochain : plus on part « de haut » et plus il est envisageable d’aller loin.

Une préparation foncière prometteuse

En outre, l’hiver sera ainsi long et studieux. Plus vous vous y prenez tôt plus vous avez de chances de mettre celui-ci à profit. Sachant que c’est durant la préparation foncière qu’on construit les fondations de la saison, mieux vaut ne pas la bâcler et au contraire y accorder plus d’importance que d’habitude.

Plus votre préparation hivernale sera longue, plus vous serez régulier et progressif dans votre entraînement, plus vous mettrez toutes les chances de votre côté pour réussir 2022. Et, en cette période de reprise, nombreuses sont déjà les choses à mettre en place : vélocité, force, sorties longues, explosivité, travail technique.

Par ailleurs, s’appuyer une condition physique avancée à l’entrée de l’hiver permettra de gérer les éventuels coups durs, imprévus ou autres pépins physiques, tout comme elle pourra aussi prévenir les coupures « involontaires » dues à une météo trop mauvaise.

La fin de la préparation pourra coïncider avec un stageLa préparation pourra coïncider avec un stage | © DSO Sports


Pour repartir du bon pied après quelques jours de relâche, pensez en premier lieu à reprendre souplement. Durant une à deux semaines, des séances de reprise, en endurance fondamentale suffiront pour retrouver le coup de pédale. Si vous avez un « mulet » pour l’hiver, n’hésitez pas à le sortir du garage : d’une part pour vous réhabituez à cette machine, d’autre part pour bien prendre conscience que vous débutez la préparation pour l’année prochaine et que la période de compétition est belle et bien derrière vous.

Après quelques séances de reprise les jambes devraient répondre davantage. En outre, la motivation devrait être revenue. C’est alors que les choses sérieuses pourront commencer. Ce que d’autres feront en novembre, voire décembre, vous allez pouvoir l’entreprendre fin septembre ou début octobre. « L’avance » que vous prendrez pourra, si vous négociez bien l’hiver et la suite de votre préparation, être un avantage au printemps prochain sur vos premiers objectifs.

Bref, il n’est pas trop tôt pour débuter votre préparation foncière. Plus vous attaquez tôt meilleurs seront les résultats.

En outre, en ce mois de septembre, la météo, même si elle n’est plus celle de juillet, est encore clémente. Les conditions pour s’entraîner en extérieur sont favorables et mieux vaut débuter sa préparation tant que c’est encore le cas. Ainsi, quand arriveront des journées moins propices, vous sortirez plus facilement sur la lancée des premières semaines. Le cyclosportif qui ne reprend l’entraînement qu’en décembre aura lui tendance à repousser ses retrouvailles avec le vélo … alors qu’il n’a plus guère le choix puisqu’il est déjà dos au mur après plusieurs mois d’hibernation.

 

Une reprise non sans risque

Plus vous reprenez le chemin de l’entraînement tôt, plus rapidement vous atteindrez une forme optimale. Mais ce qui pourrait être, à priori, un avantage pourrait finalement se retourner contre vous.

D’une part, en reprenant l’entraînement très sérieusement dès fin septembre vous pourriez être en forme dès février. Or en début d’année civile le calendrier cyclosportif sera encore vierge ! Et qui dit forme en février dit creux en mai, alors qu’à cette époque les épreuves s’enchaînent. Il est bien entendu impossible d’être en forme toute l’année : la fatigue fait son effet et si vous ne planifiez pas bien votre saison vous risquez de pousser l’organisme dans ses derniers retranchements, d’où des cas fréquents de sur-entraînement, notamment chez les adeptes des longs parcours.

En outre, si vous êtes en forme « trop tôt », vous ne pourrez maintenir très longtemps cet état. Tout au plus réaliserez-vous un bon début de saison, mais vous serez contraint de baisser pavillon par la suite. Pour revenir à votre meilleur niveau il faudra alors observer une petite coupure puis entamer un nouveau cycle de préparation. Entre temps il est probable que de belles épreuves vous passent « sous le nez ». A moins d’observer deux à trois micro coupures durant la phase de compétition. Mais dans ce cas, il faudra être assez fort « dans la tête » pour tenir le rythme durant plusieurs mois, à l’instar des coursiers car vous n’aurez pas deux demi saisons mais bien une seule période de compétition !

Aussi, nous vous conseillons cette option de la reprise de l’entraînement dès septembre si vous êtes un adepte du début de saison : si vous avez des objectifs tôt dans l’année, c’est-à-dire en général des épreuves en plaine, sous une météo encore incertaine. Pour cela il faut également bien « passer l’hiver » et ne pas hésiter à s’entraîner par tous les temps ! Cela ne vous empêchera pas de préparer les épreuves du mois de juillet, à condition de prendre le temps de récupérer entre temps.

Entamer une préparation sérieuse très tôt c’est également se risquer à une démotivation. L’hiver est long et après plusieurs semaines d’entraînement il est possible que vous connaissiez un phénomène de « ras le bol », surtout si la météo se gâte ou si l’hiver joue les prolongations. Si l’organisme tient le choc, ce ne sera pas nécessairement le cas de votre motivation. Par moments, et c’est humain, le cyclosportif a besoin de relâcher la pression, de s’accorder un peu de répit. Si vous n’avez plus d’objectifs pour cette saison et que vous vous sentez des ailes pour préparer la suivante, pensez-y. Vous n’hésiterez pas, d’ici quelques semaines, à programmer une première microcoupure (4/5 jours sans activités sportives), avant de vous accorder une seconde pause un peu plus tard, par exemple à l’occasion des fêtes de fin d’année.

 Autant profiter des températures encore clémentes pour Autant profiter des températures encore clémentes pour « prendre de l’avance » | © DSO Sports


Préparer 2022. Oui mais …

Si votre saison est terminée et que vous n’avez plus réellement de motivation pour poursuivre l’entraînement mieux vaut alors débuter votre préparation foncière plutôt que de couper de longues semaines, ce qui entraînerait des désadaptations de l’organisme ainsi qu’une prise de poids ou encore de la démotivation. Ainsi, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour réussir votre prochaine saison. En effet, c’est durant la préparation foncière qu’on pose les bases, les fondations de la future réussite. Vous aurez également une marge de manœuvre plus importante que vos collègues qui ne reprendraient le chemin de l’entraînement qu’en décembre voire janvier.

Néanmoins, il faudra veiller à bien planifier votre préparation afin de ne pas atteindre une forme optimale trop tôt. En outre, si votre motivation est irréprochable pour le moment, l’hiver risque de vous paraître encore plus long qu’à l’accoutumée… De petites coupures de 4 à 5 jours, régulières (toutes les 6 à 8 semaines par exemple) seront donc les bienvenues pour rythmer la préparation tout en la « fractionnant ».

 

Par Olivier Dulaurent