Il était écrit que ce congrès de Florence se déroulerait dans une ambiance délétère. Elle l’a été. Plus encore que ce qu’on pouvait imaginer. Le parcours du combattant qu’il a dû mener aujourd’hui pour être élu à la tête de l’UCI n’est rien comparé à l’ampleur de la tâche qui attend Brian Cookson pour les quatre prochaines années. Le Britannique connaissait déjà sa première mission : restaurer l’image de la fédération internationale, largement ternie par les années de règne des sulfureux Hein Verbruggen et Pat McQuaid. Encore aujourd’hui, le congrès a renvoyé une bien mauvaise image qui ne va en rien arranger la réputation de l’UCI. Car cette journée s’est déroulée en plusieurs temps, et il y eut plusieurs votes avant celui qui a permis au président de British Cycling de s’installer à Aigle.

Car dire qu’il y avait deux candidats à la présidence était aller un peu vite en besogne. Ce matin, Pat McQuaid n’est même pas sûr de pouvoir se présenter. Pour briguer un 3ème mandat, le président sortant devait faire adopter un amendement par le congrès réuni à Florence pour que les prétendants à la présidence puissent être soutenus par deux fédérations, quelles qu’elles soient, et non par la fédération auquel le candidat est affilié comme le stipulent les statuts actuels. Or McQuaid s’est vu retirer le soutien de la fédération irlandaise, puis de celle de Suisse, son lieu de résidence. L’amendement est rejeté de justesse, et c’est là que tout se complique. Beaucoup auraient déjà abdiqué, mais pas lui, et l’Irlandais avait plus d’un tour dans son sac pour espérer pouvoir rempiler pour quatre années supplémentaires, lui qui est en place depuis 2005.

Sachant sa position fragilisée, McQuaid convoque alors toute une série d’avocats et autres experts n’ayant qu’un seul but : montrer que sa candidature est valable grâce aux soutiens des fédérations thaïlandaises et marocaines. On atteint les sommets de l’absurdité quand les avocats du président sortant s’inspirent du précédent de… la fédération internationale d’échecs ! Une vraie guerre psychologique s’entame alors entre les deux parties et c’est finalement Cookson qui cède le premier, demandant de passer au vote après de longues heures passées dans le Pallazo Vecchio de Florence, admettant à demi-mot la validité de la candidature de son opposant.

Bien que Brian Cookson remporte l’élection, ce fut beaucoup plus serré que prévu, preuve que les liens tissés par McQuaid durant les huit années passées à la tête de l’instance internationale ont payé. Le Britannique reçoit 24 voix contre 18 pour son adversaire et est donc finalement désigné président de l’UCI. Sa mission première a été son cheval de bataille pendant toute la campagne : restaurer l’image et la crédibilité de la fédération internationale particulièrement mise à mal depuis l’éclosion de l’affaire Armstrong il y a bientôt un an. Celui qui était président de British Cycling depuis 1997 promet également un « nouveau style de gouvernance et un travail collégial », comme pour définitivement tourner la page McQuaid qu’il a tout de même salué dans son discours après l’élection.

Âgé de 62 ans, Cookson a totalement révolutionné le cyclisme britannique avec un mandat marqué par les dominations sur piste, puis sur la route depuis 2012 avec la première victoire d’un sujet de la reine au Tour de France. En seize ans, le nouveau président a construit l’une des fédérations les plus performantes. Sa mission à l’UCI sera tout autre, et il a quatre ans pour la mener à bien.