En juillet, Mikaël Chérel (Ag2r La Mondiale) nous ouvre son journal de bord à l’occasion de sa troisième participation au Tour de France. Le lieutenant de Romain Bardet, avec qui il fait chambre, nous fait découvrir son univers.

Mikaël, que ressent-on quand on entre dans Paris et que l’on se présente au bas de l’avenue des Champs-Elysées au terme du Tour de France ?
Les deux précédents Tours auxquels j’avais participé, j’avais vraiment eu des frissons en arrivant sur les Champs. Cette fois, avec le temps, ça a été un petit peu différent. Nous avons eu malgré tout beaucoup de chance d’avoir des éclaircies dans le final. Ça fait toujours quelque chose. Quand on voit la Patrouille de France nous survoler avec la fumée bleu-blanc-rouge, on se rend compte qu’on est sur l’un des trois plus grands événements sportifs au monde. En être acteur, c’est formidable !

Y a-t-il également du soulagement à la vue de l’Arc de Triomphe ?
C’est un gros soulagement, c’est sûr. Quand on arrive sur les Champs, on n’a plus mal aux jambes. Une douleur s’installe toujours à partir du dixième jour de course. De là, on a mal aux jambes tous les matins au réveil. Mais quand vient l’étape parisienne, on ne sent plus tout ça. On a juste hâte que ça se termine. Ma compagne est venue me rejoindre, c’est génial.

Quel programme vous a concocté l’équipe Ag2r La Mondiale pour conclure ces quatre semaines de vie commune ?
Nous allons rejoindre l’hôtel, nous préparer, dîner au restaurant, et puis après on verra, on improvisera !

Vous concluez le Tour de France dans le Top 20, 18ème, que représente cette performance à vos yeux ?
J’ai franchi un palier en étant vraiment régulier. 18ème du Tour, ça me met en lumière mais j’ai toujours été conscient que je pouvais faire ce type de résultat. Ça n’a néanmoins jamais été un objectif. Je suis avant tout là pour le collectif. Chez Ag2r La Mondiale, nous avons une équipe unie et solidaire autour de nos leaders Romain Bardet et Jean-Christophe Péraud. Je n’ai donc pas souvent l’occasion de faire des places pour moi. Je ne suis pas un pur grimpeur mais c’est la montagne que j’affectionne le plus. L’occasion était belle. L’équipe m’a encouragé à le faire et c’était sympa.

Ce palier franchi, vous le devez également aux efforts portés sur votre poids ?
Au printemps, j’ai fait un gros effort sur la nutrition. Entre le Tour de Romandie début mai et mon début de Tour de France, j’avais perdu 2,5 kg, même quasiment 3 kg. J’étais vraiment motivé à l’idée d’accompagner Romain le plus haut possible sur le Tour, et pour cela il fallait que je sois au poids. Ce sont des efforts, mais ça a payé. Je n’ai pas réussi à le faire en début de saison, mais en mai je me suis employé à manger moins, tout simplement. Et j’ai fait plus d’entraînement. J’ai aussi appris à bien manger avec notre médecin Eric Bouvat, et ça me sert dans la montagne.

Vous avez côtoyez Chris Froome dans le peloton. Vous a-t-il impressionné ?
Il est très impressionnant, oui. Il travaille très fort et je regrette tout ce qui a pu être dit ici ou là car c’est vraiment néfaste à l’image du cyclisme. Je trouve que les performances que nous avons eues sur le Tour de France sont vraiment encourageantes. De jeunes Français ont réussi à gagner des étapes, à faire des places au général. Pour moi, la victoire de Froome est simplement le résultat d’un travail très conséquent.

Vous rentrez ce lundi à la maison. Qu’allez-vous faire en premier que vous n’avez pu faire depuis quatre semaines et votre départ pour le Tour ?
Depuis tout ce temps, on est dans notre bulle. On ne pense à rien d’autre que le vélo. C’est important pour fournir des efforts au quotidien. Si bien qu’au retour à la maison, on est un peu perdus. Maintenant, j’ai hâte de retrouver mes deux enfants, profiter, retrouver une vie normale. Probablement que l’on jouera dans la piscine, ça me fera une grosse cassure.

Quel programme vous attend à la sortie du Tour de France ?
Je vais vite me remettre dans l’action puisque je fais la Clasica San Sebastian samedi, puis trois critériums dans le sud-ouest avant de m’octroyer une petite coupure pour reprendre sur le Tour d’Espagne.

L’an prochain le Tour de France prendra son envol du Mont-Saint-Michel, chez vous dans la Manche. Vous y pensez déjà ?
Pas encore, non ! Je serai très heureux effectivement si je suis au départ, et j’espère y être, mais ce n’est pas encore dans les plans. Ça ne le sera que très tardivement l’année prochaine. Avant cela, il y aura de belles courses.

Propos recueillis à Paris le 26 juillet 2015.