C’est le lancement de la saison, on sait que tu as été personnellement perturbé, comment te sens-tu par rapport aux saisons précédentes ?

Un petit peu en retard, mais peut-être que ce retard va me faire du bien car je me mettais beaucoup de pression, beaucoup de kilomètres et beaucoup d’intensité donc peut-être que d’arriver avec plus de fraicheur, cela va me permettre de tenir plus longtemps dans la durée. Jai un niveau correct en ce moment mais je pense être un peu juste pour pouvoir rivaliser pour la gagne. J’espère que la forme va s’améliorer dans les semaines à venir.

Quand penses-tu avoir ton pic de forme ?

Là, pour la Marseillaise, c’était un peu tôt, un peu juste mais dans 10 jours pour le Tour de la Provence j’espère pouvoir rivaliser. J’espère atteindre mon pic de forme pour le Paris-Nice, que ce soit pour moi, pour Warren Barguil ou pour l’équipe.

Ensuite, je vais procéder à une coupure. En fait, j’ai trois blocs dans l’année : de maintenant jusqu’au Paris Nice, du circuit de la Sarthe jusqu’aux 4 jours de Dunkerque, et du Dauphiné au Tour, que j’espère pouvoir faire.

Qu’est ce qui a changé pendant cette saison car on sent bien qu’avec l’arrivée de Warren Barguil, l’équipe a changé de catégorie ?

Oui, on a changé de catégorie, tant au niveau des coureurs, que du staff et que de la logistique il y a du changement. Je vois l’évolution d’une année sur l’autre. On monte en grade, on monte en pression. On s’est aussi amélioré au niveau du staff donc c’est une émulation à tous les niveaux.

Personnellement, ayant travaillé chez Quick-Step, c’est motivant de se dépasser pour un gros leader, plus que pour soi-même donc je trouve cela très bien qu’un talent comme Warren arrive chez nous. C’est mon avis mais je pense que plusieurs coureurs le partagent.

Sens-tu que cet ensemble d’éléments contribue à votre développement, à savoir des équipes à 8 coureurs, la participation au Tour de France, le Tour de France qui passe en Bretagne…?

Oui tout à fait, c’est vraiment un ensemble. L’arrivée d’un homme peut tout changer, tant individuellement que collectivement. Cet arrivée attire des nouveaux partenaires, de nouvelles personnes dans le staff, la logistique… Cela pousse nos partenaires pour le matériel à se surpasser également. Je l’ai constaté cet hiver avec les progrès de nos marque de cadre, de roues et de capteurs de puissance.

Avoir un directeur d’équipe comme Yvon Ledanois, c’est quelque chose qui apporte aussi à toute cette évolution de l’équipe ?

Oui, Yvon apporte une sorte de sérénité, de calme, d’expérience, de savoir-faire. On pourrait le comparer à un grand manager d’une équipe de foot. Le peu de fois où je l’ai vu, c’est quelqu’un de très humain qui prend le temps d’aller voir le coureur, y compris dans sa chambre s’il ne va pas bien.

Quand j’étais blessé pendant l’hiver, je sais que je l’ai eu plusieurs fois au téléphone et il me disait « t’inquiète pas Max, ça va aller, tu es blessé ce n’est pas grave, si tu ne reprends pas à la Marseillaise, tu reprendras un mois après ». Il sait trouver les mots et prendre les gens individuellement. C’est important d’avoir quelqu’un comme ça.

Pour partir sur un sujet plus général, que penses-tu d’annoncer tôt dans l’année les sélections des équipes pour le Paris-Nice ou le Tour de France par exemple ?

Pour le Paris-Nice, comme c’est plus tôt dans l’année, on peut comprendre que les équipes aient besoin de savoir pour la préparation et pour la logistique. Par contre, c’est vrai que pour le Tour de France, ils auraient pu attendre un peu. Tant mieux pour Fortuneo-Samsic, nous sommes assurés d’y participer avant même que la première course soit faite. On est pris partout, sauf la Vuelta, mais notre but c’était le Tour de France, le Dauphiné et le Paris-Nice. Mais je me mets à la place de Vital-Concept et je peux comprendre leur déception, on est très tôt dans la saison et savoir d’entrée de jeu qu’ils ne participent pas au Tour, cela ne doit pas être facile pour se mettre dedans. Il aurait peut-être fallu attendre Paris-Nice pour donner la sélection…

En tant que coureur, qu’attends-tu de l’arrivée de David Lappartient à la tête de l’UCI ?

Dans les discours que j’ai pu voir , il a été assez incisif. Il a pris pas mal de décisions claires sur plusieurs thématiques, je pense que ce sera un président très dur et très ferme, qui ne laissera pas passer grand chose. Je trouve ça bien pour le cyclisme. Au regard de ce qu’il se passe en ce moment, je pense que, comme nous, il aura à cœur de régler ça vite et je trouve cela bien pour l’image du vélo.

On fait allusion au cas de Christopher Froome bien sûr, au premier plan grâce à ses deux victoires sur des Grands Tours cette année. Ce genre de débat sans solution ne devient-il pas un peu lassant à force ?

C’est clair que c’est un peu long. Pour nous qui sommes cyclistes ou dans les médias ou dans la communication, on peut comprendre que ce soit un peu long, c’est le problème de la justice parfois. Je me mets à la place d’une famille lambda qui vient sur le bord des routes voir le Tour de France avec ses enfants, ils vont forcément se dire « voilà ils sont encore tous dopés, Froome est dopé donc ils sont tous dopés ».

Je peux comprendre que quand on a des problèmes de santé, il faut les soigner, asthme ou allergies, mais la saison a déjà commencé et d’autres coureurs ont été suspendus un ou deux mois. Je me demande s’il n’aurait pas fallu le suspendre un ou deux mois le temps d’éclaircir les choses. Après, je ne suis pas docteur, je ne peux pas me prononcer à ce sujet mais je trouve cela un peu long.

 

Mathilde Duriez, vélo101