Rudy, comment se sont passés vos deux jours de course après la première étape de repos ?
C’étaient deux étapes de transition, où j’ai essayé de récupérer au maximum. Mais je suis un peu malade depuis hier, j’ai un gros mal de gorge, une petite angine, donc je ne suis pas au mieux. Je ne suis pas à 100 %. Aujourd’hui c’était un peu plus stressant qu’hier, on ne le voyait peut-être pas à la télévision mais il y avait un gros vent de côté toute l’étape. Il y avait de la tension dans tout le peloton alors qu’hier c’était une journée tranquille.

C’est ce qui explique le fait que vous n’ayez pas essayé de vous glisser dans une échappée ?
Oui, l’objectif c’était vraiment d’en garder sous la pédale au maximum. Les étapes qui arrivent sont vraiment dures donc il ne faut pas jeter ses forces dans une bataille qui ne sert à rien. Quand on voit comment s’organisent les équipes de sprinteurs… Pour avoir été à leur place en première semaine je sais très bien que c’est inutile de s’échapper, à part faire de la télé.

Hier soir, Yoann Offredo a poussé un petit coup de gueule par rapport au manque d’envie d’attaquer de loin des coureurs. Que pensez-vous des échappées sur les étapes promises aux sprinteurs ?
Je pense que c’est plus par déception qu’il a poussé ce coup de gueule, peut-être pour se faire remarquer. Après on sait très bien que sur le Tour il y a l’élite du sprint mondial et les sprinteurs ne viennent pas pour laisser partir une échappée. Sinon ils ne vont pas sur le Tour. Cette année il y a un profil qui avantage les sprinteurs, avec sept arrivées qui leurs conviennent. Donc on sait qu’il y a sept étapes où ce n’est pas la peine de s’échapper, ou alors pour faire de la télé. Cela fait partie du Tour et quand on propose un parcours comme ça on connaît le scénario d’avance.

Au début du Tour, vous rouliez en tête de peloton, les étapes sont maintenant différentes pour la FDJ…
Oui, on a quand même gardé la carte Davide Cimolai pour le sprint, avec Olivier Le Gac pour l’emmener. Ils essaient tous les deux d’aller frotter dans le final. Mais avec Arthur (Vichot) et Thibaut (Pinot) nous sommes vraiment sur la défensive et le but est d’essayer de s’économiser car avec les étapes qui arrivent nous allons essayer d’être devant.

Vous étiez habitués à courir pour Arnaud Démare sur ces étapes. Maintenant que faites-vous, pendant plusieurs heures, au chaud dans le peloton ?
Hier, j’ai pu discuter. On revoit un peu les copains, on arrive à discuter un petit peu. Par contre sur une étape comme aujourd’hui je n’ai pas pu beaucoup parler. Nous étions tout le temps sur les freins, il y avait beaucoup de vagues, beaucoup d’à-coups, beaucoup de nervosité. Ce n’était pas du tout une étape où nous pouvions nous relâcher. Il y a eu beaucoup de chutes donc aujourd’hui c’était concentration et la tête dans le guidon, ce n’était pas trop possible de se disperser.

Avec qui discutez-vous quand les étapes sont plus calmes ?
Avec d’anciens coéquipiers, des collègues d’entraînement comme Amaël Moinard, Warren Barguil, entre Français, avec Nicolas Roche ou Philippe Gilbert par exemple. Le plus souvent, c’est avec des coureurs que je côtoie à l’entraînement. On se connaît bien, on se retrouve sur les courses et on a toujours des choses à raconter.

N’est-ce pas surprenant de voir toutes les équipes de sprinteurs rouler derrière les échappées, Lotto-Soudal en particulier, alors que Marcel Kittel domine largement les sprints ?
Ce sont des équipes qui ont amené un sprinteur donc ils croient toujours en leurs chances. Nous ne sommes pas à l’abri que Kittel crève dans le final ou soit enfermé à un moment, qu’il ait un incident. Je crois que les sprinteurs ont vraiment envie de jouer leur chance même s’ils savent que Kittel est plus fort. Je me mets à leur place, ils ont mis tout en œuvre pour être bien sur le Tour. Là, ils tombent sur plus fort qu’eux. C’est vrai que ça paraît peine perdue comme ça, mais si on ne tente pas… Ils pourraient cependant laisser faire Quick-Step. Les Lotto-Soudal roulent alors que Greipel est un peu juste cette année, mais c’est leur stratégie et c’était une des dernières arrivées au sprint. Donc le scénario était connu d’avance.

Comment abordez-vous les deux étapes qui arrivent ?
Pas sereinement car j’ai un gros mal de gorge depuis hier. Je suis sous antibiotiques donc je vais voir comment les jambes répondent mais je pense que ce seront deux étapes difficiles. J’espère avoir récupéré pour la dernière semaine et bien finir dans les Alpes car pour l’instant je ne suis pas trop serein pour les Pyrénées.

Comment se sent Thibaut Pinot avant ces deux jours de haute montagne ?
Le Port de Balès est un col qu’il connaît bien, je pense qu’il a envie d’être devant. Mais demain, pour prendre l’échappée, ce ne sont pas des routes escarpées donc il va falloir un peu de réussite. C’est une longue étape et le facteur chance jouera pour être devant. Ca ne va pas être facile.

Propos recueillis par Adrien Godard