Le Picard Jimmy Casper (Besson Chaussures-Sojasun) est venu gentiment participer à la présentation de la nouvelle pédale Time I Clic, pédale à flexion carbone qui remplace le ressort métallique, ce qui rend chaussage et déchaussage incomparablement plus simples. La preuve ? Kenny, le fiston de 8 ans, s’y emploie avec son père. Tel père, tel fils ! I Clic, c’est parti pour une interview. Pendant ce temps-là, Kenny triture les oreilles de papa…

Jimmy, dans quel état de forme vous trouvez-vous à l’approche de l’année 2010 ?
L’état de forme est correct. J’attends encore une dizaine de jours de travail pour voir où je me situe vraiment. On revient d’un stage à la montagne, sans vélo bien entendu ! Nous y avons fait du ski. Les sensations sont aussi différentes de celles de l’année dernière, où je n’avais quasiment pas coupé de l’hiver. Je pense ne pas être en retard, être dans le rythme. Il faut juste retrouver un petit peu de sensations. Comme je travaille différemment cet hiver, il est logique qu’elles soient différentes des autres années.

En quoi consiste votre entraînement par ces basses températures ?
Pour l’instant, je suis encore en foncier. Je n’ai pas encore dépassé trois heures et demie de vélo. C’est vraiment histoire de me remettre en jambes. Tout doucement, d’ici la fin décembre, j’espère pouvoir faire une sortie de cinq heures, entre Noël et le Jour de l’An.

Comment se sont passés les deux premiers stages de l’équipe Saur-Sojasun à Quiberon puis aux Saisies ?
Il est important de préciser que nous avons fait deux stages, mais que nous n’avons pas touché au vélo durant ces deux rassemblements ! C’est assez atypique de partir en stage sans vélo. Ces stages étaient avant tout basés sur la cohésion, sur l’ambiance du groupe. A Quiberon, on nous a expliqué comment travailler musculairement, toute la préparation physique générale. Aux Saisies, nous avons fait du ski de fond, de la marche en raquettes. C’est particulier de ne pas prendre de vélo en stage avec les collègues. On avait l’impression d’être en vacances en sports d’hiver.

C’est une préparation particulière en effet, qui l’a décidé ?
Stéphane Heulot nous en a parlé et nous étions tous partants car nous ne connaissions pas cela. Nous voulions changer les habitudes. Les fondamentaux du vélo, c’est le ski de fond pour préparer le début de saison. Il fallait y revenir et je ne pense pas que ce soit dramatique, début décembre, de faire une semaine sans vélo. Je commencerai au Tour du Qatar, il me reste deux mois pour me préparer. Je suis revenu du ski de fond mieux physiquement. Ca m’a donné un peu de caisse, ce n’est pas plus mal.

Voilà un exercice qui a dû plaire à Jérôme Coppel, ancien fondeur ?
C’est sûr que physiquement, il a moins travaillé que nous ! C’est la première fois que je faisais du ski de fond en skating, j’ai dû bourriner pour avancer, lui avait toute la technique et il passait beaucoup plus vite que nous. A côté, c’était plus folklorique de voir Rony Martias sur des skis. Il avait déjà vu un peu de neige mais n’avait jamais glissé dessus ! On a essayé de faire un bonhomme de neige avec lui un soir… Mais sur les skis il n’était pas du tout à la traîne car il a pas mal couru en Guadeloupe. J’étais même souvent derrière lui.

Vous avez un rôle de capitaine de route, comment sentez-vous le groupe pour 2010 ?
J’ai l’impression que ça fait déjà cinq ans qu’on roule ensemble ! Les nouveaux se sont tout de suite intégrés, j’ai l’impression de les connaître depuis longtemps, même si je n’ai encore jamais couru avec certains. Le groupe est déjà bien fait. On retrouve les sensations qu’on peut avoir quand on est gamin dans un club avec ses copains, et non avec des collègues de boulot. Mes meilleurs souvenirs restent ceux passés à l’Avenir Cycliste de Montdidier. On essayait de se faire gagner les uns les autres. Et je retrouve ces sensations : une bande de potes. C’est plus facile d’aller au front entre copains qu’entre collègues.

Avez-vous déjà fait connaissance avec le matériel 2010 ?
Oui, j’ai reçu mon vélo il y a deux jours, le Definitive Gitane. Esthétiquement, il est magnifique, noir et or. Je vais faire ma troisième sortie avec, mais il m’a déjà impressionné et m’a l’air extrêmement rigide. Pour l’instant, je suis au plus bas de ma forme mais les premiers ressentis sont vraiment très bons.

L’an prochain, vous allez faire vos débuts au Tour du Qatar, une entrée en matière nouvelle pour vous ?
On avait réfléchi avec Stéphane Heulot. Ou bien je repassais par l’Etoile de Bessèges et le Tour Méditerranéen, selon un schéma classique, ou alors je faisais le Tour du Qatar et le Tour d’Oman. Je l’ai laissé libre du choix. Je n’avais pas un bon souvenir de ma première participation au Tour du Qatar. J’y étais allé en méforme. Là, je pense que ça vaut le coup d’y aller. Je serai en condition, tout le train va être mis en place là-bas. Ce sera un premier test. Et si nous gagnons, la répercussion de la victoire sera beaucoup plus forte devant des Cavendish et Boonen.

Il s’agira en plus d’un beau clin d’œil à ASO dans la perspective d’une participation au Tour de France ?
Je crois qu’il est intéressant d’aller là-bas pour leur montrer de quoi nous sommes capables. Après, c’est le début de saison. Des coureurs ont besoin de courses pour trouver la condition. Si on a des résultats, ce sera du bonus. Sinon, on sera là pour travailler.

La participation au Tour de France fait-elle d’ores et déjà partie des objectifs prioritaires pour 2010 ?
Ce n’est pas une obligation, c’est un objectif que nous nous sommes fixés mais ce n’est pas une fin en soi. Nous n’avons pas de pression particulière. Si nous ne sommes pas au Tour de France l’année prochaine, l’équipe existera encore l’année suivante. La seule pression que nous avons, c’est l’envie de bien faire ensemble. Nous allons tout faire pour être sur le Tour, et si nous y sommes, nous gagnerons notre sélection à la pédale.

La Coupe de France sera-t-elle un objectif plus secondaire pour l’équipe l’année prochaine ?
Pour moi, oui, probablement. Pas pour l’équipe. D’autres coureurs vont pouvoir la viser, un gars comme Jérémie Galland. Il faut peut-être mettre cet objectif dans la tête d’un ou deux autres coureurs pour qu’il le cible vraiment.

Vous allez disposer de bons avions de chasse à vos côtés pour vous lancer les sprints, le recrutement semble avoir été fait sur mesure…
Stéphane Heulot s’est chargé du recrutement mais il a confiance en moi et pense que j’ai encore de belles années, qu’il y a de belles choses à faire ensemble. Il sait très bien que je ne suis pas usé physiquement ni mentalement. C’est pourquoi il essaie de mettre en place un train. Stéphane a beaucoup parlé avec nous, avec Jimmy Engoulvent notamment, sur les coureurs qu’il recrutait. Tous ont les qualités humaines en adéquation avec notre groupe.

Quel serait votre podium des trois meilleurs sprinteurs internationaux ?
Je dirais Mark Cavendish premier, Alessandro Petacchi deuxième et Tyler Farrar troisième. Sur le plan national, je me mettrais numéro un devant Sébastien Chavanel. Le troisième, je ne l’ai pas, il faut chercher un peu plus loin. Malheureusement, en France, nous ne sommes pas très bien lotis en sprinteurs. On manque un peu de concurrence.

Propos recueillis au Coudray-Montceaux le 15 décembre 2009.