De A comme Argentine ou Australie à Z comme Zolder, de la route au cyclo-cross en passant par le vélo féminin, la piste, le Vélo Tout Terrain, le cyclosport, les pros, les amateurs, les aînés, les plus jeunes, …l’année nouvelle s’annonce passionnante, belle et rythmée. Certes, il y aura en juillet, un centenaire à fêter, au fait un Français peut-il être en jaune à Paris, mais pas que…L’étape du Tour restera-t-elle ancrée dans les Alpes ? le poids de 6.8 kilos est-il immuable, qui va remplacer Sky? un Tour féminin à la Française, oui, sur combien de jours ? aura-t-on un vrai salon du cycle en France ? etc., etc…

Vélo 101 a souhaité lancer la saison sur le grand plateau et lancer le débat, les débats même, avec 12 thèmes que vous allez retrouver tous ces premiers jours de janvier. Ce sont nos points de vue, vous en aurez forcément d’autres, et d’autres sujets de débats, forcément, alors on y va :

Un Français peut-il être en jaune à Paris, le 28 juillet ?

La grande question qui va animer ces 7 prochains mois. 1983 pour le tennis et Yannick Noah, 1985 et Bernard Hinault pour nous, le bail a été trop souvent renouvelé. Si pour le tennis, les spécialistes nous assurent que le débat n’existe même pas : aucune chance, pour le vélo, 2 noms sont le plus souvent cités : Romain Bardet et Thibaut Pinot, 2 noms et une édition. Le tracé de l’édition 2019 du Tour s’annonce « pour les grimpeurs » : 30 cols et côtes, du jamais vu, des arrivées au sommet en nombre : 5, des arrivées au-delà de 2000 mètres comme jamais vu : 3, des contre-la-montre réduits à la portion congrue : 28 en équipe et 27 kilomètres en individuel à Pau, une semaine avant Paris ; l’avenue des Champs-Elysées est toute de jaune annoncée ici et là.

Et pourtant, soyons objectifs. D’un côté, Romain Bardet, sans doute un des tous meilleurs grimpeurs, certes, mais qui risque de laisser entre 2’30 » et 3′ sur les 2 petits clm, peut-il espérer reprendre ce temps sur les rouleurs-grimpeurs ? la réponse est non et l’époque est aux rouleurs qui grimpent bien, comme ça a toujours été le cas d’Anquetil à Froome en passant par Hinault ou Indurain. On espère et c’est notre voeux 2019 pour les Français que Romain Bardet abordera le 14 juillet et traversera son Cantal en jaune après l’étape de Saint-Etienne propice aux embuscades et attaques, mais de là à voir Paris en jaune, désolé mais audience ou pas, on n’y croit pas.

nullmaillot jaune | © le coq sportif

Autre atout majeur dans le jeu des équipes Françaises, Groupama-FDJ en l’occurrence, Thibaut Pinot qui fera son retour sur le Tour après un beau Tour d’Italie, malheureusement écorné, et une Vuelta réussie. Le Franc-Comtois coche la case contre-la-montre et même doublement puisque son équipe, avec le renfort de Stefan Kung entre autres, aura un rôle majeur sur le contre-la-montre par équipes. Au-delà ? La pression liée au Tour ? la nervosité permanente du peloton, la nécessité de frotter sans cesse pour être là où ça se passe c’est à dire devant, tout cela nous paraît un trop grand nombre de cartes maîtresses à rassembler pour faire de Thibaut Pinot un acteur majeur du jeu pour le maillot jaune sur les 3 semaines de juillet prochain. Un espoir pour ce talent pur qui n’est jamais aussi fort que sur les arrivées en petit comité (Insbruck, quel dommage !), alors « parions Sport » pour une victoire à domicile, sur l’étape du 11 juillet, celle qui relie Mulhouse à la Planche des belles filles, ça aurait sacrément de la gueule pour le vainqueur du Tour de Lombardie 2018 et maillot blanc du Tour 2014.

Aucune chance les Français ? Voyons le verre à moitié plein, un garçon nommé Latour, Pierre de son prénom a toutes les qualités pour rassembler toutes les pièces du puzzle jaune en 21 pièces, il grimpe bien, il roule fort, très fort. Un défaut ? il est encore trop fougueux, et doit composer une stratégie avec son leader, mais quelque chose nous dit que….

Les pros, la meilleure roue du cyclisme féminin ?

Depuis pas mal de temps déjà, vous aurez noté la présence d’une rubrique « féminines » sur Vélo 101, c’est qu’on y est sensible, qu’on y croit et que sincèrement on est persuadés qu’une partie de l’avenir du vélo passera par vous mesdames et demoiselles. Du cyclosport aux professionnelles, ça bouge, pas assez vite mais les choses évoluent. On part de loin malgré tout : les conditions salariales, et matérielles de la très grande majorité de celles qui composent le peloton pro sont indignes d’un métier aussi difficile, aussi astreignant que le cyclisme. En France, à part FDJ-Futuroscope, le néant ou presque, côté moyens, il n’est que de voir que les meilleures Françaises : Juliette Labous, Audrey Cordon-Ragot, Aude Biannic, …courent à l’étranger, c’est dire.

Conditions matérielles et financières à des années-lumière des hommes, donc autant ne pas imaginer un Tour de France sur 3 semaines, meilleur moyen de ridiculiser et donc décrédibiliser ce cyclisme qui ne demande qu’à grandir, à condition de respecter une progression régulière, même si, passionnés, on voudrait que ça brûle des étapes, mais justement d’abord les fondations, ensuite le spécifique, c’est comme à l’entraînement ! Dans ce sens deux options s’offrent au vélo féminin, développement autonome côté événements et/ou équipes ou, au contraire, grandir à l’ombre du cyclisme masculin ? Ombre portée, ombre envahissante, ombre protectrice ???

peloton femininpeloton feminin | © terrafemina

Côté événements, pas de comparaison possible. D’un côté on note la difficulté, les miracles que doivent accomplir les organisateurs de courses type route de France, Tour de l’Ardèche et autres pour faire exister et ensuite vivre leurs événements chaque année. De l’autre, on voit des Strade Bianche, des Flêche Wallone, des Paris-Roubaix bientôt, qui offrent la lumière des projecteurs à des féminines qui ne demandent que ça et assurent bien mieux qu’une première partie à ces événements majeurs du calendrier international. Certes la couverture média n’est pas la même que chez les hommes, mais ce qui est pris est pris et c’est bien mieux qu’une couverture ex-nihilo. On peut le souligner et encourager ASO à étendre un peu sa Course by Le Tour, sur 3 étapes par exemple, plutôt que militer vaille que vaille pour un Tour de 3 semaines, bien trop en avance sur le temps du vélo féminin.

Côté équipes, là-aussi 2 options faciles à éluder. D’un côté des équipes autonomes qu’on peut facilement imaginer dans des pays sans énorme tradition vélo, donc sans équipes World Tour, on pense au Canada, à Israël, …De l’autre et c’est la tendance lourde ces dernières années, des équipes féminines qui prennent la roue des équipes masculines, bravo au passage pour le sens de la communication des sponsors institutionnels et matériel « qui ont tout compris ». Petit à petit, tout le monde prend la roue : Sunweb, Lotto-Soudal, Fdj-Nouvelle Aquitaine, Trek-Segafredo, CCC en dernier lieu. Vivement que les équipes du Moyen Orient s’y mettent, ça serait un beau symbole tout comme AG2R la Mondiale qui doit bien avoir quelques produits et surtout beaucoup de clientes féminines !

On nous dira Boels-Dolmans ou l’équipe de Marianne Vos, certes mais la tendance est quand même de féminiser les équipes hommes et c’est un bienfait au cyclisme féminin. A tous niveaux et même au-delà, côté matériel, bien sûr. Les marques ont enfin cessé de prendre des modèles hommes et d’y mettre du pastel pour avoir des produits femmes ! il reste beaucoup à faire mais le marché est là, alors les fabricants vont s’y intéresser de mieux en mieux. On ajoutera sur ce registre, et c’est du vécu, que les retours produits assurés par les féminines sont bien meilleurs comparativement à ceux des hommes, pas inintéressant à noter quant au professionnalisme des unes et des autres et forcément et férocement un gage de progrès matériel chez les partenaires.

Combien de femmes commentaient le vélo au début des années 2010 ? Combien maintenant sont dans la roue de Marion Rousse et Claire Bricogne ? La place est à prendre et la voie toute tracée, vive le vélo au féminin.