Il y a des ascensions qui sont intimement liées aux plus grands champions du sport cycliste. L’Izoard évoque les raids de Louison Bobet, le Puy de Dôme, le duel Anquetil-Poulidor, et ainsi de suite. On pourrait dire que le nom de Marco Pantani est directement associé à l’Alpe d’Huez où il a triomphé à deux reprises. Mais c’est chez sa voisine des Deux Alpes qu’il a signé l’un de ses plus beaux exploits. En sortant du peloton sous la pluie glaciale dans le Galibier en 1998, l’Italien allait renverser Jan Ullrich et le priver d’un deuxième sacre à Paris en s’imposant dans la station au pied du glacier de Mont de Lans. Aussi, le spectre du Pirate flotte sur ce Granfondo Les Deux Alpes.

Les organisateurs proposaient d’ailleurs de se frotter au temps de Marco Pantani le samedi avec un chrono en côte sur les 9 derniers kilomètres de l’ascension, avant la cyclosportive à proprement parler, qui s’est déroulée le 25 août dernier. Deux parcours étaient alors proposés. Le grand parcours de 145 kilomètres demandait de franchir le col d’Ornon (1185 mètres) suivi de l’ascension de l’Alpe du Grand Serre (1360 mètres), de la montée de La Garde avant la grimpée finale vers Les Deux Alpes. Mais c’est le petit parcours de 70 kilomètres qui a retenu notre attention. Petit, mais costaud avec 2400 mètres de dénivelé au total. Un sacré menu !

Chose tout à fait originale, si le rassemblement est donné dans la station, le départ n’est donné qu’à Freney-d’Oisans, 12 kilomètres plus bas. Une voiture accompagnant les concurrents du grand parcours, puis du petit 15 minutes plus tard. Les parcours sont donc séparés alors que le départ est donné au même endroit avec une voiture régulant la vitesse, c’est dommage. Certains eux ont même zappé le rassemblement des Deux Alpes en se donnant directement rendez-vous à Freney-d’Oisans où le chronomètre était lancé. Et on les comprend, car débuter par une descente de col à 8h30, n’est jamais idéal en terme de confort.

Passé ses péripéties, les participants au moyen parcours ont pu découvrir le col de Sarenne, dans le sens inverse du peloton du 100ème Tour de France. Les paysages sont absolument grandioses. Ça part très vite, malgré les pentes à 12 % au pied du col après le barrage du Chambon. La difficulté ne faillit pas à sa réputation et ceux qui ont pris la peine de lever la tête n’ont sans doute pas été déçus. Après une descente jusqu’à la Garde, les organisateurs ont réservé une nouvelle belle surprise à tous les participants du petit parcours : une boucle sur les Balcons d’Auris. Une petite route perchée dans la montagne avec des roches apparentes. En deux mots un nouveau panorama sublime. S’en suivait alors une descente vers Freney-d’Oisans avant la remontée vers Les Deux Alpes, pas forcément compliquée.

L’évènement n’a pas rameuté les foules avec 81 classés sur le grand parcours et 139 sur le petit. Est-ce la trop grande difficulté de l’épreuve ou sa place dans le calendrier à la fin de l’été qui a découragé les cyclos des alentours à s’y rendre ? Sans doute les deux à la fois. Mais il est vrai que ce Granfondo des Deux Alpes mérite bien mieux. Encore faut-il que l’organisation mette le paquet. Si les prestations sont de qualité, on a la sensation qu’il y a une belle marge de progression si la station y met les moyens. Et c’est peut-être là que le bât blesse puisque Les Deux Alpes ne cachent pas leur préférence pour le VTT.

Comme on l’a déjà signalé, n’allez pas croire que les routiers sont complètement délaissés à l’occasion de ce Granfondo. Les ravitaillements sont bien fournis avec sandwiches déjà préparés, et autant de sucré que de salé, des signaleurs au rendez-vous, et des prix remis aux trois premiers de chaque catégorie. Mais le repas à l’arrivée plutôt simpliste, et le départ plutôt brouillon, couplé à des paysages à couper le souffle nous laissent à penser que ce Granfondo Les Deux Alpes a une belle marge de progression qui pourrait faire de lui une des plus belles et plus difficiles cyclos de France.

Classement 70 km :

1. Michael Gallego en 2h10’20 »
2. Remi Bizzozzero en 2h18’12 »
3. Jeremy Brunello en 2h20’15 »
4. Sébastien Biau en 2h20’43 »
5. Brice Aerts en 2h21’55 »
6. Dario Giovine en 2h22’19 »
7. Patrick Gueraud en 2h23’55 »
8. Nicolas Ribotto en 2h24’12 »
9. Cyril Quartelli en 2h25’21 »
10. Sebastien Mailfait en 2h26’20 »

Classement 145 km :

1. Christian Charriere en 4h36’35 »
2. Wouter Sybrandy en 4h37’46 »
3. Nicolas Ougier en 4h38’25 »
4. Frederic Ostian en 4h39’08 »
5. Jerome Phanon en 4h39’08 »
6. Eric Leblacher en 4h42’49 »
7. Peter Hawkins en 4h43’16 »
8. Kenny Nijssen en 4h43’22 »
9. Adrian Czibere en 4h43’22 »
10. Pierre Fontcuberta en 4h45’42 »