Alberto, pensez-vous ce soir avoir remporté votre troisième Tour de France ?
On peut le penser mais il reste encore beaucoup à faire. Malgré tout, cette étape du Tourmalet a été très importante. C’est vrai que je n’ai gagné aucune étape sur ce Tour mais mon objectif est de gagner le Tour. Il y a des années durant lesquelles on gagne, d’autres durant lesquelles on ne gagne pas. Aujourd’hui, il y avait une bonne occasion de le faire mais il faut regarder le classement général en priorité.

Avez-vous douté à un moment ou l’autre de l’ascension ?
Non. Aujourd’hui, les sensations étaient très bonnes. J’étais tout le temps très concentré et j’avais confiance. J’ai essayé d’attaquer mais Andy était très réactif et très fort. Je voulais lui montrer que j’avais les jambes car j’avais de superbes sensations.

Dans le final, vous n’avez pas contesté la victoire à Andy Schlek, pourquoi ?
En fait, ce qui s’est passé, c’est qu’il a imposé un rythme très rapide dans l’ascension, il voulait creuser l’écart avec les coureurs qui le suivaient au classement général. Je me suis concentré sur la roue d’Andy car c’est la seule chose qui comptait pour moi. Une victoire d’étape était un objectif secondaire.

Vous n’avez guère beaucoup attaqué sur cette édition, êtes-vous vraiment au niveau des années précédentes ?
C’est quelque chose qu’on a beaucoup commenté à mon sujet, le fait que je ne sois peut-être pas aussi bien que l’année passée. Mais la situation de course était assez différente, et il n’était pas nécessaire d’attaquer. Mon objectif était d’avoir le Maillot Jaune les derniers jours dans les Pyrénées, pas avant. Je me suis senti bien au fil des jours, mais il n’était pas nécessaire ni opportun d’attaquer dans ces moments. Et puis peut-être que je me fais vieux aussi !

Vous êtes sur le point de remporter un troisième Tour de France, l’idée d’en remporter sept, comme Lance Armstrong, vous traverse-t-il l’esprit ?
Non, pour le moment je suis en train d’essayer de remporter mon troisième Tour de France et ça ne va pas être facile car il reste encore trois jours dont un long contre-la-montre samedi. Gagner sept Tours de France, ça ne me passe même pas par la tête, je cours année après année et je ne me concentre pas sur un total de victoires sur une épreuve.

Vous dites ne pas avoir encore gagné le Tour mais vous apparaissez en pleine confiance, comment pourriez-vous perdre ce Tour ?
Avant de penser que je pourrais le perdre, il faut déjà penser à pouvoir le gagner. J’y pense à tout moment. Chaque jour de ce Tour a une histoire particulière. Aujourd’hui, un autre pas est franchi. Andy est très fort et pourrait réaliser un très grand chrono samedi. On va dire que j’ai fait un pas en avant vers une autre victoire.

Samedi, vous aborderez le contre-la-montre individuel en dernier, c’est important ?
Oui, c’est important, car ça va me donner plus de tranquillité et ça va me donner la possibilité de connaître les écarts avec les autres coureurs.

Propos recueillis au Tourmalet le 22 juillet 2010.