Rien ne sert de vouloir déraciner les épreuves historiques du calendrier, et le message est en train de passer dans l’esprit de Mauro Vegni, directeur depuis l’an passé des compétitions italiennes les plus prestigieuses. « Il n’est plus question de toucher au parcours de Milan-San Remo », avait-il reconnu en mars, conquis par le retour à un tracé traditionnel avec l’arrivée classique sur la Via Roma, quand un an plus tôt lui et son équipe avaient cherché par tous les moyens à défigurer la classicissima. Evénement roi de RCS, le Giro va lui aussi retrouver ses racines en mai après l’excentrique Grand Départ irlandais hérité des précédentes directions de la course rose.

Samedi, la 98ème édition du Tour d’Italie débutera par un contre-la-montre par équipes de 17,6 kilomètres le long de la Riviera Ligure, empruntant le final de Milan-San Remo sans toutefois aller chercher la montée du Poggio, qu’elle laissera sur sa droite pour filer sur San Remo. Ce sera le début d’une course à sensations qui commencera par descendre la péninsule italienne. Histoire d’aller titiller la chaîne des Apennins, son épine dorsale, pour offrir de premières joutes palpitantes sans compromettre la décision finale, qui reviendra aux Dolomites comme aux Alpes, en toute fin de Giro.

Si les routes casse-pattes ne promettent pas chaque jour une explication entre les meilleurs sprinteurs, les étapes vallonnées, difficiles et piégeuses de la première semaine devraient déboucher pour deux d’entre elles sur une véritable prise de marques entre les favoris. Les premières sélections interviendront le mercredi 13 mai au sommet d’Abetone (17,3 km à 5,4 %) en Toscane, sur une étape qui rendra hommage à Gino Bartali né il y a 101 ans, et le samedi 16 mai à Campitello Matese (13 km à 6,2 %) dans les Abruzzes. De premiers contacts avec la montagne cerclés d’étapes pour puncheurs.

En deuxième semaine, la course reprendra le long de la côte adriatique pour remonter vers les Dolomites, dont l’entrée sera précédée de vingt-quatre heures par l’unique contre-la-montre individuel de cette édition. Et quel effort ! Ce samedi 23 mai entre Trévise et Valdobbiadene, en Vénétie, ce sont 59,4 kilomètres qu’il faudra parcourir en tête à tête avec le chronomètre. De la distance et de la difficulté avec notamment une bosse de 3 kilomètres à 7 % ! De quoi poser pour de bon une hiérarchie avant les plus hauts sommets du Giro. La fête aux grimpeurs commencera le lendemain, dimanche 24 mai, en conclusion de la deuxième semaine, avec l’arrivée à Madonna di Campiglio (15,5 km à 5,9 %).

C’est pourtant bien en troisième et dernière semaine, dans les Dolomites puis dans les Alpes, que se porteront une fois encore les débats les plus déchaînés. A la remise en route le mardi 26 mai, cinq ascensions et un mythe seront au programme. Absent depuis cinq ans, le Mortirolo reviendra avec ses pentes terribles (12,8 km à 10,1 %), dans la même configuration que lors de sa dernière apparition en 2010, c’est-à-dire entre deux montées vers Aprica (13,9 km à 3,4 %). S’il ne faudra sans doute rien attendre du passage par le difficile col d’Ologno (10,4 km à 9 %) à 33 kilomètres de l’arrivée à Verbiana le jeudi, les étapes alpestres des vendredi 29 et samedi 30 mai seront décisives.

L’étape la plus rude interviendra le vendredi entre Gravellona Toce et Cervinia, 236 kilomètres par-delà la longue montée vers Saint-Barthélémy (20,1 km à 5,6 %), le col du Saint-Pantaléon (16,5 km à 7,2 %) et la montée finale vers Cervinia (19,2 km à 5 %). Le lendemain, à vingt-quatre heures du déboulé sur Milan et son Corso Sempione, il restera à enchaîner le col du Finestre (19,5 km à 9,2 % dont la moitié non goudronnée) et l’arrivée en altitude à Sestrières (9,2 km à 5,4 %). Du classique qui promet de couronner un champion d’envergure.

Les 21 étapes du Giro 2015 :

• 1ère étape (samedi 9 mai) : San Lorenzo al Mare-San Remo (17,6 km CLM/équipes)
• 2ème étape (dimanche 10 mai) : Albenga-Gênes (177 km)
• 3ème étape (lundi11 mai) : Rapallo-Sestri Levante (136 km)
• 4ème étape (mardi 12 mai) : Chiavari-La Spezia (150 km)
• 5ème étape (mercredi 13 mai) : La Spezia-Abetone (152 km)
• 6ème étape (jeudi 14 mai) : Montecatini Terme-Castiglione della Pescaia (183 km)
• 7ème étape (vendredi 15 mai) : Grosseto-Fiuggi (264 km)
• 8ème étape (samedi 16 mai) : Fiuggi-Campitello Matese (186 km)
• 9ème étape (dimanche 17 mai) : Benevento-San Giorgio del Sannio (215 km)
• repos (lundi 18 mai)
• 10ème étape (mardi 19 mai) : Civitanova Marche-Forli (200 km)
• 11ème étape (mercredi 20 mai) : Forli-Imola (153 km)
• 12ème étape (jeudi 21 mai) : Imola-Vicenza (190 km)
• 13ème étape (vendredi 22 mai) : Montecchio Maggiore-Jesolo (147 km)
• 14ème étape (samedi 23 mai) : Trévise-Valdobbiadene (59,4 km CLM)
• 15ème étape (dimanche 24 mai) : Marostica-Madonna di Campiglio (165 km)
• repos (lundi 25 mai)
• 16ème étape (mardi 26 mai) : Pinzolo-Aprica (174 km)
• 17ème étape (mercredi 27 mai) : Tirano-Lugano (134 km)
• 18ème étape (jeudi 28 mai) : Melide-Verbiana (170 km)
• 19ème étape (vendredi 29 mai) : Gravellona Toce-Cervinia (236 km)
• 20ème étape (samedi 30 mai) : Saint-Vincent d’Aoste-Sestrières (199 km)
• 21ème étape (dimanche 31 mai) : Turin-Milan (178 km)