Il se murmurait que l’étape du jour pouvait offrir un spectacle capable de bouleverser le classement général. Comprenez par là que le tracé dessiné se retrouvait truffé de pièges, aujourd’hui. Pourtant, hier aussi quelques bouleversements avaient été annoncés, en vain. Sur la route du Mûr-de-Bretagne, quelques hommes ont bien perdu quelques secondes mais rien de plus. Hier, ce qui a surtout marqué les suiveurs, c’est l’aisance de Cadel Evans (Omega Pharma-Lotto). L’Australien a fait le Mûr et désormais, il fait peur. Alors, certaines équipes amoureuses des bords de mer se disent qu’aujourd’hui, il y a peut être un coup à jouer. Non qu’il faille jeter Evans à la mer, mais il vaudrait peut-être mieux piéger l’ancien Champion du Monde avant que n’apparaissent les premiers lacets, annoncés pour la fin de semaine.

Jeter Evans à la mer serait donc bien trop radical même si sa forme actuelle du garçon ne laisse que peu d’autres solutions afin de l’éliminer de la course au maillot jaune. Alors, aujourd’hui, on attend du mouvement. Si l’équipe d’Alberto Contador (Saxo Bank-SunGard semble bien trop frileuse pour offrir à son Leader une vengeance sous la forme d’un bel éventail, une équipe comme Leopard-Trek ou bien encore la Garmin-Cervélo pourrait bien avoir quelques idées dans la tête. Aussi, il faut préciser que ces quelques pensées ne sont pas le fruit de l’imaginaire de directeurs sportifs envieux de grands bouleversements mais plutôt le fruit d’une lecture attentive d’un roadbook présentant pas moins de 80 kilomètres en bord de mer sur les 164,5 kilomètres programmés entre Carhaix et le Cap Fréhel.

Qui dit bord de mer, dit vent, forcément. Il faut ajouter à ces spéculations qu’elles sont confirmés par les prévisions météorologiques du jour. Comprenez bien que les 4 hommes qui vont s’échapper ce jour ont calculé leur coup. S’ils s’échappent dans l’optique de remporter l’étape, ils pensent aussi à se protéger de la nervosité annoncée du peloton. Aussi, les Français Anthony Delaplace (Saur-Sojasun), Tristan Valentin (Cofidis) et Sébastien Turgot (Team Europcar) ne sont pas mécontents de se retrouver isolés en tête de course, qui plus est avec un rouleur du calibre de José-Ivan Gutierrez (Movistar Team). Sur les routes plus étroites les unes des autres de Bretagne, les 4 garçons s’entendent comme il faut. Pourtant, leur avance n’excèdera jamais les 6 minutes.

 

Nerveux, le peloton ne laisse pas de champs aux échappés où les sprinteurs vont pouvoir s’expliquer.

Si dans leur oreillette est relayée radio tour, les hommes de tête doivent jubiler, intérieurement. Non que la victoire leur est promise, bien au contraire mais derrière, les chutes se succèdent. Ils ne sont plus vraiment nombreux les coureurs à rester sur leur vélo. La nervosité, l’anxiété, tous veulent être placés dans les premières positions. Cela frotte et Alberto Contador en fait encore les frais. Cette fois-ci, une chute sans conséquences au contraire de celle dont est victime à 90 kilomètres de l’arrivée Janez Brajkovic (RadioShack). Le Slovène ne peut que se relever pour filer sur la civière, Tour de France terminé, coup dur pour les RadioShack.

Pendant ce temps là, l’écart avec les échappées fait l’accordéon. S’ils pensent un instant être repris, ils connaitront une période de sûreté jusqu’à 45 kilomètres de l’arrivée. 15 kilomètres plus tôt, un autre costaud de la Grande Boucle s’était retrouvé au tapis. Le Belge Tom Bonnen (Quick Step) venait de tomber, incapable de se relever quelques minutes durant, il perdait là 4 minutes. 4 minutes qui l’éliminait définitivement du peloton et qu’il l’engageait dans une course à handicap contre la mise hors-délai. Une course-poursuite avec le peloton derrière pour le Belge, une course-poursuite avec le peloton devant pour deux Français, Jérémy Roy (FDJ) et Thomas Voeckler (Team Europcar), partis en costauds à 30 kilomètres de l’arrivée.

Une attaque qui permet de ménager le suspense mais une attaque de nouveau vaine. Derrière, les équipiers de Mark Cavendish (HTC-Highroad) mettent en route. Le Britannique veut sa revanche, humilié sur certaines arrivées massives depuis le début de l’année, il veut enfin triompher. Un dernier coup de rein pour Voeckler à 2 kilomètres de l’arrivée et revoilà le peloton groupé. Edvald Boasson Hagen (Team Sky) tente son va-tout sous la flamme rouge, c’est le moment choisi par Romain Feillu pour partir, en sa compagnie. Mais ils sont partis de trop loin et derrière, ça revient. Hushovd (Garmin-Cervélo) lance le sprint à 250 mètres de la ligne d’arrivée, Gilbert déborde, on se dit que le Belge est en passe de créer l’exploit. C’est alors que Cavendish surgit, le Britannique revit et le montre les deux bras levés. Il vient de triompher et retrouve son cap les roues dans le vent. Au Cap Fréhel, un sprinteur hissé de nouveau ses voiles alors que les favoris, eux, pensent déjà à un nouveau cap, celui qui doit les amener dans les Pyrénées.

Classement 5ème étape : 

1. Mark Cavendish (GBR, HTC-Highroad) les 164,5 kilomètres en 3h38’32 »
2. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
3. Jose Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) m.t.
4. Tony Gallopin (FRA, Cofidis) m.t.
5. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) m.t.
6. André Greipel (ALL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
7. Sébastien Hinault (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. William Bonnet (FRA, FDJ) m.t.
9. Daniel Oss (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
10. Thor Hushovd (NOR, Garmin-Cervélo) m.t.

Classement général :

1. Thor Hushovd (NOR, Garmin-Cervélo) en 13h58’25 »
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 1 sec.
3. Frank Schleck (LUX, Leopard-Trek) à 4 sec.
4. David Millar (GBR, BMC Racing Team) à 8 sec.
5. Andréas Klöden (ALL, RadioShack) à 10 sec.
6. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) m.t.
7. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 12 sec.
8. Edvald Boasson Hagen (NOR, Team Sky) m.t.
9. Jakob Fuglsang (DAN, Leopard-Trek) m.t.
10. Andy Schleck (LUX, Leopard-Trek) m.t.

Classement par points :

1. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 120 pt
2. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) 112 pt
3. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 90 pt
4. Mark Cavendish (GBR, HTC-Highroad) 84 pt
5. Thor Hushovd (NOR, Garmin-Cervélo) 82 pt
6. Tyler Farrar (USA, Garmin-Cervélo) 68 pt
7. André Greipel (ALL, Omega Phrama-Lotto) 48 pt
8. Romain Feillu (FRA, Vacansoleil-DCM) 47 pt
9. Borut Bozic (SLO, Vacansoleil-DCM) 47 pt
10. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) 44 pt

Classement de la montagne :

1. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 2 pt
2. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 1 pt
3. Mickaël Delage (FRA, FDJ) 1 pt
4. Johnny Hoogerland (PBS, Vacansoleil-DCM) 1 pt
3. Anthony Delaplace (FRA, Saur-Sojasun) 1 pt
5. Alberto Contador (ESP, Saxo Bank-SunGard) 1 pt

Classement des jeunes :

1. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) en 13h58’37 »
2. Edvald Boasson Hagen (GBR, Team Sky) m.t.
3. Robert Gesink (PBS, Rabobank) à 8 sec.
4. Cyril Gautier (FRA, Team Europcar) à 46 sec.
6. Egor Silin (RUS, Katusha) à 1′
6. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 1’06 »
7. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) à 1’22 »
8. Rein Taaramae (EST, Cofidis) à 1’33 »
9. Maciej Paterski (POL, Liquigas-Cannondale) à 1’54 »
10. Anthony Roux (FRA, FDJ) à 2’13 »

Classement par équipes :

1. Team Garmin-Cervélo (USA) en 41h05’55 »
2. Team Sky (GBR) à 2 sec.
3. Team Leopard-Trek (LUX) à 4 sec.
4. RadioShack (USA) à 10 sec.
5. HTC-Highroad (USA) à 13 sec.
6. Astana (KAZ) à 49 sec.
7. Movistar Team (ESP) à 1’15 »
8. Team Europcar (FRA) m.t.
9. Quick Step (BEL) à 1’21 »
10. Rabobank (PBS) à 1’34 »