Jean-Hugues Sicard et Jean-Jacques Desvignes, vous pilotez l’organisation de la Corima Drôme Provençale, qu’est ce qui explique son succès continu depuis le début ?

Avec beaucoup d’humilité, on peut dire que nous avons fait les bons choix et mis les bons ingrédients dès le début en 2010. Notre cyclo était sur le papier lorsque nous l’avons imaginée et préparée en 2009 comme elle est aujourd’hui à peu de choses près. Lieu, date, circuits, village expo, prestations, partenaires, relation avec les bénévoles. La date, par exemple, n’était pas évidente mais s’est finalement avérée judicieuse malgré quelques surprises météorologiques pas toujours agréables. L’entreprise Corima a ensuite posé immédiatement un surcroît de notoriété bienvenu. Elle s’est superbement occupée de ce que nous savions le moins faire : la communication. Nous sommes fiers d’avoir convaincu un tel partenaire qui est beaucoup plus que ça aujourd’hui à nos yeux. Mais il y a surtout la Drôme Provençale avec les premiers contreforts des Préalpes du Sud dès qu’on sort de Montélimar, ou presque. En mars, on y part sans appréhension pour ses premiers dénivelés. Enfin, notre équipe d’organisation a toujours gardé le même objectif de qualité. La Corima DP est reconnue pour son accueil et sa qualité globale. 2000 dossards maximum afin de ne pas dériver alors que le potentiel est largement supérieur, ça restera comme ça tant que nous serons là ! Les cyclos savent que nous sommes une association et que nous ne sommes pas dans une course aux records et aux profits. D’où leur fidélité.

Quelles réflexions de coureurs, de bénévoles, de prestataires, etc…, avez-vous pris en compte pour cette édition 2018 ?

Il y a quelques éditions, une étude d’impact économique nous avait appris que 97 % des participants étaient satisfaits ou très satisfaits et prêts à revenir ! C’est parce qu’on reste humbles et qu’on écoute les critiques qu’on peut maintenir un tel niveau de satisfaction. Par exemple, des petits soucis de chronométrage qui avaient engendré quelques grincements chez les cyclos il y a deux ans nous ont poussés à changer de prestataire. Ce fut humainement un crève-cœur mais on l’a fait car il s’agissait encore là de qualité en jeu. Aujourd’hui, on sait qu’on est défaillants sur la remise des prix. Cela parait anecdotique mais ça nous contrarie de voir des gens attendre trop longtemps pour avoir leur prix ou pis, partir sans. On va s’améliorer même s’il n’y a pas de formule miracle. Vélo 101 nous avait glissé une idée qu’on va sans doute explorer…         

Côté circuits, où en serez-vous dans la boucle des 3 années ? Changement de parcours ou continuation de 2017 ? Pour les contre-la-montres et pour la cyclo ?

Nous fonctionnons depuis le début sur des cycles de 3 ans. Changer de parcours est un investissement lourd en termes de travail et il est important que nous puissions capitaliser un peu. Les cyclos aiment également se jauger d’une année à l’autre mais il ne faut pas non plus qu’ils se lassent…  2017 qui sera la 9ème édition sera donc la 3ème  avec des parcours globalement identiques. Globalement car nous revenons place de Provence, lieu historique de l’événement, ce qui va induire de menus changements dans les premiers et derniers kilomètres. Pour le CLM, on passe de 10 à 8.6km pour des raisons de sécurité et pour faire un « tourne à droite » plutôt qu’un « tourne à gauche » moins sûr. Mais sa philosophie ne change pas : ça doit aller très vite !

Quelles sont les évolutions dans le programme des animations durant ce week-end du 17/18 mars ?

On avait innové l’an dernier avec deux écrans géants sur la ligne d’arrivée et au village. C’est bien et ça mérite d’être amélioré, on va essayer de faire du « quasi live » sur l’évolution de la course. On ne néglige pas l’animation mais on a appris que ce n’était pas essentiel dans l’esprit des cyclosportifs. Nous ne sommes pas l’Ardéchoise, nous n’avons pas un public de cyclotouristes mais de cyclosportifs. Ils ont roulé tout l’hiver, le 18 mars, ils viennent faire la course pas une promenade. C’est comme ça. Mais on porte toujours autant d’attention à notre village expo. Il a du succès, autant chez les cyclistes que chez les exposants. C’est lui le cœur de notre animation.      

Look a repris Corima, côté business, est-ce qu’il y aura plus de synergie entre les marques côté cyclo sportive ? oui, non, pourquoi ?

C’est transparent pour nous. Nous avons tissé des liens très forts et même amicaux avec les dirigeants de cette société qui est notre voisine et qui reste familiale. On sait qu’ils tiennent beaucoup à la cyclo, qu’ils apprécient de communiquer par son intermédiaire avec un contact direct avec leur public et leurs clients. De là à imaginer qu’ils parlent de la Corima Drôme Provençale avec l’actionnaire en conseil d’administration, nous n’irons pas jusque-là !    

Allez-vous de nouveau faire un tarif spécial femmes et voyez-vous une évolution quant au taux de participation chez les féminines ? oui, non, pourquoi à chaque fois ?

Ah ! On a effectivement un budget « promo » mais on n’aime pas trop être attendus sur ce registre. Alors on essaie d’innover et de surprendre pour éviter les habitudes. Nous avons fait progresser la participation féminine jusqu’à plus de 10% du peloton. C’est plutôt bien au mois de mars. Depuis deux ans, on semble avoir touché un plafond et quelques euros de plus ou de moins n’y changeront pas grand-chose. Par contre, on réfléchit à récompenser, pourquoi pas, les couples…On a encore quelques jours pour trouver la bonne formule. Mais oui, il y aura un geste.    

Ne pensez-vous pas qu’il y aurait, compte-tenu du public des participants, à organiser une course, des courses d’ouverture pour leurs enfants ?

La vraie innovation serait de le faire avec les écoles de l’Agglo, de créer un challenge, d’impliquer les enseignants, les parents. Ça nous a traversé l’esprit. Nous sommes un club, on sait le bénéfice qu’on pourrait sportivement en tirer dans la région. Mais c’est une charge de travail supplémentaire que nous ne nous sentons pas capables d’assumer à ce jour. Nous le rappelons, la Corima DP, c’est 0 personne rémunérée depuis 10 ans bientôt. On va dire même dire mieux, c’est 0 défraiement pour ses organisateurs ! Dans ce modèle de bénévolat qui nous est cher, nous sommes à bloc.    

Concernant le cadeau coureur, généralement un maillot, pensez-vous que les organisateurs devraient envisager autre chose, dans un esprit plus circuit court, type produits locaux ?

Non ! On joue le jeu sur plein de choses mais on n’a pas la prétention de les pousser à l’extrême et de verser dans les clichés. Notre maillot, il n’est pas fabriqué en Chine et on y tient ! Et nos partenaires aussi. Si la CDP est d’un excellent rapport qualité prix, c’est que nous avons des partenaires forts. Et le maillot est le meilleur support que l’on a trouvé pour eux. Il est aussi un magnifique traceur de l’histoire de la cyclo. On en a mis plus de 15000 en circulation… Il est très porté et c’est un bonheur de le croiser dans un col des Pyrénées ou en Bretagne ! C’est l’occasion de rappeler qu’il n’y a pas que le maillot. Les 2300 repas sont préparés par un traiteur Montilien, un de nos principaux partenaires est le Palais du Bonbon et du Nougat qui fabrique du nougat surplace dans notre village expo. Quoi de mieux qu’un bon paquet de Nougat à ramener de Montélimar ?           

La Corima est née en 2010, avez-vous déjà en tête la 10ème édition ? Le 10ème anniversaire ?

Non, pas du tout. Si elle a lieu, ce sera déjà pas mal !