Si la Vuelta nous passionne par un scénario complètement fou et complètement indécis à 48 heures de l’arrivée finale à Madrid, l’excitation est-elle aussi au rendez-vous avec les deux classiques canadiennes. Avant Montréal dimanche, c’est à Québec que le peloton a posé ses valises et en découd sur ce circuit difficile. Course en circuit, à deux semaines des Mondiaux et qui plus est, épreuve WorldTour, il n’en faut pas plus pour voir dans ces deux courses d’un jour, une grande répétition de l’événement florentin, même s’il manque à l’appel tous ceux qui ont opté pour la préparation classique en passant par la case Vuelta. Mais celui qui est peut-être le grand favori pour succéder à Philippe Gilbert dans la tunique arc-en-ciel, Peter Sagan (Cannondale), a choisi de se préparer outre-Atlantique.

Inutile de préciser que le Slovaque est l’épouvantail de ces deux volets québécois. Le maillot vert de la dernière Grande Boucle s’attend à être attaqué, et il le sera. D’abord, en début de course par trois hommes qui savent leur chance de victoire très réduite. Valerio Agnoli (Astana), Peio Bilbao (Euskaltel-Euskadi) et Tiago Machado (RadioShack-Leopard) auront la charge d’animer le début de course. Un rôle qu’ils vont endosser à merveille. Une avance de six minutes au maximum, un peloton qui contrôle : le schéma classique ne connaît jusque là aucun accroc.

Mais soudainement, le BMC Racing Team passe à l’attaque, collectivement ! Les hommes de Jim Ochowicz ont compris que s’ils voulaient avoir une chance de battre Peter Sagan, il leur fallait attaquer et surout mener une course d’usure. Steve Morabito, Amaël Moinard et Tejay Van Garderen se lancent dans un contre-la-montre par équipes à 80 kilomètres de l’arrivée, et sont accompagnés par Jack Bobridge (Belkin), Jesus Herrada (Movistar Team) et Eduard Vorganov (Team Katusha) pour rejoindre les trois hommes de tête. Le coup est audacieux, mais provoque la réaction immédiate des Cannondale. Les coéquipiers de Peter Sagan savent qu’ils ne peuvent pas laisser filer un tel coup, et s’attacheront à revoir le groupe emmené par les BMC.

Sagan fait l’effort trop tôt et ne peut disputer le sprint.

Les tentatives se multiplient, mais Cannondale verrouille à chaque fois. Il faut attendre la partie finale pour voir les choses se décanter un peu plus, au moment où tout le monde a besoin de souffler. En fait, on aura droit à une course de mouvement complètement folle, haletante et agréable à suivre. Tout débute avec un tour et demi à couvrir quand Ryder Hesjedal (Garmin-Sharp) se dresse sur ses pédales dans la côte de la Montagne. Le Canadien ne parvient pas à prendre ses distances, mais lance idéalement Niki Terpstra (Omega Pharma-Quick Step). C’est à croire que le Néerlandais se plaît à animer les fins de courses WorldTour, lui qui était le dernier attaquant de la Classique de Hambourg fin août. Si sa tentative en Allemagne était vouée à l’échec, celle-ci a bien failli être couronnée de succès.

Le Batave a encore 30 secondes d’avance au moment de franchir la ligne pour l’avant-dernière fois et peut compter sur un gros travail de protection de ses équipiers en tête de peloton. Son avance s’accroît et le peloton peine à s’organiser. Peter Sagan a perdu tous ses coéquipiers qui ont déjà beaucoup donné et ne peut plus compter que sur lui même. Mais si le Slovaque est un redoutable sprinteur, il sait se muer en puncheur fantastique quand les choses l’exigent. Aussi passe-t-il à l’attaque dans l’avant-dernière ascension à 4 kilomètres de l’arrivée. Sagan ne parvient pas à faire la jonction, mais l’écart se réduit considérablement avec Terpstra. Le Néerlandais verra son avantage réduit à néant à moins de 2000 mètres de la ligne.

Il ne reste alors plus grand monde dans le groupe qui se disputera la victoire au terme de ce faux plat final qui semble interminable. À peine sont-ils une grosse dizaine pour jouer la gagne. Peter Sagan semble le mieux placé, mais va finalement se casser les dents sur ce sprint difficile. Dans ce groupe, figure le maillot bleu-blanc-rouge d’Arthur Vichot (FDJ.fr). Le Franc-Comtois s’est économisé et lance le sprint de loin. S’il tient la corde pendant quelques mètres, il est finalement débordé par Robert Gesink (Belkin). Déjà 3ème en 2010, 2ème en 2011, et vainqueur de la première édition du GP de Montréal, le Néerlandais confirme qu’il est l’homme de ces classiques et vient sauver une saison, jusque là marquée par son échec du Giro.

Classement :

1. Robert Gesink (PBS, Belkin) en 4h58’13 »
2. Arthur Vichot (FRA, FDJ.fr) m.t.
3. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) m.t.
4. Fabian Wegmann (ALL, Garmin-Sharp) m.t.
5. Rui-Alberto Faria Da Costa (POR, Movistar Team)
6. Niki Terpstra (PBS, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
7. Tom-Jelte Slagter (PBS, Belkin) m.t.
8. Matti Breschel (DAN, Team Saxo-Tinkoff) m.t.
9. Simon Geschke (ALL, Argos-Shimano) m.t.
10. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 6 sec.