Des flocons d’avoine dans un bol, quelques fruits, un bon plat de pâtes et quelques gâteaux sports, bienvenue à la table de Maxime Bouet. Dans trois heures, le jeune homme enfourchera son vélo pour une promenade de trois semaines sur quelques 3430,5 kilomètres. Une promenade, c’est un bien faible mot, il s’agit plutôt de la plus grande course cycliste au monde. Sans l’ombre d’une peur, Maxime Bouet s’est élancé, samedi 2 juillet entre terre et mer depuis le Passage du Gois. Lui et ses 197 compères, tous forçats de la route s’en sont allés par-delà de longues et planes lignes droites vendéennes. Maxime Bouet, c’est ce genre de garçon qui n’a pas froid aux yeux. Il semble vivre son Tour de France comme un enfant qui découvre son nouveau jouet. Ecrire le journal de bord sur le Tour d’un garçon comme celui-là, c’est comme narrer la madeleine de Proust d’un jeune homme attachant. Alors, quand il raconte plein d’enthousiasme que c’est un immense bonheur que d’être au départ de son troisième Tour de France, on ne peut que le croire.

A maintenant 24 ans, le garçon avait découvert les routes du Tour en 2009 avec une 70ème place finale à Paris. Mais ce n’est pas vraiment cela qu’il faut retenir de ce garçon là. Et c’est aussi pour cela que le journal de bord que vous allez pouvoir suivre une fois tous les deux jours pendant les trois semaines de la Grande Boucle est le sien et non celui d’un autre. C’est qu’avec Maxime Bouet, on ne s’ennuie jamais. Evidemment, son point de vue sur la présentation des équipes de jeudi dernier ne laisse pas insensible, lui qui parle de son propre aveu de « la plus belle présentation » qu’il n’ait jamais vécu.

Il faut dire que la région vendéenne n’y était pas allé par quatre chemins, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils y avaient mis les grands moyens. Si le show a plu à Maxime Bouet, il était, lui comme les autres, impatient de s’élancer pour la course dont tous rêvent. Une course qu’il va vivre avec un peu moins de stress cette année. Il faut dire que trois Tours, cela forge un homme. Et s’il est le plus jeune de son équipe, il n’en a que faire, il est déjà bien expérimenté. Cette expérience, elle n’est pas inutile, loin de là, et qui plus est dans les premières étapes comme celle « extrêmement nerveuse » de samedi. Samedi, l’essentiel était de protéger son Leader, Nicolas Roche. Mission accomplie, Bouet pense déjà au contre-la-montre par équipes du lendemain. Un exercice qui ne lui déplait pas et pour lequel il se sent « plutôt à l’aise ».

8h30, lundi matin, bienvenue dans la chambre de Maxime Bouet. Encore un temps soit peu endormi, il s’étire, dans 4 heures, il sera au départ de la troisième étape du Tour de France. Après son petit déjeuner classique, il rejoint le bus où l’attendent ses coéquipiers. Là, à 1h30 du départ de l’étape, Vincent Lavenu effectue le briefing. Les consignes ? Aujourd’hui, personne n’attaque, il faut rester bien au chaud avant les étapes pièges qui attendent les coureurs. Pourtant, quelques minutes plus tard, Maxime Bouet se retrouve en première ligne. Son tempérament le rattrape et le voilà parti pour une longue échappée. A vrai dire, il n’est pas bien gêné de s’être laissé prendre au jeu. Il donnerait même envie le Maxime lorsqu’il narre avec nostalgie sa journée, son nom scandé sur plus de 180 kilomètres jusqu’aux abords de la ligne d’arrivée.

A la fin de l’étape, il promet que l’on ne l’y reprendra plus. Entendez par là qu’il n’attaquera plus pendant deux ou trois jours mais ne vous attendez pas à plus de jours de récupération au coeur du peloton pour le garçon. Car après une bonne douche, une collation telle que de la purée, après avoir avalé quelques bonnes boissons, après avoir téléphoné à ses proches avant une séance de cryothérapie, des massages et parfois un passage entre les mains de l’ostéopathe, il se sent déjà prêt à réattaquer. Ce sera sûrement dans le Massif Central. Sachez le, cet homme là n’a pas peur et la 4ème place de son compagnon de chambrée, lundi, Sébastien Hinault, ne peut que le motiver, lui aussi, à tenter de nouveau un coup. En lisant ce journal de bord tout au long de la Grande Boucle, n’osez jamais imaginer de paisibles récits d’un homme resté sagement dans les roues, ce n’est vraiment pas le genre de la maison. En quelques lignes, osons imaginer sans le moindre doute que vous l’avez déjà bien compris.