Philippe, comment s’est passée votre ascension de la côte de Saint-Nicolas ?
Le peloton est monté très vite dans Saint-Nicolas. Plusieurs coureurs sont partis et j’ai essayé de revenir sur la tête de la course. Je me suis ensuite retrouvé dans un groupe avec trois coureurs d’Astana. C’est eux qui ont été obligés de rouler derrière les hommes qui s’étaient échappés. Malheureusement, nous ne sommes pas rentrés. C’est dommage, mais je reviendrai ici l’an prochain pour encore essayer de remporter la Doyenne.

Que retenez-vous de votre course aujourd’hui ?
La course a été très rapide. Nous avions le vent de face pour le retour entre Bastogne et Liège. Ce n’était pas évident de tenter quelque chose. Je pense que nous avons bien roulé en équipe. On a été très présent. On était encore six ou sept au sommet du Hornay. C’était un peu le point critique de la course. On a roulé et on a réussi à ramener le peloton. À ce moment-là, j’avais une chance, mais il m’a manqué un petit quelque chose pour suivre les meilleurs. Ça a été un final de costauds. Il fallait vraiment avoir les jambes pour être devant. Il m’a manqué quelques pourcentages et c’est ça qui fait la différence entre la première et la septième place.

Avez-vous des regrets ?
Non, j’ai fait avec ce que j’avais. J’ai couru assez juste, mais je n’étais pas en mesure de jouer la victoire. Ça a été une bonne journée pour nous. On a assumé notre rôle quand il le fallait.

Comment s’est passée l’ascension de la Redoute avec votre maillot de champion du monde ?
C’était vraiment impressionnant. Il y avait beaucoup de monde sur les bords des routes. Je remercie tout le monde pour m’avoir soutenu tout au long de ces dix jours. C’était un très grand moment pour moi. Les résultats ne sont pas là, mais l’expérience humaine était énorme. Le maillot donne beaucoup de pression supplémentaire et voir des supporters comme ça, c’est génial.

Vous dites que vous n’avez pas pu jouer la victoire, mais depuis le début de saison vous n’êtes pas à votre meilleur niveau.
Non, je n’ai pas eu un seul jour de l’année où je me suis dit que j’avais vraiment des jambes de feu. C’est dommage, mais c’est comme ça. Ça ne peut qu’aller mieux. Il faudra voir comment va se passer la suite de la saison. Le début n’a pas été bon pour moi. Il ne faut pas oublier que la météo n’a pas été optimale pour la pratique du cyclisme. Mentalement, c’est très dur de rouler des courses dans le mauvais temps. On brûle plus d’énergie et ce n’est pas évident.

Que pensez-vous du fait que ça ne soit pas les favoris qui se sont imposés sur les courses ardennaises ?
Je pense que c’est en partie dû aux changements de parcours qui ont été opérés dans beaucoup de classiques. Il y a peut-être moins de possibilités dans le final de faire quelque chose. Automatiquement, on voit des choses différentes. À chaque changement, les coureurs sont plus attentistes parce qu’ils ne savent pas à quoi s’attendre. Quand on manque de repères, on est toujours un peu plus sur la réserve.

Pourquoi n’allez-vous pas reconnaître le parcours du Championnat du Monde avec Carlos Bomans ?
J’irai la semaine avant. Ça suffira. C’est un circuit. J’ai déjà vu le parcours sur DVD, mais je n’ai pas envie de me mettre déjà la pression aussi tôt dans la saison. Je sais comment c’est. En plus, si j’y vais, je vais encore devoir faire cinquante interviews. J’ai envie d’un peu souffler et faire le déplacement maintenant jusque Florence, c’est un stress énorme. Il faut que je gère mon temps de repos surtout que je repars tout de suite en Californie.

Quels sont vos objectifs pour la suite ?
Je vais décider d’ici dix jours si je fais le Tour de France ou non. À partir du moment où on se rate sur les classiques, le Tour peut permettre de se rattraper. En 2011, quand j’ai gagné les classiques, j’ai hésité à y aller, mais j’étais très motivé par la première étape. Ici, c’est différent. Je pourrai me rattraper en gagnant une étape sur le Tour.

Propos recueillis par Pol Loncin à Ans le 21 avril 2013.