C’est une Vuelta éprouvante qui se dessine jour après jour sur cet inédit chemin de 3240 bornes vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Aussi ne peut-on pas en vouloir aux coureurs d’observer enfin un peu de répit alors que la course a planté son décor à Logroño, dans la Rioja, pour une douzième étape atypique. C’est un circuit, tout simplement, que les organisateurs ont tracé autour de la cité espagnole. Un circuit de 20,8 kilomètres sans la moindre difficulté qui vaut autant de journée de récupération pour les coureurs que pour les suiveurs qui resteront à quai toute l’étape. Huit boucles doivent être parcourues sur ce circuit, un exercice qu’il est rare de retrouver au programme d’une course par étapes de trois semaines mais que les organisateurs justifient précisément par un répit accordé aux coureurs avant la bataille finale.

On peut tout de même se demander à quoi bon faire parcourir 166,4 kilomètres à un peloton quand c’est un tapis rouge que l’on déroule à l’attention des sprinteurs. Ceux-ci n’ont plus eu l’occasion de se mesurer depuis samedi et l’arrivée à Albacete, quand Nacer Bouhanni (FDJ.fr) était aller conquérir sa deuxième victoire d’étape après celle de San Fernando pour remettre les compteurs à zéro avec John Degenkolb (Giant-Shimano), vainqueur quant à lui à Cordoue et Ronda. Cela fait-il pour autant de l’Allemand l’égal du Français ? Ce n’est pas dit. A Cordoue Nacer Bouhanni avait été largué depuis belle lurette quand à Ronda le Vosgien n’avait pas pu s’exprimer pleinement. Puisque leurs deux autres confrontations ont tourné à l’avantage du Français, c’est lui logiquement le favori à Logroño.

Mais on ne saura pas ce soir lequel des deux est, à la régulière, le meilleur sprinteur du Tour d’Espagne. Et ce n’est pas parce que le maillot vert semble avoir choisi son camp en se posant sur les épaules de John Degenkolb, mais simplement parce que le sprint envisagé entre les deux hommes n’aura pas lieu. Oh les sprinteurs vont bien se présenter la tête la première dans l’ultime ligne droite de Logroño, mais ils ne seront plus tous dans le coup, la faute à une chute survenue dans les derniers hectomètres qui ne laissera devant qu’une poignée de coureurs épargnés, quatorze exactement, au premier rang desquels le porteur du maillot vert John Degenkolb… mais plus Nacer Bouhanni. Le Vosgien attendait cette étape pour évaluer ses chances au classement par points, les voilà à présent révolues pour de bon.

Un seul candidat au poste d’échappé solitaire : Matthias Krizek.

Il était donc écrit d’avance qu’un sprint conclurait cette douzième étape, et ils n’auront guère été nombreux à essayer de s’y opposer. Un seul candidat pour le poste, l’Autrichien Matthias Krizek (Cannondale), retenu à l’unanimité par le peloton pour incarner le rôle de l’échappé solitaire. Dès le kilomètre 3, voilà le modeste coureur autrichien, sans contrat pour 2015 du fait de la disparition de l’équipe Cannondale, tout seul devant. Et le peloton qui s’accorde du bon temps laisse présager une étape sans véritable intérêt. Mais on n’en voudra à personne, il faut bien aussi lever le pied de temps à autre et ce qui va suivre dès demain et bien plus encore samedi, dimanche et lundi fera très vite oubier l’ennui véhiculé par cette douzième étape.

Matthias Krizek fait donc le jeu des caméras en mal d’images, lui qu’on avait déjà vu devant il y a un mois dans une étape qui fera date, celle qui avait ouvert le Tour de Pologne dans des conditions proches de l’apocalypse. Ce jour-là le thermomètre avait plongé de façon vertigineuse (36° à 16° en cours d’étape), et c’est sur une route jonchée de grêlons et entre les arbres tombés sur la chaussée ravagée que l’Autrichien s’était retrouvé à courir, devant le peloton. Pas question d’orage du genre aujourd’hui, mais pas davantage de réussite pour l’homme de tête, qui aura amassé jusqu’à 9’20 » d’avance mais qui devra s’incliner à 12 kilomètres de l’arrivée après pas loin de quatre heures passées devant à quelques 36 km/h de moyenne. Il est englouti au cœur du paquet sans la moindre considération de ses pairs.

Le sprint tant attendu s’annonce alors et le peloton hausse le rythme. Après tant d’heures d’apathie il faut se méfier du réveil soudain de la meute. Alberto Contador (Tinkoff-Saxo) saisit l’imminence du danger, se glissant en tête de peloton avec quelques équipiers de Tinkoff-Saxo. Mais le train de l’équipe russe est vite débordé par ceux des équipes de sprinteurs. Une chute dans les derniers hectomètres écartera Nacer Bouhanni, on l’a dit, mais pas John Degenkolb qui ne trouve pas d’adversaire à sa taille en la personne de Tom Boonen (Omega Pharma-Quick Step), 2ème mais incapable de le remonter pendant le rush. Et de trois pour l’Allemand, huit dans sa carrière de sprinteur sur la Vuelta, en attendant peut-être mieux mercredi prochain à La Corogne.

Demain vendredi, la treizième étape regagnera en intensité entre Belorado et Obregon (188,7 km).

Classement 12ème étape :

1. John Degenkolb (ALL, Giant-Shimano) les 166,4 km en 4h11’18 » (39,7 km/h)
2. Tom Boonen (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
3. Jacopo Guarnieri (ITA, Astana) m.t.
4. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) m.t.
5. Maximiliano Richeze (ARG, Lampre-Merida) m.t.
6. Yannick Martinez (FRA, Team Europcar) m.t.
7. Lloyd Mondory (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Fabian Cancellara (SUI, Trek Factory Racing) m.t.
9. Jasper Stuyven (BEL, Trek Factory Racing) m.t.
10. Guillaume Boivin (CAN, Cannondale) m.t.

Classement général :

1. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) en 44h38’56 »
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 20 sec.
3. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 1’08 »
4. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 1’20 »
5. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 1’35 »
6. Samuel Sanchez (ESP, BMC Racing Team) à 1’52 »
7. Fabio Aru (ITA, Astana) à 2’13 »
8. Winner Anacona (COL, Lampre-Merida) à 2’22 »
9. Robert Gesink (PBS, Belkin) à 2’55 »
10. Damiano Caruso (ITA, Cannondale) à 3’51 »

Classement par points :

1. John Degenkolb (ALL, Giant-Shimano) 112 pt
2. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 78 pt
3. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 71 pt
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 64 pt
5. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) 56 pt
6. Chris Froome (GBR, Team Sky) 56 pt
7. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 51 pt
8. Daniel Martin (IRL, Garmin-Sharp) 50 pt
9. Fabio Aru (ITA, Astana) 41 pt
10. Jasper Stuyven (BEL, Trek Factory Racing) 41 pt

Classement de la montagne :

1. Luis Mas (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 20 pt
2. Winner Anacona (COL, Lampre-Merida) 18 pt
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 18 pt
4. Jérôme Cousin (FRA, Team Europcar) 13 pt
5. Fabio Aru (ITA, Astana) 10 pt
6. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) 9 pt
7. Johann Tschopp (SUI, IAM Cycling) 8 pt
8. Javier Moreno (ESP, Movistar Team) 7 pt
9. Amets Txurruka (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 7 pt
10. Chris Froome (GBR, Team Sky) 7 pt

Classement du combiné :

1. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 9 pt
2. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) 12 pt
3. Chris Froome (GBR, Team Sky) 20 pt
4. Fabio Aru (ITA, Astana) 21 pt
5. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 24 pt
6. Winner Anacona (COL, Lampre-Merida) 26 pt
7. Samuel Sanchez (ESP, BMC Racing Team) 50 pt
8. Ryder Hesjedal (PBS, Garmin-Sharp) 68 pt
9. Sergio Pardilla (ESP, MTN-Qhubeka) 99 pt
10. Hubert Dupont (FRA, Ag2r La Mondiale) 107 pt

Classement par équipes :

1. Movistar Team (ESP) en 133h40’08 »
2. Team Katusha (RUS) à 3’35 »
3. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 5’03 »
4. Cofidis (FRA) à 9’54 »
5. Astana (KAZ) à 10’09 »
6. BMC Racing Team (USA) à 10’33 »
7. Belkin (PBS) à 10’49 »
8. Tinkoff-Saxo (RUS) à 15’00 »
9. Garmin-Sharp (PBS) à 18’31 »
10. Lampre-Merida (ITA) à 22’07 »