Mark, vous considérez-vous comme le meilleur sprinteur du monde ?
Non je ne pense pas avoir dit ça. Par contre, c’est vrai qu’avant l’étape d’hier, j’avais dit que je voulais gagner cette étape parce que les jours précédents je n’avais pas été à la hauteur de mon équipe, qui avait réalisé un travail complet. Je n’avais pas pu conclure. Or on est une équipe, on est là pour gagner des étapes et je ne me considère qu’une partie de cette superbe équipe. Ca ne m’avait pas plu du tout d’avoir raté ces occasions quand les autres avaient fait un travail formidable auparavant. Ca m’a perturbé pendant la soirée, pendant la nuit, je ne me le pardonnais pas. Je voulais donc m’imposer, et encore aujourd’hui, pour récompenser encore le travail de mes équipiers.

On vous a vu les larmes aux yeux hier sur le podium. Racontez-nous votre émotion…
J’ai eu des problèmes dentaires durant l’intersaison. En fait, dès janvier, j’ai su que je n’allais pas effectuer la saison dont je rêvais. Heureusement, j’ai toujours pu compter sur le soutien de mes proches : ma famille, mes amis, et les membres de l’équipe, les mécaniciens, les directeurs sportifs. Tout le monde m’a beaucoup aidé. Hier, la victoire avait un goût de soulagement, c’est sans doute ce qui a provoqué cette émotion. On est sur le Tour, le moment le plus important de l’année, c’est toujours incroyable d’y gagner une étape. Et l’émotion est d’autant plus forte quand on sait d’où on revient et qu’on parvient ainsi à remonter la pente.

Avec deux victoires d’étapes, quelles ambitions nourrissez-vous désormais ?
On arrive avant une semaine difficile, avec les étapes alpestres. Il va falloir les passer car il ne va pas y avoir de possibilité de sprint. L’équipe va faire de son mieux sur ce terrain. Sept jours sont passés, il en reste quatorze et encore beaucoup d’étapes et de possibilités. J’espère pouvoir encore remporter d’autres étapes par la suite.

Grâce à ce succès, vous obtenez votre 12ème victoire d’étape sur le Tour de France. Est-ce un objectif de multiplier les succès ?
C’est sûr que je peux rejoindre des coureurs comme Mario Cipollini, entrer un peu plus dans l’Histoire. J’aime ce sport, je le fais pour gagner des étapes et j’ai envie de bien faire. Mais en même temps je vais me contredire car ce n’est pas parce que je suis celui qui lève les bras au ciel que je dois prendre toute la gloire. Avant moi, il y a tous les équipiers qui se battent pour moi. Je ne suis là que pour conclure le travail qu’ils réalisent.

Pensez-vous avoir pris un avantage psychologique vis-à-vis de vos adversaires ?
Vous savez, aujourd’hui j’ai réalisé un très grand sprint et je suis vraiment heureux de cette victoire, c’est pour l’heure la seule chose à laquelle je veux penser.

Propos recueillis à Gueugnon le 9 juillet 2010.