Après une 1ère édition mitigée, côté participation, la 2ème édition de la Pantani à Valloire-Galibier a été une vraie belle réussite. Deux parcours étaient proposés: 75 kilomètres (2800 mètres) et 150 kilomètres (4500 mètres). Deux fois plus de participants se sont rendus sur le 75 avec 600 coureurs, et donc 900 au total des deux parcours. Peut-être faut-il y voir un effet Pantani. Le Pirate est mort il y a dix ans cette année et beaucoup d’Italiens n’ont pas hésité à traverser les Alpes pour se rendre sur « sa » cyclo, celle qui emprunte le Galibier où il a construit son succès sur le Tour 1998. On parlait d’ailleurs bien plus italien que français au départ ! « C’est une cyclo internationale organisée en France par un Italien, avait prévenu l’organisateur Sergio Piumetto. Ce sera une grande fête pour les supporters du Pirate. »

Sur les deux points, il ne s’est pas trompé. Les Italiens sont majoritaires et ont pu rendre hommage comme il se doit au Pirate. Nombreux sont d’ailleurs ceux à s’être arrêtés aux Granges sur les pentes du Galibier pour se prendre en photo devant la stèle à la gloire de Pantani. Et quoi de mieux qu’une grande fête du vélo pour rendre un vibrant hommage à celui qui a fait rêver des millions de personnes, et pas seulement des Italiens.

Les départs sont donnés au centre de Valloire à 8h30 pour le grand parcours et 9 heures pour le 75 kilomètres. Ils ont pour particularité de se terminer à 2645 mètres, au sommet du Galibier, tout juste ouvert. Les murs de neige vont d’ailleurs accompagner les courageux jusqu’au bout de leur effort pendant les quatre derniers kilomètres. Aussitôt partis, les participants se dirigent vers la montée du Télégraphe pendant 4 kilomètres en direction de Saint-Michel-de-Maurienne pour s’échauffer. Tout le monde s’est bien habillé pour affronter les 11 kilomètres de descente et repérer (si besoin) les épingles que les coureurs vont retrouver quelques heures plus tard. D’autres sont en revanche déjà décidés à faire la course et entament la plongée tête baissée. Ce qui vaudra de mauvais tours à certains comme Alessandro Donati qui se retrouvera dans un talus. Des risques inutiles et on aurait compris que cette descente soit neutralisée.

Sur le grand parcours, au vu des difficultés (enchaînement Télégraphe, Glandon, Croix de Fer, Mollard avant la remontée du Galibier par le Télégraphe), ça reste groupé jusqu’aux premières rampes du Glandon, abordé par Saint-Collomband-les Villards. C’est dans la partie la plus dure que la course se décante et où sept hommes vont s’isoler sous l’impulsion de Clément Chevrier (dont vous pouvez retrouver l’interview en deux volets ici). Le jeune Français est revenu des États-Unis pour parfaire son coup de pédale de grimpeur avant le Tour des Pays de Savoie pour lequel il est sélectionné en équipe de France. Il démontre qu’il n’a rien perdu de ses qualités qui lui ont permis de faire partie des piliers du Chambéry Cyclisme Formation l’an dernier. Mis à part Loïc Ruffaut du team Scott-Vélo 101-Risoul, malchanceux la veille au Ventoux où il a percé et bouclé seulement 102 kilomètres, les Italiens sont en masse. Cinq d’entre eux sont à l’avant et il y a du gros niveau : Enrico Zen, professionnel pendant deux ans chez CSF et Alessandro Donati qui compte huit années chez les pros au sein de la formation Acqua & Sapone.

Ces sept mercenaires sont partis pour un film à suspense, mais surtout pour un long périple. Dans des décors de rêve avec une météo fabuleuse sur ces massifs imprenables d’une beauté majuscule, les sept hommes vont creuser l’écart avec le reste de la poursuite dans la montée de la Croix de Fer. La descente sera cependant rendue périlleuse par une route en très mauvais état où les trous dans la chaussée côtoient de grosses pierres. La montée du Mollard ne change pas la donne, pas plus que la descente très technique où les épingles se succèdent. La traversée par les routes buissonnières de la Maurienne mène à Saint-Michel où le Télégraphe se dresse devant eux.

Presque comme à l’entraînement, Clément Chevrier va mener seul dans le Télégraphe de bout en bout. Seul, Alessandro Donati, le vainqueur de la Bourguignonne, couine un peu vers le haut, mais il va recoller. À Valloire, ils sont toujours sept pour affronter les 22 kilomètres jusqu’au sommet, le vrai, car le tunnel est toujours fermé.

Là, c’est Loïc Ruffaut qui prend le relais jusqu’à Plan Lachat. La course se décante alors par l’attaque sèche de l’Italien Enrico Zen. L’ancien professionnel a pu économiser quelques cartouches grâce à la présence de son coéquipier Alessandro Bertuola. À sa manière, l’ancien coureur qui a fait pendant deux ans partie d’une équipe auteur de trois succès sur le Giro, et qui a été le coéquipier de Domenico Pozzovivo, prouve qu’il n’a rien perdu de ses qualités. Il s’en va chercher la victoire en 5h25’11 » et n’oublie pas de franchir la ligne avec un hommage à Marco Pantani, préparé en amont et sorti à bon escient pour magnifier le mythe toujours aussi fort, 10 ans après.

Pour une deuxième édition, l’organisation semble déjà parfaitement rodée ! L’équipe a fait un énorme travail pour que tout se passe dans les meilleures conditions. Les participants sont parfaitement encadrés par des motos. Des voitures Shimano peuvent également porter secours aux cyclos victimes d’ennuis mécaniques ou de crevaisons. Même lors des ravito complets, ceux qui n’ont pas le temps de s’arrêter pour faire la course se font tendre des verres d’eau pour se ravitailler. Dernier point qui achèvera peut-être de vous convaincre si vous n’y étiez pas cette année, la puce s’installe sur le système de serra rapide de la roue avant. Ce n’est certes pas une nouveauté, mais c’est assez rare et c’est surtout plus facile ! L’incursion italienne en France fort réussie se termine comme il se doit : par une pasta party. Plateau de charcuterie en entrée, pâtes bolognaises en plat consistant et tartelettes en dessert.

On regrettera néanmoins que la remise des récompenses se déroule si tard puisqu’il fallait attendre le dernier de chaque parcours pour entamer la cérémonie. On se satisfera des (beaux) cadeaux déjà offerts : un bidon, un t-shirt, des lunettes, des bonbons et un poster. La cyclo espère dépasser le cap des 1000 participants l’an prochain. Nul doute que cette épreuve va gagner en notoriété auprès des Français.

Classement 150 km :

1. Enrico Zen (ITA, Team Beraldo Greenpaper Europa) en 5h25’11 »
2. Dimitry Nikandrov (ITA, ASD Team Kyklos Abruzzo) en 5h28’17 »
3. Andrea Gallo (ITA, ASD Pedala Sport Canale) en 5h28’44 »
4. Loïc Ruffaut (Team Scott-Vélo 101-Risoul) en 5h29’27 »
5. Alessandro Bertuola (Team Beraldo Greenpaper Europa) en 5h30’33 »
6. David Polveroni (VC Pontoise) en 5h39’16 »
7. Patxi Plazaola (EC Saint Etienne) en 5h40’08 »
8. Wladimir Cuaz (ITA, Cicli Lucchini.com) en 5h41’00 »
9. Alessandro Donati (ITA, ASD Team Kyklos Abruzzo) en 5h44’45 »
10. Enrico Dogliotti (Team Edilcase 05) en 5h47’01 »

83 et 1ère féminine. Sabrina De Marchi (Team Cinelli Santini) en 6h52’16 »

Classement 75 km :

1. Jacopo Padoan (ITA, ASD 71 Sport Team) en 2h54’16 »
2. Dario Giovine (ITA, ASD Atelier della Bici) en 2h56’41 »
3. Cédric Paluello (Team La Toussuire-Les Sybelles) en 2h56’57 »
4. Alain Seletto (ITA, ASD Velo Valesia) en 2h57’09 »
5. Romolo Gentile (ITA, ASD CC Piemonte) en 2h57’13 »

67 et 1ère féminine. Erica Magnaldi (ITA, ASD Atelier della Bici) en 3h21’15 »