Les Pyrénées proposent un programme Tour de France 2017 des plus ressérés, mais quel programme ! Le 13 juillet, 214 kms entre Pau et Peyragudes, long slalom entre la Haute Garonne et les Hautes Pyrénées. Le 14 juillet, un rush de 100 kms sur l’Ariège. C’est cette longue étape, l’étape reine des Pyrénées que Vélo 101 a reconnu, 5 cols au programme du jour, avant un happy hour et happy end. 4 – 3 – 2 – 1 on tourne …

Petit à petit, Pau se rapproche de la deuxième place détenue par Bordeaux pour les villes ayant accueilli le plus de fois le Tour, derrière Paris et Bordeaux, pour le moment. Arrivée de la 11ème étape, la ville du bon roi Henri, est définitivement la porte d’entrée des Pyrénées. Direction les Comminges, par Tarbes et Tournay. Au km 50, première entrée dans le 65, où le profil de creux et de bosses permettra à la bonne échappée de partir. Partir pour aller au bout « à la Saint Flour » comme Thomas Voeckler en 2011 ? Pourquoi pas mais difficile. On espère le coureur de Direct Energie capable d’un dernier beau coup d’éclat sur son dernier Tour, mais franchement, au vu des difficultés, il faudra beaucoup d’avance aux fuyards au pied du Port de Balès. Car ce 13 juillet, les difficultés vont crescendo, comme un bon scénario bien mené par Christian Prudhomme et « l’assistant réalisateur » Thierry Gouvenou.

Tout au long de ces 214 km, les coureurs vont prendre de la hauteur. Oui, les difficultés vont aller crescendo. D’abord le col des Ares, habillé de châtaigners, fruits et bogues à volonté en cet automne. Il en sera différent en juillet lorsque ce col sera avalé sur le grand plateau par les pros. Mise en bouche à 797 mètres d’altitude et c’est parti pour 100 kilomètres de cols de plus en plus irespirables.

Deuxième volet du 5 majeur du jour, le col de Menté. Christian Prudhomme nous l’a confié, le Tour 1971 reste marquant pour lui. Orcières Merlette, Merckx-Ocana, le Tour qui bascule. Marseille 2 heures d’avance sur le programme, le maire pas là, et plus de Tour pendant des années dans la cité Phocéenne. Menté, c’est aussi l’orage terrible, l’ambiance crépusculaire, et la chute de luis Ocana en bas du col, son abandon. Et Merckx qui ne porte pas le maillot jaune le lendemain ! La légende du Tour qui s’enrichit. Ce col de Menté est une spendeur : des courbes bien dessinées, des murs pour empêcher le ravinement et des paysages somptueux, pas trop hauts, une station de ski au sommet. Bref, un paradis de la nature qui culmine à 1349 mètres. C’est là que le grupetto prendra sa forme presque aboutie, pas sûr que ça rentre dans la vallée avant Le balès.

Descente somptueuse, pensée émue à Luis Ocana et c’est parti pour Saint Béat, début d’une transition de plus de 15 kilomètres vers Mauléon Barousse, pied du port de Balès. 19 kilomètres de bonheur comme l’annonce la banderole au pied. Bonheur tout à fait relatif quand même car pour atteindre les 1755 mètres du sommet, on part de 612 … Dans la palette de couleurs du Tour, ça oscille entre rouge : de 6 à 9% et noir, au delà et même bien au delà … 1.5 km à 15% ça fait mal ! Du cousu main pour purs grimpeurs. Dans l’ultime partie forestière, on a hâte de terminer pour découvrir les estives, les troupeaux et la vue sur le pic d’Aneto, plus haut sommet des Pyrénées, à plus de 3000 mètres.

Le port de Balès fêtera en 2017, les 10 ans de son premier passage. C’était Foix-Loudenvielle et le goudron fondait. La route avait été propulsée par le sénateur François Fortassin, révélée par la Route du Sud et on peut le dire, magnifiée par le Tour. Au vu des 3 passages de plus d’un kilomètre à 15%, on se dit que Pierre Latour est un fameux grimpeur pour avoir suivi Quintana et Contador sur la Route du sud 2015. Respect ! Quand on entend un coureur qui grimpe plutôt bien nous dire « ouf, on entre dans du 9% » ça montre qu’on est en dehors des canons habituels. Les pros vont monter à 18/20 à l’heure, on est dans un autre monde.

Ensuite, longue descente vers Saint Aventin, virage à droite et Peyresourde permettra aux coureurs de récupérer des forces et du ravitaillement. On est encore loin du final et il reste deux chapitres à écrire. Peyresourde, c’est roulant, ce n’est pas Chris Froome qui dira le contraire côté descente, route large, sans atteindre des pourcentages énormes, disons une moyenne de 8%, mais il entamera encore un peu plus les organismes, et les chances des échappés de la première heure d’aller au bout. Même si les Vosges, le Jura et la première dans les Alpes auront déja décanté la valse des couleurs, on n’imagine pas les coureurs du Tour jouer petit bras sur une telle étape.

Peyresourde avalé et la Haute Garonne laissée pour de bon, bienvenue pour le final. 4 kilomètres de descente, pas de quoi affoler Froome, et direct à gauche, direction la sation de Peyragudes qui fêtera le 5ème anniversaire de l’accueil du Tour 2012, victoire de Valverde, suivie en 2013 par la victoire d’Alexandre Geniez sur la Vuelta. Ca sera court, près de 3 kilomètres mais il faudra tout donner, sur une vraie course de côte, après 210 bornes et déja plus de 4000 mètres de dénivellation positive ! Ne ratez pas les 5 dernières minutes, Christian Prudhomme, fidèle a ses habitudes, a levé la tête pour faire une arrivée encore plus proche du centre de la station, et carrément sur l’altiport, là où James Bond a officié dans « demain ne meurt jamais », il y aura 20 ans en 2017 ! Qui va planer sur ce final, qui va battre de l’aile, qui aura la carrelingue froissée ? Les 500 derniers mètres sont à 17/20%, irrespirables, un final à « la planche des belles filles ».

Les caméras fixes derrière l’arrivée découvriront les coureurs au dernier moment, à la sortie d’un mur, où le scenario pourrait être celui d’une bagarre royale sur ces 3 derniers kilomètres et ce point d’orgue, digne du festival de cannes, le tapis rouge et les marches en moins. Un pronostic, allez disons qu’il y a bien plus de chances de voir Chris froome triompher que la reine mère sauter en parachute ! Tout nous y mène, la citoyenneté, mais surtout la formidable capacité à mouliner sur de telles pentes, et puis, et puis, quand on a Sky sur son maillot avec le label 21st Century fox, il n’y a pas photo, mais un écran, le grand, forcément.

En conclusion de cette superbe journée, qu’on souhaite aussi incandescente pour les coureurs et suiveurs le 13 juillet, on soulignera l’immense plaisir qu’on a toujours à rouler sur ces belles routes Pyrénéennes, bien accompagnés qui plus est. Alors merci à Hélène qui n’était pas seule avec les garçons, Sophie, Pierre qui nous a fait l’assistance Shimano comme aux mondiaux ! Marc le chef d’orchestre, Patrick « mister Roc Trophy », Emile « 160 vélos d’époque reconstitués Luis Ocana, et le vainqueur de la Vuelta 1975 en derniers ». Manu « stage Dolomites 2017 », Serge, Yves, Quentin, Florent « l’artiste pitre », Robin la cadreur-monteur qui, mine de rien, a une sacrée pression ! Et le Président du Conseil Départemental et de la sation de Peyragudes : Michel Pelieu. Il a pris sur ses vacances pour nous accueillir, rien à dire, les Hautes Pyrénées sont des sommets de convivialité, des cols hors catégorie même!  Merci et rendez-vous pour la vidéo de cette étape, aux environs du 10/15 novembre.