Au-delà de trop nombreux crétins qui se sont réjouis sur les réseaux sociaux de l’événement alors que l’on peut imaginer la souffrance de l’homme qui a dû faire face à une fracture ouverte du fémur, les questions qui se posent à présent nous dirigent directement vers le Tour de France.

Selon Dave Brailsford son manager, Chris Froome était dans une forme étincelante. En lisant entre les lignes, il est possible d’imaginer que le britannique se trouvait dans les temps de passage (les watts ?) de ses 4 précédentes victoires. Qui aurait pu le battre cette année s’il s’était présenté avec le même niveau qu’en 2013, 2015, 2016 et 2017 ? Impossible à dire en l’absence de l’intéressé mais le coureur aurait probablement été désigné comme principal favori, lui qui avait fait oublier un début de saison en demi-teinte après quelques étapes sur le Dauphiné Libéré. La façon dont il était revenu sur Thibaut Pinot lors de la 3ème étape en disait déjà long sur ses ambitions et sa motivation.

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Quoiqu’il en soit, il faudra bien faire sans lui au mois de Juillet.

Sans Froome, le Tour 2019 sera-t-il différent ?

– Peut-être du côté de l’équipe Ineos qui devra se passer de l’un de ses 3 (!) leaders, aux côtés de Geraint Thomas et Egan Bernal. Pour autant, tant Thomas que Bernal ont déjà donné des garanties. Thomas évidemment sur le Tour 2018 et son Tour de Romandie cette année l’a rassuré quant à son niveau de forme. Egan Bernal, après son sacre sur Paris-Nice et son forfait au Giro annoncé début mai pour cause de fracture de la clavicule, aura peut-être été eu un mal pour un bien : cette pause forcée en pleine saison lui aura permis de recharger les batteries après un hiver forcément très studieux et donc épuisant.

Avec 2 leaders attendus à leur niveau habituel, il n’y a pas de raisons que la tactique des Ineos ne change. Ils devraient prendre la course à leur compte dès les 1ères étapes accidentées… comme ils en ont l’habitude. Donc Froome ou pas, nous retrouverons les Ineos à l’avant et les équipiers vont certainement abattre un travail important en tête du peloton. Si besoin était, la preuve est apportée sur la 6ème étape du Dauphiné Libéré ayant vu la victoire de Julian Alaphilippe : sans Froome, Thomas ni Bernal c’est bien Ineos qui a assuré le tempo lors du dernier col.

Quoi qu’il en soit, il est possible que sur la base de la dernière saison, son expérience et son niveau de forme supposé, Geraint Thomas à qui il reste le Tour de Suisse comme ultime course de préparation, soit désigné leader de l’équipe. Egan Bernal venant en 2ème leader, prêt à intervenir en cas de défaillance ou assurer un ultime relais en montagne, comme Richie Porte en son temps.

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– Peut-être aussi du côté des adversaires. Les Tom Dumoulin, Adam Yates, Thibaut Pinot ou Romain Bardet se focalisent-ils sur Froome ? C’est arrivé par le passé, comme à Peyragudes lors du Tour 2017 où Froome lui-même avait avoué qu’il était dans un jour sans. Mais ses adversaires ne s’en sont aperçus que lors du dernier kilomètre qui a mené Romain Bardet à la victoire. Le train de l’équipe aidant, personne n’avait osé attaquer ou même testé le leader qui aurait peut-être perdu bien plus que la poignée de secondes lâchée ce jour-là. On peut penser qu’un tel schéma aurait pu se reproduire cette année et que ni Thomas ni Bernal n’auraient profité d’une méforme ponctuelle de Froome. Si l’effectif sera différent en juillet, l’équipe Ineos dans son ensemble, devrait être tout aussi impressionnante. D’ailleurs, elle n’avait pas eu besoin de Froome pour empocher le Tour 2018. A ce sujet, le résultat final aurait été le même sans le Kenyan blanc.

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 Par Olivier Dulaurent