3. Dans le cœur des coureurs contemporains, Liège-Bastogne-Liège occupe le 3ème rang derrière le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. C’est en tout cas ce qui ressortait voici deux ans d’un sondage réalisé par nos confrères de La Dernière Heure auprès de 205 coureurs (parmi lesquels 171 en activité) originaires de vingt-sept pays. L’idée était d’étabir la tendance du moment parmi les grandes courses d’un jour, hors Mondial. Le Tour des Flandres s’était alors classé en tête, cité en premier par 67 coureurs, contre 52 pour Paris-Roubaix. Liège-Bastogne-Liège était arrivé en 3ème position devant Milan-San Remo, l’Amstel Gold Race, le Tour de Lombardie et la Flèche Wallonne. Reste que la Doyenne s’offre, par sa topographie, à un panel plus large de prétendants à la victoire. Ce qui en fait pour nombre de coureurs un objectif plébiscité comparativement aux classiques flandriennes.


3. Reconnaissons-le, les trois dernières éditions de Liège-Bastogne-Liège ne sont pas les plus mémorables que la Doyenne nous ait offertes. Les trois derniers vainqueurs, Daniel Martin en 2013, Simon Gerrans en 2014, et Alejandro Valverde en 2015, ont en effet attendu la côte d’Ans pour couler les bases de leur succès au bout d’une course d’attente peu palpitante, loin d’être la norme si l’on s’en fie aux dix dernières éditions. Souvent considérée comme le juge de paix, la côte de Saint-Nicolas (1,2 km à 8,6 %) ne l’a été qu’une seule fois ces dix dernières années quand, en 2007, Danilo Di Luca et Frank Schleck s’y étaient dégagés peu après son sommet. Décisive lors de ses cinq premières apparitions au parcours, entre 2008 et 2012, la côte de la Roche-aux-Faucons (1,3 km à 11 %) a elle aussi perdu en intérêt depuis son retour au programme il y a deux ans.


4. Recordman de victoires sur la Flèche Wallonne depuis son quatrième sacre mercredi, Alejandro Valverde (Movistar Team) pourrait, en cas de victoire dimanche, entrer un peu plus dans l’histoire de la Doyenne. Le record de cinq victoires d’Eddy Merckx est encore inaccessible, mais le champion espagnol pourrait égaler Moreno Argentin et ses quatre succès s’il lève les bras au bout de la côte d’Ans. Sa victoire à Huy a confirmé l’Espagnol dans la posture de l’homme à battre, bien que d’autres voudront contester les projets du Murcien. A commencer par Vincenzo Nibali (Astana), Michal Kwiatkowski (Team Sky), Simon Gerrans (Orica-GreenEdge), Diego Ulissi (Lampre-Merida), Samuel Sanchez (BMC Racing Team), Daniel Martin (Etixx-Quick Step), Enrico Gasparotto (Wanty-Groupe Gobert), ou Joaquim Rodriguez (Team Katusha).


5. Derrière le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège est le monument qui réussit le moins aux coureurs tricolores, seulement cinq fois triomphateurs de la Doyenne avec André Trousselier (1908), Camille Danguillaume (1949), Jacques Anquetil (1966) et Bernard Hinault (1977 et 1980). Alors que des conditions similaires à celles du deuxième sacre du Blaireau sont attendues (voire plus bas), les Tricolores ont toutes les cartes en mains pour interrompre cette mauvaise série. Avec quatre coureurs dans le Top 20 sur l’Amstel, et six sur la Flèche, la France est la nation la mieux représentée en haut du classement sur les deux événements  ! Les Bleus ont donc plusieurs cartes à jouer qu’il s’agisse de Julian Alaphilippe (Etixx-Quick Step), Tony Gallopin (Lotto-Soudal), Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) ou Warren Barguil (Giant-Alpecin).


9. Comptant parmi les plus prestigieux doublés, au même titre qu’un Flandres-Roubaix, le doublé Flèche-Liège a déjà été accompli à neuf reprises par sept coureurs différents. Spécialistes en la matière, le Suisse Ferdi Kübler (1951 et 1952) et l’Espagnol Alejandro Valverde (2006 et 2015) l’ont déjà accompli deux fois. Un nouveau doublé du genre d’Alejandro Valverde dimanche, quatre jours après son quatrième succès dans la Flèche Wallonne, ferait du champion le plus grand en la matière. Les Belges Stan Ockers (1955), Eddy Merckx (1972) et Philippe Gilbert (2011) et les Italiens Moreno Argentin (1991) et Davide Rebellin (2004) ont également signé un doublé Flèche-Liège, la palme revenant toutefois à Philippe Gilbert, auteur en 2011 d’un historique quadruplé Flèche Brabançonne-Amstel Gold Race-Flèche Wallonne-Liège-Bastogne-Liège.


10. Bien que truffés d’obstacles, les 253 kilomètres de Liège-Bastogne-Liège retiendront cette année le franchissement de dix côtes, en marge de la montée d’arrivée à Ans (1,2 km à 6 %), où s’achève la classique depuis 1992. Il s’agira au préalable de franchir la côte de la Roche-en Ardenne (2,8 km à 6,2 %), unique difficulté placée sur la route de Bastogne, dont on prendra le virage à 147 kilomètres de l’arrivée. Il restera alors à franchir la côte de Saint-Roch (1 km à 11,2 %), la côte de Wanne (2,8 km à 7,4 %), la côte de la Haute-Levée (km 179 : 3,6 km à 5,6 %), le col du Rosier (4,4 km à 5,9 %), le col du Maquisard (2 km à 5 %), la côte de la Redoute (2 km à 8,9 %) et dans les 20 derniers kilomètres la côte de la Roche-aux-Faucons (1,3 km à 11 %) par son versant le plus raide, la côte de Saint-Nicolas (1,2 km à 8,6 %) et la Rue Naniot (600 mètres à 10,5 %).


30,1. Certes, la valeur n’attend pas le nombre des années, mais mieux vaut être trentenaire pour briller sur les Ardennaises cette saison ! Cette année qui devait marquer la passation de témoin entre deux générations s’avère pour le moins parfaitement négociée par les coureurs expérimentés. Le Top 10 de la Flèche Wallonne en atteste avec une moyenne d’âge de 30,1 ans. La présence de Julian Alaphilippe, 23 ans, et de Warren Barguil, 24 ans, n’a pas su contribuer à faire baisser cette moyenne relativement élevée. Au-delà d’Alejandro Valverde, qui soufflera ses 36 bougies lundi prochain, et du vainqueur de l’Amstel Gold Race Enrico Gasparotto, 34 ans depuis mars, d’autres anciens ont fait de la résistance en retrouvant leurs jambes d’antan comme Michael Albasini (Orica-GreenEdge), 35 ans, ou Samuel Sanchez et ses 38 printemps.


565. C’est bien connu, en avril, ne te découvre pas d’un fil ! Le dicton prendra tout son sens ce dimanche alors que de la neige est attendue pour Liège-Bastogne-Liège. On oublie vite en effet que le massif ardennais s’apparente à de la moyenne montagne. Les coureurs devront se hisser à 565 mètres pour atteindre le sommet du col du Rosier, point culminant du parcours. A cette altitude, trouver de la neige reste possible quoique peu fréquent. Bernard Hinault ne dira pas le contraire lui qui avait remporté un Liège-Bastogne-Liège d’anthologie en 1980, marqué par d’importantes chutes de neige et des températures glaciales. Ce scénario catastrophe tant redouté pourrait bien survenir à nouveau cette année sans peut-être atteindre les extrêmes connus il y a trente-six ans. Des flocons sont attendus sur les sommets avec des minimales aux alentours des 2° en plaine.


600. La traditionnelle finale de Liège-Bastogne-Liège qui passe par la côte de Saint-Nicolas et la côte d’Ans se voit cette année modifiée avec l’ajout, entre les deux difficultés finales seulement distantes de 6,5 kilomètres, d’une courte bosse de 600 mètres à 10,5 %. Une légère correction du tracé qui suffit à attiser la curiosité. Car l’enchaînement sera inédit. Après la côte de Saint-Nicolas et avant la montée finale vers Ans, les coureurs effectueront donc un léger crochet par la rue Naniot à 2500 mètres du but. Les 600 mètres de cette rue en pente sévère (10,5 %), jonchée de petits pavés, feront assurément très mal aux jambes avant de retrouver le tracé originel et d’entamer la montée de la côte d’Ans, qui débouchera sur la ligne d’arrivée. L’ajout de cette brève difficulté en prélude à la montée finale pourrait largement perturber les pronostiqueurs.


1892. C’est la doyenne des classiques. Le premier des cinq monuments du calendrier à avoir vu le jour, créé par le Liege Cyclist Union en 1892 quand Paris-Roubaix est né en 1896, le Tour de Lombardie en 1905, Milan-San Remo en 1907 et le Tour des Flandres en 1913. Toutefois, la classique ardennaise compte moins d’éditions que ses congénères (102 en 2016 contre déjà 114 pour Paris-Roubaix), arrêtée après seulement trois éditions jusqu’à sa reprise en 1908, puis marquée par les interruptions liées aux deux guerres mondiales dans la première moitié du XXème siècle. Depuis 1990, Liège-Bastogne-Liège fait partie des événements organisés par Amaury Sport Organisation, qui lui a choisi la côte d’Ans en 1992 pour théâtre d’arrivée, précédée alors de la côte de Saint-Nicolas, ce qui a impliqué de profonds changements quant au caractère de la classique dont les Belges ont raflé 59 éditions.

Les 10 derniers vainqueurs de Liège-Bastogne-Liège :

2015 : Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team)
2014 : Simon Gerrans (AUS, Orica-GreenEdge)
2013 : Daniel Martin (IRL, Garmin-Sharp)
2012 : Maxim Iglinskiy (KAZ, Astana)
2011 : Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto)
2010 : Alexandre Vinokourov (KAZ, Astana)
2009 : Andy Schleck (LUX, Team Saxo Bank)
2008 : Alejandro Valverde (ESP, Caisse d’Epargne)
2007 : Danilo Di Luca (ITA, Liquigas)
2006 : Alejandro Valverde (ESP, Caisse d’Epargne-Illes Balears)