Il en a fait sa seconde peau. Installé à la tête du classement général du Tour de France depuis le départ ou presque, Vincenzo Nibali (Astana) et le maillot jaune semblent ne faire qu’un. Mais c’est tout à l’heure, dans l’unique contre-la-montre individuel de cette 101ème édition, que les deux feront vraiment corps. Comme jamais auparavant. C’est en tout cas l’ambition affichée par le coq sportif, fournisseur des maillots distinctifs de la Grande Boucle depuis deux ans, et qui a su tenir compte des observations du monde du vélo pour apporter de nouvelles solutions. Fini donc les combinaisons de contre-la-montre standards portées par Bradley Wiggins et Chris Froome. A 16h27, Vincenzo Nibali s’arrachera de la rampe de lancement dans une combinaison jaune réalisée à ses mensurations et customisée à sa convenance.

« Nous avons vocation à toujours innover, souligne le directeur général du coq sportif Frank Heissat. Dès février, nous avons offert à toutes les équipes de pouvoir profiter d’un service inédit de customisation. Nous leur avons proposé de désigner deux leaders susceptibles de se retrouver en jaune, en blanc ou à pois au chrono Bergerac-Périgueux. »

Sur la base de cette liste, des modélistes se sont rendus deux fois sur le Tour en première semaine pour travailler sur le body mapping, à l’hôtel, avec les coureurs. « Nous avons pris les mesures des coureurs pour adapter une combinaison standard à leur morphologie, poursuit Frank Heissat. Nous leur avons en outre proposé de customiser le maillot en fonction de leurs préférences : taille des élastiques, taille des manches… Certains préfèrent avoir des manches plus longues, d’autres les préfèrent plus courtes pour gagner encore de la matière. »

Les principaux favoris du Tour – ceux qui étaient cités au départ de Leeds – sont passés entre les mains expertes des modélistes du coq. Tenant du titre, Chris Froome s’est montré extrêmement collaboratif. « Il a été le plus exigeant de tous, confie Frank Heissat. Il est très perfectionniste, très porté sur le matériel, il ne laisse rien au hasard. Nous sommes restés plus d’une demi-heure avec lui à l’écouter. C’est aussi pour nous une façon de progresser. » Ce ne sont pourtant pas les requêtes et mensurations du champion britannique qui ont été communiquées au Portugal, où est fabriqué le maillot jaune, mais celles de Vincenzo Nibali. Trois jours ouvrés ont suffi à fournir la combinaison adaptée à 101 % à la silhouette du grimpeur sicilien et arrivée discrètement sur le Tour jeudi soir.

Une fabrication absolument sur-mesure qui s’articule autour d’innovations technologiques. En vue de ce contre-la-montre – qui n’aura finalement rien de décisif pour le porteur du maillot jaune –, le coq a travaillé sur la matière du top de la combinaison. Elle favorise à la fois la pénétration dans l’air et ne prend pas de poids au mouillé (grâce à une très bonne évacuation de l’humidité extérieure comme la pluie ou intérieure comme la sueur). « Quels que soient l’effort et les conditions, la combinaison conserve un poids constant, insiste le directeur général du coq sportif. 150 grammes, pour une densité de 75 grammes au m² sur le top, 150 grammes au m² sur le bas. »

Un travail important a également été porté sur la compression de la combinaison pour améliorer l’efficacité du muscle et le flux sanguin sans que cela ne se fasse au détriment de la respiration. Pour atténuer le sentiment de suffocation dû aux combinaisons de plus en plus serrées, le coq sportif a introduit des microperforations (mesh) sur toute la partie haute.

La partie basse, elle, possède 20 % d’élasthanne, soit un vêtement extrêmement extensible mais pas trop, dont le pouvoir de compression progressive améliore lui aussi le travail du muscle et la fluidité sanguine. Un nouveau chamois ergonomique a été développé en stretch, plus petit qu’un chamois classique. « Avant, précise Frank Heissat, seul le lycra était stretch. C’est lui qui faisait le mouvement d’adaptation au coureur. Désormais le chamois le fait aussi, ce qui améliore le confort. » Sa taille a également été réduite grâce au retrait du surplus de matière qui nuisait à l’aérodynamisme. Le chamois se veut désormais adapté à la position spécifique très en avant sur le vélo lors des épreuves contre-la-montre, son emplacement ayant été repoussé à l’avant de l’assise.

D’autres éléments de confort, comme des coutures plates ou l’absence de coutures, ont été introduits pour limiter tout frottement.

Et Vincenzo Nibali dans tout ça ? Le Maillot Jaune a opté pour des manches 3/4, rallongées de 8 centimètres à l’avant et de 9 centimètres à l’arrière, pour un tour de manche réduit de 15 millimètres. L’encolure au niveau du dos a été réduite de 1,4 centimètre. Le cuissard, quant à lui, a été rallongé de 5,5 centimètres. Jamais un maillot jaune n’aura aussi bien épousé le corps du champion qui lui fera honneur à vingt-quatre heures du défilé des Champs-Elysées.

Une belle fierté pour le coq sportif, qui a su faire du Tour de France une plate-forme d’innovation en trois éditions seulement (un maillot ultra léger de moins de 100 grammes avait été inauguré en montagne pour offrir une meilleure ventilation les jours de forte chaleur). « Nous continuerons à nous mettre des challenges importants pour faire évoluer le maillot jaune, promet Frank Heissat. Nous nous nourrissons vraiment des retours des athlètes. Dès la fin du Tour, nous ferons un point pour nous reposer tout de suite les bonnes questions pour l’année suivante. D’autres innovations suivront. »