Après les retraits successifs de Laurence Leboucher et Maryline Salvetat, toutes deux d’anciennes championnes du monde de la discipline, il semblait écrit que la relève serait prise par Christel Ferrier-Bruneau, leur éternelle dauphine. L’année dernière déjà, la Languedocienne s’était annoncée en s’adjugeant le Challenge National. Elle ne devait dès lors plus souffrir d’aucune contestation cette saison sur les épreuves importantes du calendrier. Or voilà que Caroline Mani (Vienne-Futuroscope) a défié les pronostics dimanche à Besançon en tenant tête à la leader du classement général pour remporter, sur ses terres, la deuxième manche du Challenge National. Désormais, tous les espoirs sont permis pour cette jeune fille au palmarès prometteur, dont l’objectif est de se rapprocher progressivement du haut niveau international. La voilà sur la bonne voie.

Caroline, peux-tu revenir sur ta course de dimanche ?

Dès le départ, je me suis bien placée et j’avais comme objectif de suivre Christel, partie plus fort que moi dans le premier tour. Tout de suite les écarts se sont faits et je me suis retrouvée en duel avec Christel. A la fin du premier tour, j’étais en tête à cause d’une erreur de sa part (NDLR : une glissade dans une descente). Je n’ai pas voulu insister, je pensais qu’il était trop tôt pour partir alors elle est revenue dans le deuxième tour. J’avais besoin de me tester et de la tester elle aussi pour savoir si oui ou non je pouvais m’imposer. Nous avons fait un mano a mano toute la course et régulièrement j’accélérais le tempo pour tenter de la fatiguer. Christel est vraiment forte et elle a beaucoup de qualités donc il n’est pas facile de la battre. J’ai donc attendu le dernier tour, avec l’appréhension de ne pas arriver à faire un effort suffisant et que nous arrivions au sprint.

Parce qu’au sprint, tu penses que tu aurais été battue ?

Je pense qu’elle est plus à l’aise que moi sur un sprint avec ses qualités de routières, mais il faudra bien un jour que je me frotte à elle pour savoir ce que je vaux. En tout cas, je suis vraiment heureuse d’avoir remporté ma première manche de Challenge National à domicile. J’ai eu des frissons durant toute la course et dans la ligne droite d’arrivée quand tout le monde criait de joie.

Comment s’est passé le dernier tour de circuit ?

Christel a lâché à un endroit où je ne m’y attendais pas forcément. Au début du dernier tour, dans un devers montant, avant de reprendre un morceau de route. J’ai mis un bon tempo dans cette partie là, et quand je me suis retournée, j’avais pris quelques mètres, donc c’est à ce moment que, dans ma tête, j’ai su qu’il fallait que je continue mon effort si je voulais aller à la victoire.

Quels sont tes avantages ou désavantages vis-à-vis de Christel Ferrier-Bruneau ?

Ca, je ne peux pas le dévoiler à la presse, c’est secret défense (rires)

Après les départs de Laurence Leboucher et Maryline Salvetat, on croyait Christel Ferrier-Bruneau partie pour leur succéder. Ce n’est peut-être pas si évident que cela, qu’en penses-tu ?

C’est vrai que j’entends sans arrêt qu’après le départ des deux grandes championnes Maryline et Laurence, Christel devait prendre la relève, mais je n’ai pas dit mon dernier mot et je compte bien essayer de grimper dans la hiérarchie internationale et nationale comme mes aînées auparavant. Mais elles ont mis la barre très haut… Pour arriver à leur hauteur, il n’y a qu’une chose à faire : être championne du monde, rien que ça ! J’ai battu Christel mais elle reste la grande favorite. Et puis je pense qu’il ne faut pas oublier les autres, notamment la jeune Pauline Ferrand-Prévot, le baby de l’équipe de France, et notre copine Nadia Triquet-Claude, qui je pense elle aussi peut-être là.

Les retraits successifs de Laurence Leboucher et Maryline Salvetat ont-ils ouvert des opportunités pour les filles ?

Je ne dirais pas que le retrait de Maryline et Laurence ait ouvert des opportunités. Ce sont deux grandes championnes, et je regrette leur départ car je les apprécie beaucoup. Elles avaient tant de choses à nous transmettre, mais je reste en contact avec ! Leur présence nous tirait vers le haut, c’était une très bonne dynamique pour l’équipe de France !

Avant la manche finale du Challenge National à Quelneuc, rien n’est joué au classement général. Tous les espoirs sont-ils permis ?

Je n’ai pas pour objectif principal de remporter le Challenge National, mais évidement que je si l’opportunité se présente, je la saisirai sans hésiter.

Tu pratiques également la route et le VTT, quel bilan tires-tu de ton année 2009 ?

Pour moi, 2009 reste une année inoubliable. Je ne crois pas avoir raté grand-chose. J’ai réussi à cueillir cinq breloques ! 3ème du Championnat de France de cyclo-cross, 3ème du Championnat de France Espoirs du contre-la-montre, championne de France Espoirs VTT, 3ème scratch au Championnat de France VTT Elite, championne de France de relai VTT avec la Franche-Comté. Je ne peux pas être plus satisfaite, sans oublier ma 5ème place aux Championnats du Monde de cyclo-cross et mes podiums en Coupe du Monde VTT ! Je pense avoir passé un véritable cap cette année et j’espère encore progresser et réaliser un jour mon rêve. J’ai le même entraîneur, Mathieu Nadal, depuis que je fais du vélo, et il me connaît mieux que quiconque. On arrive ensemble à bien cibler et préparer les objectifs.

Que te manque-t-il encore pour tutoyer les podiums à l’échelon international ?

Il ne me manque pas grand-chose pour grimper sur un podium international mais c’est déjà bien assez. Je suis actuellement en train de travailler mes départs, les dix premières minutes, car j’ai du mal à frotter et rester au contact avec les meilleures. Et il manque évidemment encore un peu de force mais j’arrive !

Quels objectifs t’es-tu fixés sur cette saison 2009/2010 de cyclo-cross ?

Cette année, l’objectif est de se rapprocher de la tête de course, notamment du Top 5 à l’échelle internationale. Au niveau national, j’avais pour objectif Besançon et le France.

Comment envisages-tu les mois à venir entre le cyclo-cross, la route et le VTT ?

La transition se fera après le Mondial. Je pense m’octroyer quelques vacances avec les gens que j’aime. J’aurai besoin de changer un peu d’air courant février et après je reprendrai la préparation pour le VTT. J’ai signé dans une nouvelle équipe, BH Suntour, au côté de Michel Hutsebaut, et je le remercie car il est très compréhensif et ne m’empêche pas de faire du cyclo-cross. Cette année, je passe Elite en VTT, donc ça ne va pas être une année facile, mais je compte bien monter sur les podiums nationaux et essayer de rentrer dans le Top 15 mondial.

Propos recueillis le 24 novembre 2009. »Je n’ai pas dit mon dernier mot et je compte bien essayer de grimper dans la hiérarchie. »