Daniel, est-ce un rêve qui se réalise aujourd’hui avec votre victoire dans Liège-Bastogne-Liège ?
C’est certain que j’ai réalisé un de mes rêves. Au moment de franchir la ligne d’arrivée, j’étais en état de choc. C’était vraiment indescriptible. Je ne parvenais pas à croire que je m’étais imposé. Même si j’avais déjà été 5ème ici l’an dernier, je suis sous le coup de l’émotion. C’est la course que j’ai toujours voulu remporter. Le faire aujourd’hui, c’est un réel bonheur. Ce matin, je discutais avec mon père et je lui ai dit que j’aimerais vraiment gagner Liège-Bastogne-Liège. J’avais calculé, en ayant 26 ans, qu’il me restait approximativement huit opportunités de remporter la course.

Comment s’est passé votre sprint avec Joaquim Rodriguez ?
Joaquim Rodriguez a sûrement attaqué de trop loin. J’ai ensuite réagi derrière et j’ai cru que c’était trop tard. Je suis tout de même revenu sur lui au bon moment. Je me sentais bien. J’avais de bonnes jambes, ce qui m’a permis d’être confiant pour l’arrivée au sprint.

Qu’est-ce que cela vous fait de succéder à Sean Kelly en tant que vainqueur irlandais ?
J’ai appris ce matin que, en 1984, Sean Kelly avait remporté le Tour de Catalogne et ensuite Liège-Bastogne-Liège. Pouvoir faire le même exploit que lui vingt-neuf ans plus tard, c’est vraiment un rêve qui se réalise. Je pense que cet exploit est dû au fait que nous avons vraiment fait la course parfaite avec Garmin-Sharp. On a réussi à garder notre calme toute la journée.

Ce matin, votre objectif était la victoire ?
Bien sûr, nous avons pris le départ de la course dans l’espoir de la remporter. Nous avions une équipe très compétitive. Toute la journée, nous avons roulé dans l’optique de nous imposer ici à Ans. J’ai vraiment eu un très gros soutien de toute mon équipe et Ryder Hesjedal a fait une très belle course. Il était à l’attaque et ça nous a beaucoup aidés. Je remercie encore une fois mon équipe. Elle est vraiment en forme vu qu’elle se prépare aussi pour le Giro.

Comment expliquez-vous votre grande progression cette année ?
Je pense que je suis beaucoup plus mûr psychologiquement, mais aussi physiquement. C’est quelque chose de très important. J’ai acquis une plus grande force physique et ça explique ma condition actuelle et les résultats que j’obtiens cette année.

Quel est votre premier souvenir de Liège-Bastogne-Liège ?
Mon premier souvenir de la Doyenne remonte au duel entre Michele Bartoli et Frank Vandenbroucke. C’est quelque chose qui m’a beaucoup marqué quand j’étais jeune.

C’est une victoire importante pour votre équipe ?
C’est la deuxième fois que mon équipe remporte un grand monument du cyclisme après Paris-Roubaix en 2011 (NDLR : avec Johan Vansummeren). C’est vraiment incroyable. On a travaillé pour ça pendant de nombreuses semaines et on remplit notre contrat en faisant le travail que l’on attendait de nous. L’équipe m’a fait confiance comme elle l’avait déjà fait au Tour de Catalogne. Maintenant, je suis un peu fatigué, mais très heureux.

Quel a été le rôle d’Eric Van Lancker depuis sa voiture ?
Eric a déjà remporté cette course en 1990. Il m’a félicité et il est très heureux. Son expérience nous a donné beaucoup de confiance pendant toute la semaine. Avoir un ancien vainqueur de la Doyenne dans la voiture est un grand avantage. C’est très important. C’est quelqu’un qui adore cette course. Il est très motivé pour nous aider et ses conseils pendant la course sont très précieux. Il connaît aussi très bien le parcours. Je pense qu’il est aussi content que moi.

Les grandes courses par étapes vont succéder aux classiques. Quelles sont vos ambitions sur les Grands Tours ?
Aujourd’hui, je ne sais plus vraiment si je suis un coureur de Grands Tours ou pas. Je vais quand même essayer de faire de bons résultats dans ces courses comme j’ai pu le faire dans le passé. Mais j’ai encore beaucoup de temps pour m’améliorer et gagner en force pour les courses de trois semaines. J’aime rouler à vélo donc j’adore courir pendant plusieurs semaines comme j’aime venir rouler le triptyque ardennais. La semaine m’apporte beaucoup de plaisir.

Propos recueillis par Pol Loncin à Ans le 21 avril 2013.