Tout l’été, Vélo 101 célèbre les anniversaires : les 20 ans de l’Etape du Tour, la 50ème édition du Tour de l’Avenir, la 100ème édition du Tour de France, les 20 ans des Championnats du Monde de VTT à Métabief, la 30ème édition du Roc d’Azur…

Charly, ça fera bientôt trente ans que vous remportiez le Tour de l’Avenir, en 1984. En gardez-vous un souvenir précis ?
Oui, je me souviens surtout des Pyrénées ! A l’époque, le Tour de l’Avenir en empruntait les grands cols. On montait les grands classiques, le Tourmalet, Aspin, Peyresourde… Et il y avait un grand contre-la-montre. Durant ces années-là, nous courions surtout contre les Russes et les Allemands de l’Est. C’était avant la chute du mur de Berlin. La moitié des équipes était composée de jeunes espoirs pros. Moi je courais pour Renault-Elf. L’autre moitié était composée d’équipes amateurs. Je me souviens aussi que nous avions droit à la visite de Jacques Goddet (NDLR : directeur du Tour de France de 1937 à 1988), qui venait assister à l’étape décisive dans les Pyrénées. Le Tour de l’Avenir, c’était déjà considéré comme un petit Tour de France pour les jeunes.

De quelle manière aviez-vous construit votre victoire ?
J’avais fait la différence dans le contre-la-montre puis j’avais suivi en montagne. Il y avait deux coureurs russes qui grimpaient très bien et nous avaient donné du fil à retordre dans les étapes de montagne. L’un d’eux a dû passer pro une année ou deux par la suite, pas l’autre. Avec les Allemands, dont les qualités n’avaient rien à envier à celles des pros, le niveau était quand même très élevé.

Quel impact a eu cette victoire sur la suite de votre carrière ?
Pour gagner le Tour de l’Avenir, il faut être un coureur complet, capable de rouler, de grimper. En 1985, j’ai fait mon premier Tour de France. Le Tour de l’Avenir a permis et permet toujours de situer un coureur. Beaucoup de ses vainqueurs ont ou bien gagné le Tour de France, ou bien été des acteurs influents sur les routes du Tour. C’est une suite logique et sportive infaillible.

Néanmoins, il y a une vraie marche entre le Tour de l’Avenir et le Tour de France ?
Même si l’un s’inspire de l’autre ce n’est pas du tout le même niveau. Fort heureusement pour le Tour de l’Avenir, qui est aujourd’hui réservé aux jeunes de moins de 23 ans dans le cadre de la Coupe des Nations Espoirs, dont il sert de support à la finale. A l’époque, c’était différent car il y avait une vraie séparation entre le cyclisme amateur et le cyclisme professionnel. Il y avait des courses Open d’un côté comme le Circuit de la Sarthe, le Tour du Vaucluse, des courses professionnelles de l’autre. La seule fois où on assistait à un mélange des catégories, c’était au Tour de l’Avenir.

Le Tour de l’Avenir, hier comme aujourd’hui, est-il à vos yeux un bon révélateur de talents ?
Oui, bien sûr, parce que c’est une course équilibrée avec toujours un bon contre-la-montre individuel, des étapes de montagne, des parcours variés. La seule différence désormais c’est qu’il se court par équipes nationales. On revient un peu à ce que nous avons connu lorsque les équipes de marque et les sélections nationales se côtoyaient.

Aujourd’hui, avec le recul sur votre carrière professionnelle, où situeriez-vous votre victoire dans l’édition 1984 ?
Symboliquement, on porte déjà un maillot jaune. C’était une course organisée à l’époque par la Société du Tour de France. On avait déjà l’impression d’être dans le Tour. Toutes les infrastructures du Tour étaient là, ce qui est encore vrai aujourd’hui sous la forme d’un simple partenariat puisque Philippe Colliou en est désormais l’organisateur, avec l’appui d’ASO et de l’UCI. Gagner le Tour de l’Avenir, c’est la confirmation qu’on est un bon coureur et qu’on peut un jour espérer finir dans les 10 premiers du Tour. Un gars qui fait de belles choses sur le Tour de l’Avenir, on le retrouve ensuite chez les pros à un très bon niveau.