Arnaud, ce fut une journée compliquée, mais vous avez répondu présent en terminant 12ème de Paris-Roubaix…
Oui, j’ai crevé deux fois et suis tombé sans gravité. Je savais qu’il fallait rester calme sur son vélo et ne pas m’affoler comparé à l’année passée où j’avais crevé dès le premier secteur. J’ai crevé au bout du quatrième. Le plus gros était passé au niveau du peloton et ça frottait moins. Mickaël Delage a fait un super travail pour m’attendre sur mes deux crevaisons et ma chute. Après, c’est un peu sauve-qui-peut. Avec toute la poussière, c’est une journée un peu folle. Avec tout le monde qu’il y avait, c’était une belle expérience cette année.

À part de la chance, que vous a-t-il manqué ?
J’étais toujours au contact dans les trente premiers. Avant le secteur de Camphin-en-Pévèle, j’ai essayé de prendre les devants pour revenir sur le groupe de dix qui était parti, mais le peloton est rentré après. Quand ils ont mis en route fort à la sortie de Camphin, c’était assez dur. Normalement, la sélection se fait dès Mons-en-Pévèle. Je le savais, mais quand c’est parti, je ne pouvais pas mettre plus que ce que j’avais dans les jambes. On était en petit groupe au Carrefour de l’Arbre et on a fini comme on pouvait. Ce n’était pas loin devant. Il y avait trois Ag2r La Mondiale. J’ai cru qu’ils allaient s’organiser pour essayer de rouler, mais peut-être qu’ils n’ont pas voulu m’emmener.

Vous aviez connu une fringale la semaine dernière. Cette expérience au Tour des Flandres vous a-t-elle servi pour vous alimenter différemment ?
Oui, c’est clair ! Je n’ai pas arrêté d’y penser. Je ne voulais pas faire deux fois la même erreur. Frédéric Guesdon et Marc Madiot dans l’oreillette n’arrêtaient pas de nous le dire. On y a beaucoup pensé. À un moment, je ne voulais pas prendre la musette et on me l’a vraiment tendue pour que je la prenne. Ce sont des moments où on est un peu au taquet, un peu à fond. On a dû mal à vouloir faire le petit effort pour aller chercher la musette ou le bidon. Mais aujourd’hui je l’ai fait. Ça m’a permis d’aller plus loin dans le final.

Comment jugez-vous votre 12ème place ?
C’est une satisfaction. J’ai peut-être l’impression de ne pas avoir tout donné. Je suis resté sur la réserve. J’ai vu le groupe devant au Carrefour de l’Arbre et je ne voulais pas rester en chasse-patates, ne pas faire l’effort tout seul. Ensuite, quand j’ai voulu sortir, ça ne voulait pas collaborer avec moi. Je n’avais d’autre choix que de suivre la majorité de mon groupe.

Avez-vous franchi une marche pour vous rapprocher des meilleurs ?
Oui. On prend déjà beaucoup d’expérience en terminant. Mais on en prend encore plus quand on termine à 47 secondes de la gagne. C’est bon signe. Je sens que je manque encore de force à 22 ans par rapport à ceux qui sont devant. Mais je sais que ça va venir.

Propos recueillis à Roubaix le 13 avril 2014.