Une personnalité du cyclisme nous raconte son plus beau souvenir de Tour de France. Une façon de retracer l’Histoire du Tour de France et de ses 101 éditions.

Nicolas, s’il ne devait vous rester qu’un Tour de France en mémoire, quel serait-il  ?
Sans aucun doute, c’est mon premier Tour de France en 2003 lors de ma deuxième année pro. C’était le Tour du centenaire avec le prologue sous la Tour Eiffel et plein d’autres images exceptionnelles. Lever les yeux lors du prologue et voir la Tour Eiffel c’était formidable. On était juste à côté et elle fait partie du patrimoine français. C’était un rêve d’enfant qui se réalisait même si ce n’était alors pas un objectif puisque j’étais plus football et ensuite vététiste. Je n’aurais jamais pensé faire le Tour. C’était pour moi quelque chose d’irréel. C’est un événement incroyable.

Quel autre souvenir en gardez-vous ?
Richard Virenque avait pris le maillot à pois grâce à une chevauchée fantastique dans le Massif Central. À la Richard Virenque. C’était un moment fort pour le public français. C’était bizarre pour moi. Tout un peuple était derrière lui, la Richardmania. Je n’ai jamais vu une telle ferveur pour un autre coureur français que lui. Cela m’a marqué. J’ai aussi des souvenirs liés à mes échappées avec quelques places d’honneur, à Toulouse notamment lors de la victoire de Juan-Antonio Flecha.

Comment aviez-vous vécu ces trois semaines à haute intensité ?
J’avais fait la Vuelta l’année précédente. Je m’étais trouvé de mieux en mieux. Surtout en dernière semaine. Sur le Tour c’était pareil. J’étais assez stressé en première semaine, et après j’ai trouvé mon rythme. L’événement aussi est différent. Il y a beaucoup plus de médias, beaucoup plus de monde au bord de la route. On a du mal à se parler entre nous, il y a beaucoup de bruit. Une fois que j’ai trouvé mon rythme, je me suis senti libéré. J’ai souvent pris l’échappée que ce soit dans les Alpes ou vers Toulouse. Je me suis régalé. Je n’ai presque pas eu la sensation que c’était dur ! Ça l’était psychologiquement et nerveusement. Mais j’en ai gardé un excellent souvenir.

Quels autres moments gardez-vous en mémoire pendant et après votre carrière ?
Il y en a eu d’autres exceptionnels quand j’étais chez Caisse d’Epargne quand on a gagné le Tour avec Oscar Perreiro, même s’il y a eu le déclassement de Floyd Landis. On a roulé pendant toute la dernière semaine avec le maillot jaune ! Le troisième Tour qui m’a marqué, c’est celui de l’an dernier où j’étais le leader des directeurs sportifs avec Froomey qui était lui aussi leader pour la première fois. C’était quelque chose de particulier avec pas mal de différences en termes d’émotions, de feeling, de stress. Je ne l’oublierai jamais.

Le moment le plus fort est-il la remontée des Champs-Élysées le dernier jour ?
L’an dernier, sur les Champs, on en parlait avec Servais Knaven qui était en voiture numéro 2. On a fait plusieurs fois l’arrivée, mais pour les coureurs, ça symbolise la fin d’une aventure. C’est un vrai raid. Il faut savoir passer au travers des chutes, de la malchance, de la maladie. C’est un peu la Coupe du Monde d’un footballeur. Les Champs-Élysées, c’est fort pour un Français, mais ça l’est aussi pour un étranger. C’est la plus belle avenue du monde qui est ouverte rien que pour nous une fois par an ! J’étais sur le bord du trottoir plutôt que sur le pavé. Venant du VTT, ça ne me dérangeait pas. Il y a le risque de taper la pédale, mais ce n’était pas un problème pour moi.

Vous êtes aussi l’un des premiers vététistes à avoir fait ensuite une carrière sur la route…
Je ne suis pas connu comme un grand vététiste comme peuvent l’être Cadel Evans ou Jean-Christophe Péraud. Je me rappelle quand j’ai eu le choix à faire entre l’équipe de France route et VTT, Yvon Vauchez, le sélectionneur national s’est un peu arraché les cheveux. C’est assez difficile pour un jeune athlète de faire un choix. Pour moi c’était pareil.