Jérôme, vous avez organisé le week-end dernier une rencontre de football opposant des coureurs professionnels à d’anciens joueurs du FC Nantes. Comment vous est venue cette idée ?
D’abord par amour pour les enfants et pour cette belle et noble cause qu’est l’association Un Maillot Pour la Vie, qui vient en aide aux enfants malades. Il faut toujours se battre pour aider ces enfants-là car c’est tellement injuste de les retrouver dans des situations pareilles. Ensuite par passion pour le football et par amitié pour les garçons qui sont venus sur la pelouse. Cela fait quinze ans que je suis Nantais. En tant qu’athlètes professionnels nous avons eu l’occasion de nous croiser et de lier de vrais amitiés, avec Nicolas Gillet notamment, qui est un grand passionné de vélo. Un jour, nous avons évoqué l’idée de disputer un match de foot l’hiver. Il a fallu mettre ça en place mais c’est une vraie réussite et j’en suis vraiment ravi.

D’autant que beaucoup ont répondu présent, tant du côté des coureurs pros que des ex-Canaris…
Tout le monde a répondu présent, même si certains n’ont malheureusement pas pu se déplacer. Nous sommes vraiment contents d’avoir eu ce plateau-là pour cette 1ère édition et nous essaierons de faire encore mieux l’an prochain car je souhaite renouveler cette organisation. Je suis persuadé que grâce à cette première réussie nous parviendrons à faire encore mieux dans un an. Nous avons pu bénéficier de la participation de nombreux partenaires. Sans eux, je n’aurais pas pu organiser cette journée. C’était vraiment important pour moi de les avoir à mes côtés. Je les remercie.

Quelle était l’atmosphère sur le terrain ?
C’était super sympa. Je crois que nous avons tous pris du plaisir, que ce soit à notre niveau ou à celui des ex joueurs professionnels. Il y a une grosse différence technique forcément, mais c’était un régal de les avoir avec nous et de jouer face à eux. Certains de mes amis qui ne sont pas issus du vélo ont participé à cette rencontre face à Patrice Loko, Olivier Quint, Nicolas Gillet, Frédéric Da Rocha et autres… C’était un rêve de gosse pour eux, nous l’avons réalisé, et je promets à tout le monde que l’on refera ce genre d’événement dans les années futures.

Comment peut-on comparer l’effort physique entre le football et le cyclisme ?
Il n’y a pas d’effort comparable, il y a seulement une vie. Une vie sociale, une vie sportive de haut niveau. Difficile à gérer parfois. Et c’est pourquoi nous nous retrouvons entre nous et que nous aimons cela. On ne pratique pas les mêmes disciplines mais nous  avons le même rythme de vie. C’est ce qui m’a rapproché de Nicolas Gillet. On sait aussi que c’est un temps dans une vie, et que s’il n’y a pas autre chose à côté, on perd très vite nos repères. Nous évoluons dans des milieux proches, bien que chacun ait son sport : nous sommes sportifs de haut niveau.

En cette trêve hivernale, vous réussissez à nous faire parler football sur Vélo 101. Pourtant votre actualité cycliste est riche avec votre passage chez IAM Cycling. Qu’est-ce qui a motivé ce transfert ?
Premièrement, l’équipe Omega Pharma-Quick Step, avec laquelle j’ai couru cinq ans, ne m’a pas renouvelé mon contrat. Par ailleurs, j’ai trouvé l’opportunité de rebondir dans une équipe qui me plaît et m’offre la possibilité de retrouver mon rôle d’électron libre, mais aussi de capitaine de route. Je vais en outre pouvoir courir un peu plus en France. J’ai sauté sur cette opportunité et je ne remercierai jamais assez Sylvain Chavanel, qui m’a beaucoup aidé dans cette recherche de contrat.

Poursuivre votre carrière auprès de Sylvain Chavanel, avec lequel vous êtes lié depuis 2009, était-il incontournable ?
C’était contournable bien que notre volonté était de poursuivre notre carrière ensemble. Maintenant, la conjoncture fait que parfois ce n’est pas possible.  Avec IAM Cycling, nous avions la possibilité de continuer dans la même équipe, nous avons tout de suite sauté sur cette opportunité. On va finir ensemble, c’est ce que nous voulions, et finalement ça tombe bien qu’Omega Pharma-Quick Step n’ait pas voulu nous garder ni l’un ni l’autre en fin d’année.

Cette saison, vous vous êtes accompli dans un rôle de protecteur aux côtés de Mark Cavendish. Que retiendrez-vous de cette expérience ?
Que de bonnes choses. J’ai été équipier d’un grand champion. Mark est quelqu’un que je respecte beaucoup et qui sera toujours mon ami. Maintenant, je voulais tourner cette page. J’ai passé un an à protéger Mark Cavendish, deux ans à travailler pour les autres. J’ai envie de finir ma carrière en faisant à nouveau des efforts pour moi. C’est l’opportunité qui s’est présentée à nous avec IAM Cycling, et j’espère vraiment pouvoir regagner des courses avant de m’arrêter.

Cela signifie que vous allez retrouver des ambitions personnelles la saison prochaine ?
Bien sûr ! Comment pourrait-on continuer à faire du sport de haut niveau sans ambition ? Mon ambition cette année était de gagner le maximum de courses en tant qu’équipier, l’an prochain ce sera à titre individuel. On va me retrouver dans le rôle que l’on me connaissait par le passé. L’envie et l’ambition sont toujours présentes, sans quoi j’aurais déjà raccroché. Maintenant, il est trop tôt pour parler d’objectifs. Nous sommes en phase hivernale, et pour l’heure je me sens plus footballeur et organisateur !

Vous avez néanmoins déjà repris l’entraînement…
Oui, j’ai repris l’entraînement. J’ai adopté une nouvelle méthode de travail avec un nouveau coach, Fabien Aoustin, qui suivait déjà Bryan Coquard cette année. Désormais nous travaillons tous les deux avec Bryan Coquard, main dans la main. Nous nous entraînons ensemble, je l’aide pour certaines choses. D’ici peu de temps je vais revenir à très haut niveau. De là on préparera dignement et sérieusement la saison qui se profile.

Propos recueillis à Vigneux-de-Bretagne le 23 novembre 2013.