Anthony, vous avez passé la journée à l’avant, avez-vous cru à la victoire d’étape ?
J’y ai cru quand on a pris près de 9 minutes. Je pense qu’il fallait prendre une douzaine de minutes pour espérer quelque chose. La présence de coureurs d’expérience comme Juan-Antonio Flecha était un atout supplémentaire car il gère bien les échappées. Il nous a dit qu’il fallait rouler vraiment vite sur les 50 premiers kilomètres et prendre le maximum de temps. Il roulait vraiment fort. C’est pour cela que je me suis dit que ça allait peut-être jouer. Mais quand j’ai vu que l’écart diminuait, c’était compliqué.

Quand avez-vous cessé d’y croire ?
Au sprint intermédiaire, on avait 2’30 » d’avance. Je me suis dit que ça allait peut-être temporiser après, comme cela se fait depuis le départ du Tour. Malheureusement, ça a toujours diminué. À la fin, Manuele Mori et Francesco Gavazzi ne roulaient plus trop avec nous. Flecha a commencé à flinguer à trente bornes de l’arrivée. Pour moi, c’était terminé. Il fallait qu’on s’entende tous les quatre jusqu’au bout. De toute façon, avec les équipes de sprinteurs, c’est compliqué d’aller au bout.

Vous vous êtes cependant globalement bien entendus dans l’échappée…
Oui, l’entente était bonne jusqu’à une trentaine de kilomètres de l’arrivée. Mais on sait que sur ce Tour, il y a peu d’échappées qui vont au bout. J’espère que ça va le faire d’ici la fin de semaine, qu’il y en a une qui aille au bout et que l’équipe Sojasun sera représentée à l’avant car notre objectif est la victoire d’étape.

Aucune échappée ne s’est disputé la victoire d’étape. Est-ce parce que le parcours est moins favorable aux attaquants ?
Non, on disait que les parcours en Corse étaient exigeants par rapport aux autres années. Je pense que les sprinteurs grimpent aussi très bien. Des gars comme Peter Sagan ou André Greipel passent très bien les bosses. Même lors des étapes vallonnées, leurs équipiers imposent un tempo dans les petits cols et on arrive toujours au sprint. Je pense que c’est un beau parcours, il n’y a rien à dire. Des échappées iront au bout en fin de deuxième semaine. Dès samedi, ça peut aller au bout. En dernière semaine aussi, sur une ou deux étapes. Personnellement, ce sera compliqué pour moi, mais on a des gars dans l’équipe qui sont là pour cela.

Pour vous, il ne reste donc qu’une seule occasion, samedi vers Lyon ?
Si les jambes sont là, je tenterai samedi, mais si c’est un autre de l’équipe, un peu plus frais que moi… On verra aussi en montagne sur les départs pas trop compliqués. Si les jambes sont là, pourquoi pas ?

C’est la deuxième fois que vous êtes échappé sur le Tour, la première fois lors de la 5ème étape. Romain Sicard était lui aussi présent, tout comme aujourd’hui.
À chaque fois que je suis devant, depuis le début du Tour, il est là aussi, mais on ne le fait pas exprès.

Votre échappée montre aussi que la forme est là.
J’avais de bonnes sensations aujourd’hui, contrairement à la semaine dernière où j’ai sauté relativement tôt de l’échappée. Les sensations reviennent bien depuis le début de la semaine, c’est intéressant dans l’optique de la suite du Tour. Même si c’est de la montagne et que ça s’annonce compliqué pour moi. Comme je le répète, je sais que je ne gagnerai jamais un sprint massif et que je ne gagnerai jamais en haut d’un col. Je n’ai pas le choix, sur des courses comme le Tour, je dois tenter ma chance de loin. J’espère que d’ici à la fin de ma carrière ça me sourira. Du moins, je l’espère.

Comment avez-vous vécu la chute dans le final de l’étape ?
J’étais dans les derniers du peloton, donc j’ai réussi à l’éviter assez tranquillement. Mais je sais que Cyril Lemoine a été pris dans la chute. Je crois qu’il s’est relevé donc apparemment il n’y a rien de grave. C’est le Tour, c’est comme ça.

Propos recueillis à Tours le 11 juillet.