Dauphiné et Tour de Suisse ont livré leurs verdicts tandis que sont attendus les Champions Nationaux le weekend prochain. Un certain Rudy Barbier, membre de l’équipe Israël Cycling Academy pourrait bien revêtir le maillot tricolore sur un parcours qui lui convient et ce malgré l’absence d’équipiers. Et plus globalement l’équipe espère justement intégrer le World Tour et peut-être permettre à ses partenaires de figurer sur notre classement hebdomadaire.

Sur le dernier Giro, Vélo 101 avait pu rencontrer Andreas Beck-Watt, l’un des mécaniciens de l’équipe. Pour ce canadien anglophone mais aujourd’hui vivant en France, pas de passé de coureur sur route mais seulement en VTT. Son parcours en tant que mécano l’avait jusque là amené à s’occuper d’équipes féminines dont l’équipe de France.

 

Quel est le côté le plus passionnant de ce métier ?

– J’adore voyager, vivre de nouvelles expériences, travailler sur les vélos est une vraie passion. J’ai aussi envie de citer l’envie de rencontrer de nouveaux gens, de nouvelles cultures.

 

A l’inverse, quel est le côté le plus contraignant ?

– En premier, je dirais la fatigue des longs voyages en voiture mais surtout en camion. Mais pour voyager il faut aussi voyager en camion. Le froid aussi parfois quand il faut travailler dehors.

 

Est-ce que cela t’a fait une grosse différence avec la diminution du nombre de coureurs par course ?

– Oui c’est tout de même sensible car cela fait tout de suite 3-4 vélos de moins à gérer. On peut prendre plus de temps sur chaque vélo donc faire du meilleur travail.

 

Quelles fonctions précises avez-vous généralement sur une course ?

– Sur un Grand Tour, en général nous faisons une semaine dans la voiture 1, une semaine dans la voiture 2 et une semaine avec le transfert du camion. Il y aussi les mécaniciens qui sont à l’hôtel pour régler les vélos, laver les véhicules. Nous avons donc un système de roulement qui me convient bien.

 

Andreas Beck-Watt_02Andreas Beck-Watt | © Vélo 101

 

Quelle est pour vous la principale évolution que vous ayez connu entre l’augmentation du nombre de pignons, les disques, l’électronique ?

– A mon avis ce sont les freins à disques. Nous n’y sommes pas encore complètement et l’équipe roule encore en patins mais à coup sûr cela va changer notre métier avec le changement de roues, de vélos, changement des porte-vélos ainsi que les galeries.

Du mécanique à l’électronique cela fait une évolution mais elle n’est pas énorme. Idem pour la câblerie ça ne change pas grand-chose au bout du compte.

 

A propos des disques, voyez-vous tout le peloton pro passer aux disques ? Si oui, à quelle échéance ?

– Ca devrait être tout le monde ou personne, c’est mon avis. Mais tout le monde doit jouer le jeu : les constructeurs, les équipes et les coureurs. Il faut que cela devienne un standard universel et à cette condition là, ça sera envisageable.

 

Andreas Beck-Watt_01Andreas Beck-Watt | © Vélo 101

 

La vie d’une équipe, ce sont des changements de partenaires (roues, groupes, cadre). Vous le voyez comme une contrainte ou comme quelque chose qui vous passionne et qui va vers l’avant ?

– Je le vois comme quelque chose de positif. Nous sommes une structure qui cherche à progresser donc je le vois comme une opportunité. Pour une équipe comme la nôtre, ce genre de changement nous amène toujours du mieux.

 

Au niveau des innovations qui n’ont pas forcément marché (les tiges de selle intégrées, les freins sous les bases arrière), laquelle retenez-vous en particulier ?

– Nous avons la chance d’avoir les freins en haut sur les haubans avec nos De Rosa donc la question es réglée sur le sujet. Les tiges de selle intégrées c’était aussi une mauvaise idée mais je crois que le système a quasiment disparu ?

 

Les coureurs communiquent de plus en plus à l’aide des réseaux sociaux. Et ils utilisent aussi des moyens comme WhatsApp pour communiquer avec leurs mécanos alors qu’avant il existait un contact systématiquement direct, par la force des choses. Comment abordez-vous cela ?

– Je suis jeune mais j’ai quand même connu « l’ancienne formule » où tout le monde se parlait en direct. Aujourd’hui, ça fonctionne beaucoup avec WhatsApp c’est certain. Pour notre équipe, c’est 50% WhatsApp mais pour le reste j’aime bien parler en face à face car j’obtiens plus de détails de vive voix. Par exemple, sur WhatsApp un coureur peut me dire qu’il veut telle roue pour le lendemain mais quand je le croise le matin il me dit parfois que cette roue faisait légèrement du bruit. Donc il faut trouver une solution. Finalement je préfère discuter en face.

Parfois les infos passent par le Directeur Sportif, qui nous fait passer le message. Mais bien sûr c’est plus facile quand le coureur passe directement par nous. Et nous sommes sûrs que le message n’est pas déformé.

 

Avez-vous de gros moments de stress sur les Grands Tours ?

Je dirais que ce sont les moments à gérer avec les commissaires pour les chronos. C’est un moment qui n’est pas « amusant » car il faut souvent faire les choses à la dernière minute. Plus globalement, ce sont tous les moments où un souci arrive en course. Il nous faut intervenir le plus vite et le plus efficacement possible.

 

Comment voyez-vous votre métier et vous dans 10 ans ?

– J’avoue que je ne me suis pas projeté aussi loin. Je ne sais pas si je vais rester dans le cyclisme, j’ai peut-être d’autres projets mais pour le moment je me plais beaucoup dans ce milieu et dans cette équipe en particulier.

 

Pour revenir au classement World Tour Matériel 101, nous nous dirigeons vers un copier-coller chaque semaine avec les marques Specialized, Shimano et Roval en tête. Le Tour de France pourra éventuellement inverser la tendance mais les 3 marques citées tiennent bon !

 

nullLe podium World Tour Matériel 101 | © Vélo 101