Joanne, en quoi la célébration de ce 50ème anniversaire est différente des précédents que vous avez organisé ?
Le 50ème anniversaire est forcément spécial. C’est la même chose pour tous les anniversaires, si vous arrivez à 50 ans ça va être quelque chose de spécial par rapport au 40ème ou au 30ème. Pour moi et pour toute la famille cela va être particulier car j’ai fais une grande réunion de famille et beaucoup de membres de la famille seront là. Environ vingt viennent d’Australie, d’autres d’Angleterre, c’est spécial car nous serons tous ensemble.

Quel est le programme de cette journée, ce sera fait pour la famille ou pour tous les cyclistes ?
Chacun est le bienvenu. Nous partirons de Bédoin à 9h et chacun peut venir avec nous. Bien sûr, tout le groupe ne pourra pas rouler ensemble car il y aura des niveaux différents, mais l’objectif est que tout le monde, 3h30 plus tard, soit arrivé au sommet. Je pense que c’est un temps raisonnable si vous êtes un peu entraîné.

Le 17 juin, pendant la cyclosportive hommage à Tom Simpson, chacun avait une fleur et le même maillot. Est-ce que ce sera le même principe ?
J’ai dessiné un maillot pour cette journée. J’ai donné l’opportunité à ceux qui étaient intéressé de l’acheter. Apparemment, beaucoup en auront car il n’y a pas à payer pour participer à cet événement, et ça serait une bonne chose que tout le monde soit habillé de la même façon.

C’est inspiré du maillot Peugeot qu’il portait ?
Oui, c’est une copie, exactement le même sauf qu’à la place de Peugeot c’est écrit « Simpson », et nous avons les liserés de champion du monde, un signe représentant le maillot jaune, le drapeau de l’Angleterre, son numéro de dossard de l’époque, le 49, et ensuite ses derniers mots « Put me back on my bike » (Remettez-moi sur mon vélo).

Vous n’aviez que 4 ans quand votre père a disparu, tout le monde vous a raconté beaucoup de choses sur lui. Cinquante ans plus tard, quel recul avez-vous ?

Je n’ai qu’un seul souvenir de mon père. Je me souviens de lui, entrant dans la maison, arrivant dans la cuisine, ouvrant le frigo et buvant du lait à la bouteille. Nous n’étions jamais autorisés à boire du lait à la bouteille. Et par la suite, à chaque fois que je voyais ce type de bouteille de lait, je pensais à mon père. Presque tous les jours, car nous buvions beaucoup de lait.

Vous n’en avez jamais eu marre d’entendre tout le temps les gens vous parler de lui ?
La seule histoire que j’entends venant d’autres personnes à propos de mon père, et que je ne supporte pas, est celle qui dit qu’il est la première personne à être décédé à cause du dopage. Et je ne réponds pas à ces questions. J’ai recherché les rapports de son autopsie ces deux dernières années. Par un avocat, j’ai maintenant la preuve qu’ils ont été détruits entre 1995 et 1997. Donc si quelqu’un écrit quelque chose sur mon père en rapport avec le dopage, qu’il me donne le rapport d’autopsie car c’est qu’il l’a.

En 1968, un an après le décès de Tom, le Tour partait de Vittel, et les ravitaillements en course étaient pour la première fois autorisés. Pensez-vous que votre père ait été victime de cet ancien règlement ?
Bien sûr, ils n’avaient droit qu’à quatre bidons donc évidemment il était en déshydratation. De plus, dans ses pensées, il ne pouvait pas abandonner à cause de l’argent en jeu. Il allait changer d’équipe, et le directeur sportif de sa future équipe lui a dis que son contrat dépendrait de ses résultats sur le Tour de France (Salvarani, ndlr).

Aujourd’hui, le cyclisme en Angleterre est très populaire, les Anglais sont de plus en plus présents sur les cyclosportives. Quel est l’impact de coureurs comme votre père ou Barry Hoban sur cet aspect par rapport à la génération de Chris Froome ou Bradley Wiggins ?
Je pense que ce qui a aidé, c’est l’organisation d’un départ du Tour de France en Angleterre. Cela a boosté le phénomène et beaucoup d’Anglais sont remontés sur leur vélo. Regardez l’engouement pour le Tour du Yorkshire. Bien sûr, ce n’est pas la France ou la Belgique mais le Tour de France leur a donné envie.

Pensez-vous que votre père est plus connu en Angleterre ou en France ?
Il est très mal connu en Angleterre. Sauf si vous êtes dans le cyclisme, là bien sûr il est connu, mais pas par monsieur tout-le-monde. Il est nettement  plus connu en Belgique, où nous avons vécu, et en France.

Avez-vous déjà pensé à faire un musée en hommage à votre père ?
Tous les 5 ans, je fais quelque chose pour mon père. La première fois c’était en 1997, je suis venu au Mont Ventoux pour la première fois. Ensuite en 2002, je suis venu en vélo depuis la Belgique jusqu’au Ventoux. La dernière fois, en 2012, j’avais une photo de Bradley Wiggins dans ma poche arrière et je l’ai déposée sur la stèle de mon père en lui disant « regarde, ce gars-là a fait de ton rêve une réalité. » Et là, nous organisons une formidable réunion de famille.

Combien de personnes de la famille sont présentes ?
J’en ai invité 200. Dans la journée, nous aurons une réception privée pour que seule la famille soit réunie. Et Bradley Wiggins sera également là avec sa femme.

Avez-vous déjà une idée de commémoration pour les 60 ans ?
Peut-être un musée, pourquoi pas. Peut-être que dans 5 ans j’aurai une maison près du Ventoux et que je voudrai faire un musée avec seulement des affaires de Tom Simpson (ci-dessus, les gants qu’il portait lors de ses Mondiaux victorieux, à San Sebastian, en 1965). J’aimerais bien.

A quel coureur actuel, ressemblait votre papa?

Peter sagan, sans hésitation.

En bonus : la vidéo (n°3 dans la liste) de Thomas De Gendt, dernier vainqueur au Ventoux, qui participe à la rénovation de la Stèle de Tom Simpson.