Le retrait définitif de Maryline Salvetat ouvrait une voie royale à Christel Ferrier-Bruneau dans l’optique d’un premier titre national en cyclo-cross. Or la concurrence s’est élevée de l’arrière et Caroline Mani (Vienne-Futuroscope) s’est montrée la plus coriace dimanche sur le circuit glacé de Liévin. En novembre déjà, la jeune femme s’était annoncée en s’imposant pour la première fois dans une manche du Challenge National, chez elle à Besançon. Cette fois, elle s’est accrochée dans les roues, toujours au bord de la rupture, pour tirer profit d’une course de marquage en sortant dans le dernier tour. En anticipant ainsi le sprint, où elle aurait vraisemblablement été vaincue par plus rapide qu’elle, Caroline Mani s’est envolée vers le maillot tricolore. Une tunique qu’elle aura grande fierté à honorer dans les prochains grands rendez-vous de cyclo-cross.

Caroline, vous êtes devenue championne de France au terme d’une course difficile, comment l’avez-vous gérée ?
Ca a été une course difficile car nous nous sommes détachées à quatre dès le départ avec Christel Ferrier-Bruneau, Pauline Ferrand-Prévot et Lucie Chainel. Nous nous sommes beaucoup regardées durant la course. A chaque fois, Maureen Demaret rentrait sur nous quand nous nous relevions. Personnellement, j’ai pas mal subi la course. Christel a porté de nombreuses accélérations pour essayer de partir. Moi j’étais un peu derrière, en retrait, à subir.

Vous ne vous sentiez donc pas particulièrement supérieure aux autres ?
Je ne pensais pas être la plus forte. Physiquement, quand Christel accélérait, je subissais. Heureusement mes adversaires ont roulé à chaque fois derrière elle, que ce soit Pauline ou Lucie. Ce n’était jamais moi qui allait la chercher parce que j’étais un petit peu à la rupture physiquement.

Ne pouvant faire la différence sur le terrain, aviez-vous misé sur une arrivée au sprint ?
En qualité de sprinteuse, sur un sprint court, je ne pense pas être la meilleure. J’avais beaucoup réfléchi dans la semaine à l’éventualité d’une arrivée au sprint, et j’avais compris que pour avoir une chance de l’emporter il me fallait prendre les choses en main. Je suis donc passée devant à l’entrée du poste matériel, dans le dernier tour. Là, j’ai fait l’effort jusqu’au bout, sans me soucier de comment ça se passait derrière. Peut-être que les filles n’ont pas pensé que j’irais au bout mais je ne me suis plus relevée avant la ligne.

Finalement, tout semble s’être passé comme vous le souhaitiez ?
Je suis quelqu’un qui réfléchit beaucoup à la course avant qu’elle n’ait lieu. Cette semaine, j’en ai parlé avec une collègue et nous étions d’accord sur le fait qu’il fallait partir tôt à l’approche du sprint, car la ligne droite finale était plus courte qu’on ne le pensait. Il n’y avait pas plus de 150 mètres. Je pense qu’il fallait sortir en tête de la petite butte avant la ligne d’arrivée. Je savais qu’il fallait que je parte de loin car je n’ai pas forcément le petit truc dans les sprints où il faut déboîter. J’ai tenté aujourd’hui et ça a payé, c’est le principal.

Ce titre, y songiez-vous depuis longtemps ?
Avec mon entraîneur, nous nous étions fixés deux objectifs. Je devais gagner à Besançon dans le Challenge National et gagner le Championnat de France ! Je crois avoir rempli les objectifs. Maintenant, on va profiter un peu de la victoire puis se concentrer sur le Championnat du Monde. Nous essaierons d’y faire quelque chose avec le collectif, que ce soit avec Christel, Pauline ou les autres.

Propos recueillis à Liévin le 10 janvier 2010.