On ne saura jamais à quel point l’annulation mercredi de la montée du Mont Brouilly aura pesé dans le résultat final du Paris-Nice 2016. Avec une ascension explosive en moins, soit une sacrée occasion de perdue pour Alberto Contador (Tinkoff), le classement affiché le long de la baie des Anges ne pouvait plus coller en tout point avec celui présagé il y a encore une semaine dans la froide grisaille francilienne. Mais dans un cyclisme assujetti aux caprices du ciel, il convient de s’accorder en permanence aux aléas. Et de se contenter de ce qu’on a. En l’occurrence, il restait à Contador une dernière opportunité de faire plier Geraint Thomas (Team Sky) dans l’arrière-pays niçois, au cours d’une étape truffée de pièges sur 147 kilomètres. Pour combler ces 15 secondes qui le séparaient encore d’un troisième succès dans Paris-Nice.

Et il n’était pas question d’attendre la bascule du col d’Eze pour saper les forces du Maillot Jaune. C’est dans la côte de Peille, à 50 kilomètres de l’arrivée, qu’Alberto Contador allait faire montre de son tempérament de feu en s’arrachant du peloton sur une attaque tranchante à laquelle personne, chez Sky, ne semblait vouloir porter crédit. Pourtant, le grimpeur madrilène retrouvait un peu plus loin deux solides gregarii présents depuis le matin dans une échappée matinale composée d’une vingtaine d’hommes, Robert Kiserlovski et Yury Trofimov. Aussitôt, les deux hommes se mettaient à plat ventre pour leur leader, qu’ils ramenaient sur les attardés d’un groupe de tête duquel ne subsistait bientôt plus que le seul Tim Wellens (Lotto-Fix All).

Sans céder à la panique d’un écart monté à la minute, les Sky réduisaient progressivement la différence jusqu’à rentrer sur le groupe Contador au pied des 7,7 kilomètres d’ascension du col d’Eze (gravi par le versant opposé à celui des futurs Championnats d’Europe). Tout était à refaire pour Alberto Contador et l’Espagnol, qui retrouvait à ses côtés le redoutable Rafal Majka, ne perdait pas un instant pour remettre la gomme au prix d’assauts répétés. Cette fois le peloton avait volé en éclats et on ne trouvait plus pour endurer les banderilles du Madrilène que les mieux placés au général, exception faite de Tom Dumoulin (Giant-Alpecin). Geraint Thomas, lui, pouvait encore s’appuyer sur un épatant Sergio Henao, entièrement dévoué à la cause de son leader en dépit d’une capacité supérieure à encaisser les à-coups de Contador.

Alberto Contador avait déjà tenté à quatre reprises de faire céder Thomas dans le col d’Eze, et il n’était pas question d’abandonner la partie au prétexte que Sergio Henao finissait toujours par ramener le Maillot Jaune dans sa roue. 2 kilomètres avant de plonger dans la descente sur Nice, le champion de Tinkoff allait donner un cinquième assaut décisif, auquel seul Richie Porte (BMC Racing Team) était en mesure de répondre. Ce coup-ci Geraint Thomas marquait le pas, attendu par son fidèle Henao, avec lequel il franchissait le sommet 30 secondes déjà après le duo Contador-Porte, qui devenait trio en rentrant en haut du col d’Eze sur le valeureux Tim Wellens. Une poursuite palpitante s’engageait alors dans les méandres de la descente sur la Promenade des Anglais, où 10, 6 et 4 secondes de bonification restaient promises aux trois coureurs de tête en marge de l’avance qu’ils seraient en mesure de maintenir sur le Maillot Jaune, dont le retard se réduisait progressivement en vue de Nice !

Sur la Promenade des Anglais, Geraint Thomas ramenait son débours à 5 secondes d’Alberto Contador, lequel n’avait plus pour impératif que de s’adjuger l’étape s’il voulait encore déloger le Gallois de la plus haute marche du podium. Mais Tim Wellens, échappé depuis le matin, avait encore suffisamment de ressources pour l’en empêcher. Et Contador 2ème mais brillant animateur de ce Paris-Nice venait mourir à 4 secondes de Geraint Thomas au classement général. 4 petites secondes de différence que les plus observateurs se souviendront avoir relevées mardi à Commentry, quand une micro-cassure en faveur du Britannique avait précisément séparé les deux hommes de cette maigre différence. Qui permet ce soir à Geraint Thomas, vainqueur du Tour d’Algarve en février, de remporter la plus importante victoire de sa carrière.

Classement 7ème étape :

1. Tim Wellens (BEL, Lotto-Fix All) les 141 km en 3h16’09 » (43,1 km/h)
2. Alberto Contador (ESP, Tinkoff) m.t.
3. Richie Porte (AUS, BMC Racing Team) m.t.
4. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Fix All) à 5 sec.
5. Simon Yates (GBR, Orica-GreenEdge) m.t.
6. Arnold Jeannesson (FRA, Cofidis) m.t.
7. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) m.t.
8. Jesus Herrada (ESP, Movistar Team) m.t.
9. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
10. Ion Izagirre (ESP, Movistar Team) m.t.

Classement général final :

1. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) en 27h26’40 »
2. Alberto Contador (ESP, Tinkoff) à 4 sec.
3. Richie Porte (AUS, BMC Racing Team) à 12 sec.
4. Ilnur Zakarin (RUS, Team Katusha) à 20 sec.
5. Ion Izagirre (ESP, Movistar Team) à 37 sec.
6. Sergio Henao (COL, Team Sky) à 44 sec.
7. Simon Yates (GBR, Orica-GreenEdge) m.t.
8. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Fix All) à 51 sec.
9. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 1’00 »
10. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) à 1’07 »