Julien, vous étiez dans l’échappée du jour sur la deuxième étape du Tour du Colorado, comment s’est déclenchée cette fugue ?
C’est parti très vite, dès les premiers kilomètres sur du plat, du faux-plat montant. Quatre hommes ont attaqué, je suis parti tout seul et derrière ça bagarrait très fort. On voyait que le peloton était morcelé. Puis une dizaine de gars sont revenus sur nous, j’ai relancé, et tout le monde était à bloc. Ensuite, dans le premier col, le groupe de douze coureurs s’est dégagé.

Avez-vous relevé des différences d’allure entre les coureurs échappés ?
On voyait en effet qu’il y avait deux types de coureurs. D’un côté les coureurs « du coin », les Américains, les Colombiens, qui sont habitués à ces altitudes, à ces conditions atmosphériques. On a la sensation qu’ils ont un meilleur coup de pédale que nous. Je parle des coureurs européens comme Nibali, Agnoli, Voigt ou moi. A mon avis, il y a besoin d’un gros temps d’adaptation à ces conditions inhabituelles pour nous. Ce sont des étapes où on est toujours en prise, toujours à bloc, et où il faut fournir un effort régulier. Ce n’est vraiment pas évident.

Comment était l’entente dans cette échappée au long cours ?
C’était bien parti, il y avait le vent favorable, pas mal d’équipes représentées (neuf au total), mais je pense qu’on n’a pas bien géré notre effort, beaucoup de coureurs ne se sont pas livrés tout à fait. Il faut savoir compter ses efforts, gérer et, sur la fin, certains ont commencé à sauter des relais, car ça fatiguait. C’est pour ça qu’à 30 kilomètres de l’arrivée, j’ai raté la bonne cassure. Ça se regardait, certains roulaient moins, j’en faisais partie. Nous étions quatre Européens, Nibali, Agnoli, Voigt et moi, on se parlait et on se disait « c’est plus dur qu’une étape du Tour de France ». Et comme par hasard, ce sont trois Européens qui ont pété en premier.

Le plus difficile à gérer sur une journée comme aujourd’hui, c’est quoi ?
En fait c’est un mélange de tout. L’altitude, la chaleur… Dès qu’on est à bloc, on a du mal à récupérer. L’altitude fait monter les pulsations cardiaques bien au-delà de ce qu’on a l’habitude de vivre.

Sur une journée comme aujourd’hui, devant, on a le temps d’apprécier les paysages du Colorado ?
On aimerait bien, car on sait que c’est beau, le Colorado, tout ça, mais on n’est pas en vacances. On est tellement à bloc qu’on n’apprécie pas. Heureusement, on est arrivés une semaine avant et là, on a pu apprécier. Tout ce dont on a envie aujourd’hui, c’est que ça se termine et voilà.

Dans la toute première échappée hier, dans la bonne aujourd’hui, ça va de mieux en mieux, allez-vous retenter votre chance ?
Je vais essayer. On l’a vu aujourd’hui, ce sont les jambes qui commandent. J’ai eu de la réussite, j’étais dans la bonne échappée, mais les jambes n’étaient pas au rendez-vous. On verra comment se présentent les choses, mais je vais essayer de nouveau. J’espère que ça va aller de mieux en mieux et pourquoi pas retenter sur une étape intéressante.

Propos recueillis à Mount Crested Butte le 21 août 2012.