Frédéric, regrettez-vous le temps perdu cet hiver dans l’obtention de votre affiliation ?
Oui, on a perdu un peu de temps mais ce qui est important c’est d’être là aujourd’hui et d’avoir la possibilité d’être à ce niveau d’expression. Nous ne regardons plus que cela.

Comment le fait que vous soyez enregistré sous l’égide de la fédération lettonne a-t-il été perçu par les collectivités locales, la ville de Marseille et le conseil général des Bouches-du-Rhône ?
Avant que l’on fasse ce type de démarche, nous avons exprimé clairement notre situation à nos partenaires et nos institutions, les collectivités locales étant nos partenaires principaux. Nous leur avons expliqué ce que nous allions devenir. Il nous fallait d’abord avoir l’aval des collectivités avant de songer à démarcher une fédération étrangère. L’aval a été unanime car ce qui leur importe est qu’on ait le même rôle, que nous communiquions sur la même identité et que nous restions les mêmes.

Combien de temps pensez-vous demeurer dans cette situation ?
Nous sommes allés en Lettonie un peu par désespoir de cause, pas pour donner des leçons. Nous y sommes aussi allés pour faire ce que nous avions dit que nous ferions. Il ne s’agissait pas de contourner un cahier des charges. D’ailleurs ce qu’on nous impose à l’étranger est identique à ce qui est fait en France : un minimum salarial, des assurances complémentaires, un suivi médical… Au terme de l’année, on verra comment ça se passe. On souhaiterait que ça avance, que les relations s’assouplissent et que tout aille dans le bon sens.

Quels seront les objectifs de cette nouvelle structure ?
A notre grand regret nous ne pouvons pas participer à la Coupe de France par équipes, n’étant pas enregistrés comme équipe française. Nous n’allons pas nous focaliser sur un classement général de Coupe de France à titre individuel (NDLR : les coureurs français évoluant à l’étranger y sont tout de même comptabilisés), mais plutôt nous concentrer sur les épreuves en elles-mêmes. Nos participations y seront subordonnées aux invitations des organisateurs. Une majorité nous a répondu favorablement, d’autres non. Notre terrain de prédilection demeure la France car l’équipe demeure française, avec une identité fortement régionale puisque nous sommes marseillais. Nous montrerons le meilleur de nous-mêmes en France.

Les premiers rendez-vous, ça va être le Grand Prix La Marseillaise, l’Etoile de Bessèges, le Tour Méditerranéen…
Nous y sommes chez nous, nous y serons donc motivés. Il y a le public, ce sont nos terres. Après, nous sommes le petit poucet qui va découvrir un milieu et un niveau de compétition que nous n’avons jamais côtoyé. Nous pouvons être compétitifs sur des classes 2, mais les classes 1 vont être une découverte. Nous verrons la réalité du terrain. Nous allons avoir un calendrier royal : la Marseillaise, l’Etoile de Bessèges, le Tour Méditerranéen, le Tour du Haut Var et les Boucles du Sud-Ardèche. Du fait de notre effectif limité, nous allons travailler par cycles de quatre semaines entrecoupés d’une semaine de repos.

Quel sera le budget de l’équipe ?
Nous sommes sur un budget minimaliste, avec un volet financier et un volet matériel. Le tout réuni est légèrement au-dessus d’un million d’euros. Nos partenaires principaux aujourd’hui sont les collectivités. La majorité de nos partenaires nous ont accompagnés dans l’aventure, et tous nous ont apporté ce qui nous manquait pour être à ce niveau-là.

Regrettez-vous de ne pas avoir pu retenir dans votre effectif un coureur comme le Lituanien Ramunas Navardauskas, le numéro un du peloton français en 2010, parti chez Garmin-Cervélo ?
Bien évidemment, si nous raisonnons petitement. Mais nous sommes une structure dont la réputation s’est faite sur la formation. On ne retient pas un coureur si ce n’est pas son intérêt sportif de demeurer avec nous. Je pense que Ramunas Navardauskas, qui évolue aujourd’hui en 1ère division, a été justement récompensé pour sa saison 2010, donc je ne regrette pas.

Sur quels aspects La Pomme 2011 a-t-elle évolué avec La Pomme 2010 ?
Nous n’avons pas attendu de courir au niveau professionnel pour être professionnels dans notre comportement. A titre indicatif, nous avions déjà dix-sept coureurs salariés l’année dernière, pas tous sur des temps pleins, et cinq dans l’encadrement. Au niveau de l’ossature, nous étions déjà très proches d’équipes comme BigMat-Auber 93 ou Roubaix Lille Métropole. Au niveau sportif aussi je pense. C’est un cheminement progressif. Nous essayons d’avoir une évolution logique et régulière.

Vous avez bien dû constater quelques changements pourtant ?
La principale différence est le regard que portent les gens sur nous. Et fatalement, ça induit un comportement un petit peu différent. L’écoute par rapport à nos partenaires, l’écoute par rapport à des gens qui sont avec nous depuis l’origine du projet est grandement optimisée.

Comment vont être structurées les autres équipes du VC La Pomme Marseille et avec quelles ambitions ?
Aujourd’hui, nous avons mobilisé les forces vives du club sur l’équipe continentale. Il y a  un challenge important à relever. On n’a pas deux fois l’occasion de faire une bonne première impression donc c’est important de bien débuter dans ce challenge-là. Nous recherchons aussi de nouvelles structures à Marseille adaptées à l’évolution du club, de type sport collectif de haut niveau. Nous sommes donc dans une période de transition. Nous avons cependant optimisé notre suivi des catégories de jeunes. Des Minimes aux Juniors, nous avons une personne salariée responsable de chacune de ces sections, associée à des bénévoles bien sûr. Nous nous sommes en outre ouverts vers d’autres clubs, le VS Hyères et le Martigues SC. Nous avons développé des relations de proximité et d’intérêt de travail. Les coureurs qui n’ont pu intégrer notre projet continental restent dans un schéma de formation avec Hyères et Martigues.

Revenons-en à l’effectif de la Pomme Marseille, pouvez-vous nous en dire un mot ?
Nous avons seize coureurs, dont six coureurs lettons. Ce sont des coureurs qui se sont joints au projet par rapport à notre affiliation lettonne. Ils bénéficieront d’un programme sur les pays baltiques axé principalement sur le développement, en collaboration avec la fédé lettonne et l’ancien professionnel Arvis Piziks. Leur arrivée va aussi nous permettre de donner un peu d’oxygène à nos dix coureurs initiaux, qui eux possèdent un contrat professionnel, ce qui n’est pas le cas de nos six Lettons, qui bénéficient seulement d’un soutien matériel.

Et ces dix coureurs pros, qui sont-ils ?
Il y a trois étrangers : le Lituanien Evaldas Siskevicius, le Letton Toms Skujins et l’Argentin Daniel Diaz. Les autres sont Français : Thomas Vaubourzeix, Mathieu Delarozière, Julien Antomarchi et Grégoire Tarride sont issus du club. Nous avons donc six anciens Pommiers, auxquels viennent se joindre quatre autres coureurs : Daniel Diaz on l’a dit, mais aussi Justin Jules, Benjamin Giraud et Yohan Cauquil.

Comment abordez-vous cette nouvelle aventure ?
Ce qui est important, dans cette évolution, c’est de rester fidèles à nos valeurs, qui sont à la fois de professionnalisme et d’humanité. Nous arrivons chez les pros tels les petits poucets, mais nous avons une histoire, celle d’un petit club marseillais parti de rien en 1974. Jusqu’en 1996, nous n’avions encore qu’une vingtaine d’adhérents et pas de local. C’est une histoire de clocher que l’on souhaite raconter. Notre équipe est atypique : elle est à la fois un outil de réalisation par rapport aux jeunes talents que l’on souhaite amener au très haut niveau et un outil de communication par rapport à un projet de développement de la pratique du vélo. Nous souhaitons amener la population de notre région, de notre département et de notre ville à aimer notre club, à supporter notre équipe première et à découvrir l’envie de prendre son vélo. Nous souhaitons rendre le vélo encore plus populaire qu’il ne l’est actuellement.