Le dernier week-end que nous avons vécu était plus que jamais celui de l’Ascension pour les 700 vététistes à avoir participé au Raid VTT Chemins du Soleil avec 250 kilomètres et 9000 mètres de dénivelé au compteur en quatre jours ! Ce raid qualifié d’extrême a suffisamment fait ses preuves depuis quelques années pour attirer un large public de pilotes avertis. Au bout de deux jours, huit mois avant l’épreuve, l’organisation affichait déjà complet. C’est dire la réputation de l’événement qui se construit sur un programme hors du commun sur quatre jours. La boucle de 27 kilomètres et 1000 mètres de dénivelé sur les hauteurs de Saillans en ouverture et en nocturne n’était ouverte qu’aux 120 équipages du Raid Elites. Les trois autres étapes reliant Saillans à Luc-en-Diois (80 km, 2700 m), Luc-en-Diois à Veynes (62km 2500m) et Veynes à Gap (74km 2800m) l’étaient également aux 460 randonneurs.

Mais le Raid VTT est avant tout une épreuve sportive exigeante. Le CV de quelques équipes au départ de Saillans en disait long sur un niveau qui ne cesse de monter. À commencer dans la catégorie mixte. Sylvain Montagny, plusieurs fois vainqueur de l’épreuve, et Laetitia Roux, multiple championne du monde de ski alpinisme, étaient opposés au couple Benoit Peyvel et Fanny Frechinet, vainqueurs en mixte l’an passé ou encore à Sophie Giovane et Frédéric Gombert, spécialistes des longues distances. Chez les hommes on pouvait citer à quelques minutes du départ les noms de Mathéo Jacquemoud et Adrien Perret ou de Yannick Aboulikam et Vivien Barthélémy. Sans oublier les Catalans Pau Zamora et Joan Llorella, le duo composé de Yoann Sert (vainqueur de la Transmaurienne et de l’Ultra Raid de la Meije) et d’Emeric Turcat (30ème au championnat d’Europe Marathon 2015) et Vincent Arnaud et Nicolas Cambus.

Tous ceux-là s’attendaient à débuter sous la pluie puisque des averses étaient prévues pour l’étape nocturne. Le sourire des organisateurs au camping de Saillans a rapidement fait oublier le ciel légèrement voilé. Une fois les dossards récupérés, les tentes installées et le briefing passé, il est temps de déguster un bon repas préparé sur place avant que les Elites se dirigent vers le départ du prologue. Il s’est avéré plus sélectif que l’an dernier car, comme prévu, la pluie s’en est mêlée à quelques minutes du départ, rendant les sentiers glissants. La première paire à franchir la ligne, Sert-Tucart, relègue ses poursuivants à 10 minutes ! Une fois arrivés, les participants ne prennent pas la peine de discuter du parcours et filent vers leur tente. Et pour cause, le réveil est prévu pour 6h le lendemain !

Après une nuit courte et humide, il ne faut pas traîner ! Les participants ne disposent que de deux heures pour prendre le petit-déjeuner, se mettre en tenue de combat et démonter le campement pour que les affaires de chacun soient acheminées par l’organisation sur le camping pour la nuit suivante. Le départ de 8h pour les Elites, comme celui de 8h15 pour les randonneurs, se fait une fois de plus sous une pluie fine, qui les accompagne jusque sur la ligne d’arrivée. Des flancs sud du massif du Vercors, aux flancs ouest du Val de Drôme c’est une succession de cols (Gerbe, Fontbeuse, Taillefer, Cheylard, Agnés, Marignac, Borne, La Tour) qui est au programme.

A peine le départ donné, les leaders ne veulent rien laisser au hasard et prennent les choses en main. Ils se détachent dès la première bosse et prennent quelques secondes d’avance. Mais une chute de Yoann Sert va quelque peu freiner leur progression. La douleur au biceps dont il est victime les ralentit et les empêche de tenir le rythme imposé par l’équipe Cambus-Vincent. À l’arrivée, elle compte plus de 15 minutes d’avance et elle prend la tête du général.

Que l’on ne s’y trompe pas, la 3ème étape entre Luc-en-Diois (Drôme) et Veynes (Hautes-Alpes) avec ses 62 kilomètres, n’était pas à proprement parler une étape de transition. Transition entre la Drôme et les Hautes-Alpes certes, mais pas transition physique. Car si elle affichait 20 bornes de moins que la veille, elle proposait seulement 200 mètres de moins en dénivelé et surtout quelques passages entre 1000 et 1400 mètres, comme les cols de Valdrôme, de Banillon, de la Haute Baume ou de la Montagne d’Aureille. Le tout est concentré entre le cinquième et le cinquantième kilomètre.

À noter que la longue descente en direction d’Aspres-sur-Buech a ravi bon nombre de participants de par sa diversité de terrain (rocailleux sur le haut, sous-bois et aiguilles de pin au sol, pour finir par les marnes anthracites) et par la vue plongeante sur la vallée du Buech. Responsables de bon nombre d’abandons tant chez les élites, qu’au cœur du peloton des randonneurs (terme trompeur quand on sait que le parcours est le même), la pluie et le vent glaçant de la veille avaient heureusement cessé dans la soirée. Et si le matin, des nuages bas traînaient encore dans le ciel de Luc-en-Diois, la promesse d’un soleil revenu pouvait être prise à la lettre. Victime d’une chute et d’une crevaison la veille, Yoann Sert a su rectifier le tir en vissant dès le départ avec son coéquipier sur un vrai parcours montagneux pour finalement s’imposer. Ils prenaient les commandes pour 39 petites secondes avant une dernière étape explosive.

L’étape la plus difficile de ce raid allait donc être le juge de paix pour départager les trois équipes de tête. Sur chaque étape, personne n’est à l’abri d’une défaillance physique ou d’un souci mécanique. L’ambiance est tendue au départ, la nuit a été agitée pour les leaders. Dès les premières pentes, les trois équipes se détachent, et personne ne les rêvera. Au passage du premier ravito, les leaders comptent 7 minutes d’avance sur les Espagnols. L’équipe Cycletyres-Addictiv ACE arrive légèrement derrière avec un souci de frein avant. Par chance les mécaniciens Scott présents tout au long du séjour ont réalisé une purge chrono en moins de 5 minutes leur permettant de repartir avec un frein comme neuf. La course n’est pas jouée tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie. Arnaud Vincent le sait. Alors sans réfléchir à la gestion de son effort, il met un grand coup de gaz pour remonter au plus vite.

Le duo fait son retard sur la paire espagnole et se retrouve en tête ! Une crevaison puis une erreur dans la lecture du GPS, et la paire du Team Raid Vauban se retrouve 3 minutes derrière la tête de course. Elle aussi donnent tout ! Après plusieurs montées et descentes faites à tombeau ouvert, les Espagnols voient passer le duo sans pouvoir s’y accrocher. Au pied de la dernière bosse, Tucart et Sert effectuent la jonction avec Cambus et Vincent ! Sans hésiter, le duo du Team Raid Vauban imprime un rythme soutenu que la paire adverse ne parvient pas à tenir. À dix kilomètres de l’arrivée, Arnaud Vincent et Nicolas Cambus voient s’éloigner la victoire qui revient donc à Yoann Sert et Emeric Turcat. Pour ce qui est de la catégorie mixte, le tandem Roux-Montagny n’a pas fait dans le détail en remportant chaque étape, et s’offre même le luxe de se classer 10ème au scratch !

En mode compétition ou en mode randonnée, ce Raid VTT Chemins du Soleil mérite bien son statut d’extrême. Ses parcours difficiles et diversifiés offrent l’accès à des paysages somptueux. Le tout dans une ambiance agréable et conviviale tout au long du week-end grâce à la bonne humeur et au travail abattu par toute l’équipe de bénévoles. – avec Gwenael Morra.

Classement général final :

1. Team Raid Vauban (Turcat-Sert) en 14h39’57 »
2. Cycletyres-Addictiv ACE (Cambus-Vincent) en 14h41’56 »
3. Buff Pro Team (Zamora-Llordela) en 14h57’53 »
4. Aquitaine Safety (Dumont-Liberge) en 15h48’15 »
5. Vojo Mag (Delaet-Bossler) en 15h49’31 »
6. VO (Payot-Vuille) en 15h49’41 »
7. Team Pro Fermetures Willier (Souvray-Pele) en 16h19’33 »
8. Vélo 101 (Morra-Bessière) en 16h45’49 »
9. Dupuis’s Bro (Dupuis-Dupuis) en 16h48’02 »
10. CC Liffre (Ischard-Eon) en 16h58’31 »