Niki, que ressentez-vous après votre victoire sur Paris-Roubaix ?
Je suis content, mais très fatigué. Au moment de franchir la ligne, c’était très spécial. J’étais satisfait d’avoir remporté une grande victoire. J’avais déjà remporté de beaux succès, mais j’entendais dire que ce n’étaient pas de grandes courses. Ici, c’est la plus grande classique qui existe. C’était très émouvant. Je n’ai eu connu aucune crevaison. Je crois que c’est la première fois que je n’ai aucun problème. C’était sans doute mon jour de chance.

Comment s’est déroulée votre fin de course ?
Quand nous nous sommes regroupés à la fin du dernier secteur pavé, Wilfried Peeters nous a dit à Zdenek Stybar et à moi d’attaquer. C’est ce que j’ai fait 20 secondes plus tard et c’était la bonne. C’était la tactique de l’équipe. De garder Tom Boonen pour le sprint, et Zdenek et moi devions attaquer. Et ça, c’est ce que j’aime faire. Avant cela, j’ai toujours été placé. Peut-être pas en tête, mais j’étais présent. Avant le Carrefour de l’Arbre, j’étais en bonne position. Nous avions quelqu’un à l’avant avec Zdenek Stybar. Puis, nous avons réduit l’écart dans la contre-attaque avec les coureurs du Team Sky. Ensuite, nous avons rejoint le groupe de tête juste avant le dernier secteur à Hem.

Quand avez-vous commencé à croire une victoire à Paris-Roubaix possible ?
En fait, je n’y ai vraiment cru que dans le dernier virage sur le vélodrome. Il y a deux ans, j’étais 5ème. L’an dernier j’étais 3ème. Dès qu’on finit dans le Top 10 ici, on peut gagner si on a un peu de chance. J’ai déjà été tout près et cette année, j’ai réussi.

Y avait-il une grosse pression au sein de l’équipe ?
Oui, il y avait de la pression. Elle ne venait pas seulement de l’extérieur, de l’intérieur aussi. Nous étions motivés pour bien faire. Nous avions beaucoup gagné, mais pas de très grande course jusqu’ici. Nous voulions prouver que nous en étions capables. La motivation était encore plus grande après le Tour des Flandres où nous avons fait une bonne course, mais où nous ne terminons que 4ème, 6ème et 7ème.

Pensiez-vous avoir encore une chance de victoire quand Tom Boonen a attaqué à 60 kilomètres de l’arrivée ?
À ce moment, j’ai cru que c’était une bonne chose. C’était bien joué de la part de Tom de rejoindre le groupe qui était devant lui. Pendant quelques kilomètres, le peloton a ralenti. J’ai pensé que ce pouvait être la bonne. Mais BMC a commencé à chasser. Bien sûr, avec le recul, on peut se dire que c’était trop tôt. Mais sur le moment, je pensais que c’était bien joué. S’il n’y avait pas eu d’entente, elle aurait été au bout.

Tom Boonen vous a pourtant demandé à le suivre…
J’ai hésité pendant une seconde et c’était trop tard. Il est plus explosif que moi et pendant cette seconde d’hésitation, l’écart était déjà creusé. J’ai simplement hésité trop longtemps. Il a vu une opportunité se présenter à lui et il l’a saisie.

Qu’est-ce qui fait de Paris-Roubaix une course si spéciale ?
Vous avez vu les routes ? (il rit) C’est une course à l’ancienne. Mais c’est précisément ce qui fait sa spécificité. C’est la raison pour laquelle je l’aime tant.

Vous succédez à Servais Knaven, dernier vainqueur en 2001. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Ça fait un bout de temps pour le Néerlandais ! Servais Knaven a été mon coéquipier chez Milram. J’ai beaucoup appris de lui quand nous avons couru Paris-Roubaix ensemble il y a cinq ans. Je suis heureux de cette victoire et de combler ce manque pour les Néerlandais. Lorsqu’il avait remporté cette victoire, c’était déjà avec Patrick Lefevere. Il y avait de grands coureurs devant. Il a attaqué au bon moment, c’est ce que j’ai fait aussi. D’une certaine façon, j’ai accompli mon rêve. Je pense à ça depuis que je suis enfant. Paris-Roubaix est une des courses qui me tient le plus à cœur.

Propos recueillis à Roubaix le 13 avril 2014.