C’est ce qu’on appelle une entrée en matière tout en douceur. Avant d’aller chercher les premiers contreforts du massif des Apennins dès demain, Tirreno-Adriatico offre une première occasion aux finisseurs de garnir leur palmarès. Une étape toute plate ou presque avec un kilométrage faible (153 bornes)  : tout est prêt à Cascina pour accueillir un emballage massif digne de ce nom. Les sprinteurs eux connaissent bien les lieux puisqu’ils y avaient disputé leur premier match à Tirreno l’an dernier. On se souvient qu’à l’époque, un jeune sprinteur, Matteo Pelucchi (IAM Cycling) avait damé le pion à toutes les grandes têtes d’affiche du sprint. Le scénario se répète aujourd’hui, à ceci près que tous les prétendants à la victoire n’ont pas pu exprimer leur talent à commencer par le vainqueur sortant, éliminé sur chute à 11 kilomètres du but.

Le peloton est alors déjà très nerveux. Le relief et le kilométrage n’ont rien d’insurmontable pour des coureurs professionnels qui abordent ce final encore bien frais. Les sprinteurs sont tellement pressés d’en découdre, qu’ils ont déjà annihilé la tentative de Jorge Castiblanco et Carlos-Julian Quintero (Colombia), Patrick Konrad et Cristiano Salerno (Bora-Argon 18), Martijn Keizer (Team LottoNL-Jumbo), Danilo Wyss (BMC Racing Team) et Edoardo Zardini (Bardiani-CSF). Les sept hommes n’ont pas mis longtemps à se mettre en action. L’avance maximale de plus de six minutes dont ils bénéficient paraît bien dérisoire compte tenu de leurs faibles chances d’aller au bout. Le peloton réduit progressivement l’écart jusqu’au moment où il revoit les hommes de tête à 15 kilomètres de l’arrivée. C’est là que l’étape commence pour beaucoup.

Encore protégés par leurs équipiers, les sprinteurs tentent de se frayer un chemin vers la tête du peloton sur les routes rectilignes qui mènent à Cascina. Inutile de dire que ça joue des coudes ! La chute dont est victime Matteo Pelucchi n’est malheureusement pas la seule qui va secouer le peloton. La plus grave intervient dans les 200 derniers mètres.

Elle va bien sûr éliminer certains candidats à la victoire et notamment Mark Cavendish (Etixx-Quick Step) et Elia Viviani (Team Sky). Le Britannique qui a pourtant réalisé la course parfaite est encore bien calé dans le sillage de son poisson-pilote Mark Renshaw. Quand il entraperçoit l’ouverture, l’ancien champion du monde tente de se faufiler dans un trou de souris. Le problème, c’est qu’Elia Viviani aussi. Cavendish déboite, l’Italien ne peut l’éviter, touche la roue arrière du Britannique et chute, entraînant avec lui quelques autres concurrents. Le coureur d’Etixx lui a déchaussé et assiste de loin au sacre de Jens Debusschere (Lotto-Soudal).

On ne présente plus celui qui s’était révélé en fin de saison 2013 et qui a su confirmer l’an dernier en glanant le titre de champion de Belgique. Mais pour entrer dans la cour des grands, il manquait encore au jeune sprinteur flamand de 25 ans un succès d’envergure au plus haut niveau mondial. Il profite de ce final houleux pour y remédier. Il serait pourtant injuste de réduire ce succès à un simple concours de circonstances. Jens Debusschere a su faire les bons choix. Ramené au meilleur moment par Jurgen Roelandts à l’avant du paquet, le champion de Belgique se cale ensuite dans la roue de Tyler Farrar qu’il déboite à 100 mètres de la ligne. Il parvient à contenir le retour de Peter Sagan (Tinkoff-Saxo) pour remporter sa première victoire WorldTour. Le Slovaque lui revient à la hauteur d’Adriano Malori (Movistar Team) au classement général.

Il aura l’occasion de prendre le maillot de leader demain entre Cascina et Arezzo (203 km).

Classement 2ème étape :

1. Jens Debusschere (BEL, Lotto-Soudal) les 153 km en 3h30’18 » (43,7 km/h)
2. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) m.t.
3. Sam Bennett (IRL, Bora-Argon 18) m.t.
4. Alexander Porsev (RUS, Team Katusha) m.t.
5. Tyler Farrar (USA, MTN-Qhubeka) m.t.
6. Magnus Cort-Nielsen (DAN, Orica-GreenEdge) m.t.
7. Roger Kluge (ALL, IAM Cycling) m.t.
8. Nicola Ruffoni (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
9. Zack Dempster (AUS, Bora-Argon 18) m.t.
10. Mark Renshaw (AUS, Etixx-Quick Step) m.t.

Classement général :

1. Adriano Malori (ITA, Movistar Team) en 3h36’22 »
2. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) m.t.
3. Fabian Cancellara (SUI, Trek Factory Racing) à 1 sec.
4. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) à 2 sec.
5. Matthias Brandle (AUT, IAM Cycling) m.t.
6. Maciej Bodnar (POL, Tinkoff-Saxo) m.t.
7. Daniel Oss (ITA, BMC Racing Team) à 4 sec.
8. Ramunas Navardauskas (LIT, Cannondale-Garmin) à 5 sec.
9. Stephen Cummings (GBR, MTN-Qhubeka) à 6 sec.
10. Martijn Keizer (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 7 sec.