De Bastia à Porto-Vecchio, de la Haute-Corse à la Corse-du-Sud, l’Explore Corsica a pris de la hauteur. 131 kilomètres, 2400 mètres de D+, on nous avait dit que ça allait piquer, pas qu’un peu, mais c’est le salaire de l’étape reine de cette première édition. Reine de beauté assurément, on peut dire que c’est dur mais tellement beau que la fatigue se dissipe assez vite. De Porto-Vecchio à Porto-Vecchio, sur les routes du Grand Départ du Tour 2013 et du Critérium International, que demander de mieux ? Départ 8h00, depuis le port, bateaux à quai, sympa, on part une heure plus tôt que la veille, mais il fait bien plus chaud, pas de doute, on est en Corse du Sud.

A la différence de Bastia où on attaquait le col de Téghime dès le départ, là c’est l’inverse, 55 kilomètres, direction Solenzara, vue sur la Méditerranée, au milieu des lauriers roses et blancs, que demander de mieux pour se mettre en jambes, on ne dit pas s’échauffer, pour ça tout va bien. C’est l’occasion de discuter avec les coureurs, Siskevicius et ses ambitions sur le Dauphiné, Frank Schleck super content de sa Gran Fondo, 1600 partants pour une première ! Qui nous dit aussi qu’il n’a pas pris 1 kg depuis sa fin de carrière, on se disait aussi… Et puis, des inconnus célèbres, de Dunkerque plus que des Hauts-de-France, d’Issoudun, le dossard 101, ça rime, et plein d’autres qui ont lu l’article d’hier, ça promet pour aujourd’hui !

Solenzara, on tourne à gauche direction les montagnes, on laisse le vent de la mer, et le premier secteur chrono est annoncé, ravito situé un peu avant, on refait les niveaux, et c’est parti pour 7 kilomètres de grimpée pour arriver à 600 mètres d’altitude, sur route de super qualité, avec des passages entre 10 et 15 %, et au milieu d’une pure splendeur. Lever la tête du guidon, jamais l’expression n’aura autant été validée, vue sur les pinèdes d’où les aiguilles, et bien sûr sur les falaises superbement découpées, les dentelles de Montmirail, puissance 20, la Corse, quoi ! Sommet, un ravito a été rajouté, 3 kilomètres de descente, très belle et c’est le deuxième secteur : 9 kilomètres et on arrive au sommet à 1220 mètres. Le sommet des aiguilles, et là, ça pique car la fatigue s’accumule et la chaleur…

Descente vers Zonza, comme hier mais le N a été remplacé par le Z, super descente au début mais ensuite, beaucoup plus scabreuse, routes en travaux, sable, routes déformées, les organisateurs ont eu bien raison de neutraliser des parties comme ça. Carbini, encore un ravito, qui ont le bon goût de proposer jambon du maquis, figatelli, fromage de Corse, figues, etc. On est venu goûter à la Corse, on n’est pas déçus. Accueil des bénévoles locaux et du continent, super sympas, la convivialité est de mise, on attaque le troisième secteur chrono, sur une route superbe, on voit que le Critérium International a laissé des traces ! Pas de gros pourcentages, assez roulant 6/7 % de moyenne, de quoi faire la différence entre les costauds qui ont du gérer le vent de face eux aussi et les autres, tous les autres, ceux, celles dont l’ambition est de finir.

Le quatrième secteur fait trois kilomètres de plat ou presque, avec le vent qui s’est levé, on approche de Porto-Vecchio et de la mer ! Il a été précédé par une descente du col de Baccinu, à 800 mètres d’altitude, une pure beauté, belle route, large, peu technique, de quoi se faire plaisir avec vue sur Porto-Vecchio et la Méditerranée, le salaire de la montée. Arrivée à Porto-Vecchio, direction le bateau, la douche, le repas, le massage, etc. Fin des hostilités pour les coureurs mais début de l’activité pour les hommes et les femmes de l’ombre ou presque. A commencer par les jaunes de Mavic, on ne parle pas du maillot de leader de Nicolas Roux qui découvre la Corse, après un séjour à Tahiti, et qui n’est pas pas victime du décalage horaire, c’est vraiment trop injuste pour les autres ! Les Mavic sont cinq, et depuis l’ouverture du garage à Vélo, en gros 6h30, jusqu’à 19h30, hier, ils n’arrêtent pas. Les Saint-Bernard du vélo en quelque sorte. Pour les heures sup, voir du côté des masseuses, Laure et Béatrice et leurs collègues, elles ont assuré jusqu’à 23h00 hier, et avec une étape aussi costaud, la limite pourrait être dépassée, bravo à tous ces personnages essentiels à la réussite des événements comme l’Explore Corsica.

La journée passe très vite tant l’enchaînement des activités est bien géré, podiums à 17h30/18h00, l’occasion de placer le seul carton jaune forcément, on ne comprend pas pourquoi les leaders des classements ne portent pas leurs maillots distinctifs, à corriger sûrement pour 2018, mais ça le sera forcément. Entre-temps, les activités sont nombreuses, on peut en citer deux, la bateau est un véritable musée flottant, la collection d’un passionné est exposée, et on retrouve des images d’époque du Tour. Lucien Van Impe par exemple sur le Tour victorieux de 1976, Jean-Pierre Genet, des affiches d’événements, dont celle des Championnats du Monde 1996 à Montreuil, celui du gendre de Poupou, du Tour de Romandie, superbe initiative, marier le sport à la culture. Autre bonne idée, l’exposition l’Echappée, celle qui sera sur Marseille prochainement, à l’occasion du passage du Tour, bien sûr, plein de maillots d’époque, des affiches, des communiqués comme celui de Paris-Roubaix 1956, où on informe les coureurs qu’ils vont voyager en troisième classe !

Demain samedi, troisième étape, on passe de Porto-Vecchio, et direction Propriano : 96,9 kilomètres avec 1850 mètres de D+.