Grégory, vous avez roulé pour la première fois sur la piste de Saint-Quentin-en-Yvelines fin décembre. Quelles sont vos impressions ?
On a tout de suite de bonnes sensations dessus. La piste est large et fait penser à celle de Moscou. Je me réjouis de faire des matches de vitesses, car cette largeur va beaucoup servir pour le sprint et pour le 200 mètres lancé. C’est fabuleux. On est conscient qu’il faut un outil comme celui-là. Ce n’est pas tout, mais c’est un bon début. C’est une récompense pour les résultats passés des anciens. Je pense qu’on le méritait. C’est vrai que ça a mis du temps, mais maintenant c’est là. C’est utile pour aller de l’avant.

Cela doit vous changer de la piste de l’INSEP.
Il n’y a pas photo. Ça va être difficile de s’entraîner à l’INSEP, même si on continuera de le faire puisque ce ne sera pas fermé définitivement. Quand on travaillera sur des choses bien spécifiques, on prendra encore plus de plaisir sur ce vélodrome. On pourra prendre plus de vitesse. Sur un vélodrome comme celui-là, je n’ai pas l’impression que l’on prendra des risques, même à 80 km/h. Que l’on soit sur la côte d’azur ou en haut de piste, on a l’impression que c’est pareil. Il n’y a pas de changement. On peut naviguer sur la piste comme si on était sur la route. Ça rend vraiment bien. Ce sera une piste rapide. Cela va aussi me permettre de casser cette routine de l’INSEP. Je vais pouvoir m’exprimer au quotidien à 100 %. À l’INSEP, nous étions un peu restreints depuis quelques années, car nous ne pouvions pas utiliser les braquets que l’on utilise en compétition.

Ce nouveau vélodrome vous pousse-t-il plus que jamais à poursuivre jusqu’à Rio ?
Ma carrière est déjà boostée. Si je m’entraîne au quotidien, c’est pour les Jeux Olympiques de Rio en 2016. Je n’ai pas attendu cette ouverture pour me relancer. Quand nous avons visité le chantier il y a un an, je me suis rendu compte que le vélodrome allait voir le jour assez rapidement. Vous connaissez les problèmes qu’il y a eu cette année entre la fédération et les pistards. Nous avons un nouveau coach depuis peu. Des choses se mettent en place. Ce vélodrome va nous apporter beaucoup de choses.

Ce Centre National du Cyclisme peut-il permettre à la France de repasser devant la Grande-Bretagne ?
Oui, c’est possible. Mais comme je l’ai dit, ce n’est pas tout. Avec un bel outil comme celui-là, on ne sera plus limité comme on a pu l’être jusqu’à maintenant. On va pouvoir s’exprimer pleinement. On pourra travailler sur notre matériel, sur les braquets à utiliser, mais aussi tactiquement. C’est important en course, en keirin, ou plus encore en sprint. Quand vous évoluez au quotidien sur une toute petite piste et que vous avez un outil digne des Championnats du Monde ou des Jeux Olympiques, ce n’est que du positif pour tout le monde. On va rouler au quotidien sur cette piste et on va arrêter de devoir changer nos repères à chaque fois que l’on part en compétition. La piste de l’INSEP faisait 166 mètres. On avait nos repères là dessus, mais on ne pouvait pas les transférer sur une piste de 250 mètres. Là, tout va changer ! À tous les niveaux, on va être gagnant.

Que faudrait-il d’autre ?
Je m’entraîne pour moi. Je n’ai pas envie de remuer ce que j’ai pu dire par le passé. Je vais rester dans mon rôle d’athlète, me concentrer sur moi. S’il y a des changements, tant mieux, sinon on fera avec.

Un match France-Grande Bretagne sera organisé pour l’inauguration le 30 janvier prochain.
Ça va arriver vite. On a l’habitude de faire des matches Grande-Bretagne France, chez eux, à Manchester. Ce sera l’inverse. Comme le président de la fédération David Lappartient l’a dit, il faut marquer le coup pour les prochaines olympiades, leur montrer qu’on a tiré les leçons du passé et que l’on avance.

Battre Jason Kenny lors de cet événement, ce devrait être un symbole fort et une forme de revanche pour vous ?
Non, pas vraiment. Il m’a battu en finale de la vitesse aux Jeux Olympiques à Londres et ce ne sera pas la même compétition. Ce ne sera même pas une revanche. La vitesse c’est mon truc. Je me réjouis quand je suis le premier sur le podium. Si c’est Kenny, ou un autre, c’est pareil.

Où en êtes-vous dans la préparation de vos prochaines échéances ?
J’ai été blessé un peu plus d’un mois en novembre. J’ai fait une échographie mi-décembre. Tout va pour le mieux. On est déjà dans le match France-Grande Bretagne et pourquoi pas la dernière manche de Coupe du Monde au Mexique. Elle sera importante pour moi, puisque je n’ai pas fait de rendez-vous internationaux depuis les Jeux Olympiques de Londres ! Je suis pressé d’y être. Pressé de m’entraîner au mieux. En ce qui concerne les Championnats du Monde, je ne suis pas sélectionneur, mais j’espère pouvoir les faire. Je vais me donner au quotidien. Le principal, c’est que je sois bien dans ma tête et que je puisse m’entraîner convenablement.

Propos recueillis le 19 décembre 2013 à Saint-Quentin-en-Yvelines.