Il y a un an à Londres, les sprinteurs avaient bouclé la course des Jeux Olympiques frustrés, piégés par des attaquants chevronnés en tête desquels Alexandre Vinokourov, quand tout le monde leur avait rentré dans la tête que les médailles seraient pour eux. Plus personne ne jure de rien aujourd’hui alors que ledit parcours est reproposé au gratin du cyclisme à l’occasion du RideLondon Classic. Le tracé des JO y est présenté dans ses grandes lignes, avec pour seule variation une extension dans le comté du Surrey. Si Mark Cavendish n’y est pas, de solides sprinteurs ont fait le déplacement dans la capitale britannique pour voir si cette édition-là leur sourira davantage que la course olympique. C’est notamment le cas de Peter Sagan (Cannondale), mais le Slovaque émoussé par son mois de juillet n’ira pas au bout de la course.

Ils sont sept à croire le sprint à nouveau évitable. Le groupe se dégage au kilomètre 44 sous l’impulsion de Ramon Sinkeldam (Argos-Shimano) et avec Clinton-Robert Avery (Champion System), Reidar Bohlin Borgersen (Joker-Merida), Mike Cuming (Rapha Condor JLT), Jonathan McEvoy (Team NetApp-Endura), Dominique Rollin (FDJ.fr) et Zico Waeytens (Topsport Vlaanderen-Baloise). Mais jamais les hommes qui composent l’échappée ne laisseront planer une quelconque menace sur les desseins des sprinteurs. Pas plus que Jack Bauer (Garmin-Sharp), Yoann Offredo (FDJ.fr) et Ben Swift (Team Sky), qui tenteront leur chance dans l’agglomération londonienne mais seront rejoints sur les quais de la Tamise à 6 kilomètres du but.

Vous l’avez peut-être noté, les FDJ.fr ont été omniprésents durant la course, d’abord avec Dominique Rollin, ensuite avec Yoann Offredo. Mais c’est encore avec Arnaud Démare, sa pépite du sprint, que l’équipe française possède son meilleur atout. Aussitôt le peloton regroupé, on voit les maillots bleus au trèfle à quatre feuilles se mouvoir à l’avant du paquet. Les coureurs de l’équipe FDJ.fr vont accomplir une fin de course de toute beauté, maîtrisant chaque étape de la préparation du sprint dans les rues de Londres. On longe l’abbaye de Westminster, que surmonte la Tour de l’Horloge qui abrite Big Ben, on vire sur Trafalgar Square, franchit l’Arche de l’amirauté, et c’est l’entrée sur le Mall, la large avenue londonienne au revêtement rougeâtre, comme un tapis rouge qui se déroule jusqu’à Buckingham Palace. Le sprint sera royal, forcément !

Et du rush qui conclut cette édition du RideLondon Classic se dégage un homme : Arnaud Démare ! Il y a un an, celui qui était alors champion du monde Espoirs et seulement néo-pro avait laissé derrière lui les meilleurs sprinteurs du monde sur la Vattenfall Cyclassics. Trois semaines avant d’y remettre son titre en jeu, le Picard de 21 ans s’arrache du peloton pour franchir la ligne victorieusement, un doigt pointé vers le ciel d’où son entraîneur Hervé Boussard, décédé en juin, aura forcément apprécié le nouveau succès d’envergure du jeune sprinteur français. Sur le Mall, Arnaud Démare précède Sacha Modolo (Bardiani Valvole-CSF Inox) alors que Yannick Martinez (La Pomme Marseille), qui confirme enfin son potentiel dans les sprints les plus relevés, vient compléter ce podium à l’accent bien français.

Classement :

1. Arnaud Démare (FRA, FDJ) les 220,5 km en 5h07’43 » (43,0 km/h)
2. Sacha Modolo (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) m.t.
3. Yannick Martinez (FRA, La Pomme Marseille) m.t.
4. Fabio Sabatini (ITA, Cannondale) m.t.
5. Danny van Poppel (PBS, Vacansoleil-DCM) m.t.
6. Zakkari Dempster (AUS, Team NetApp-Endura) m.t.
7. Raymond Kreder (PBS, Garmin-Sharp) m.t.
8. Christian Delle Stelle (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) m.t.
9. Christopher Sutton (AUS, Team Sky) m.t.
10. Ben Swift (GBR, Team Sky) m.t.