Si son premier titre de champion de Belgique en 2011 arrivait en toute logique au terme d’une première partie de saison remarquable, les circonstances sont bien différentes pour Philippe Gilbert (BMC Racing Team) quand il revêt pour la deuxième fois de sa carrière la tunique noire-jaune-rouge aujourd’hui. Les années ont passé et se sont bien souvent avérées compliquées pour le Wallon malgré quelques éclaircies. L’année 2016 n’échappe pas à la règle et la première partie de saison réalisée par l’ancien champion du monde a largement été perturbée par l’altercation qui l’a mis aux prises avec deux automobilistes. Un incident extra sportif lourd de conséquences puisqu’il l’a contraint à se présenter diminué au départ de l’Amstel Gold Race et de la Flèche Wallonne et à renoncer à Liège-Bastogne-Liège et au Tour d’Italie dont il avait fait un objectif.

Ce sont ces pages moins glorieuses de sa carrière que Philippe Gilbert a laissées derrière lui en remportant un Championnat que l’on savait difficile aux lacs de l’Eau d’Heure à une trentaine de kilomètres au sud de Charleroi et qui s’est révélé complètement fou. Du moins, loin des standards habituels. Un groupe d’une vingtaine d’éléments prend rapidement les devants avec l’ensemble des favoris en son sein. Les trois grands collectifs attendus pour la succession de Preben Van Hecke sont bien représentés. Etixx-Quick Step est la moins bien fournie avec Laurens De Plus, Nikolas Maes et Pieter Serry, la formation Lotto-Soudal peut compter sur cinq éléments, soit un de moins que l’équipe BMC Racing Team. À ceci près que la formation américaine n’alignait que cinq coureurs au départ.

Dès lors, le Championnat s’emballe, le peloton tente tant bien que mal de faire son retour, et les premières offensives ne tardent pas au sein de ce large groupe de tête. Thomas De Gendt (Lotto-Soudal) fait partie des premiers à dégainer, mais l’infatigable baroudeur servira surtout de point d’appui à Tim Wellens au moment venu. Le jeune Belge sent le coup venir quand Philippe Gilbert place son offensive à trois tours et demi du terme. Il suit alors son aîné, tout comme Laurens De Plus (Etixx-Quick Step). Les trois hommes bâtissent un avantage intéressant sur ce circuit de 15,7 kilomètres, comprenant la montée du Petit Poggio dont le profil (900 mètres à 9 %) est différent de celui de la colline qui surplombe San Remo.

Mais ses lacets qui ne sont pas sans rappeler ceux du juge de paix de la Primavera sont suffisamment exigeants pour permettre à Philippe Gilbert et Tim Wellens de se débarrasser du jeune mais néanmoins valeureux Laurens De Plus. A 25 kilomètres du but, les deux hommes lâchent le néo-pro et filent pour se disputer le titre. Se sachant vaincu d’avance au sprint, le coureur de l’équipe Lotto-Soudal tente sa chance dans la dernière montée du Petit Poggio sans pour autant être en mesure de distancer un Philippe Gilbert favori. Le Wallon n’a alors plus qu’à conclure et domine aisément son jeune compatriote au sprint. De quoi le remettre d’aplomb avant une deuxième partie de saison où ses objectifs s’enchaîneront, des Jeux Olympiques en août, aux Mondiaux en octobre en passant par les Championnats d’Europe fin septembre.

Classement :

1. Philippe Gilbert (BMC Racing Team) les 231 km en 5h46’59 » (39,9 km/h)
2. Tim Wellens (Lotto-Soudal) m.t.
3. Greg Van Avermaet (BMC Racing Team) à 28 sec.
4. Jurgen Roelandts (Lotto-Soudal) à 34 sec.
5. Jan Bakelants (Ag2r La Mondiale) m.t.
6. Pieter Serry (Etixx-Quick Step) à 39 sec.
7. Sébastien Delfosse (Wallonie-Bruxelles) m.t.
8. Julien Vermote (Etixx-Quick Step) à 42 sec.
9. Wout Van Aert (Crelan-Vastgoedservice) à 51 sec.
10. Laurens De Vreese (Astana) à 1’44 »