En installant son camp de base à la pointe de Pen Bron, la presqu’île de Loire-Atlantique qui fait front à l’océan, l’équipe FDJ-BigMat a pris des places aux premières loges pour la tempête qui doit balayer la France ce soir. Qu’importe, le gros du stage est maintenant derrière le groupe de vingt-neuf coureurs réuni pour la première fois de l’hiver. Et si la soirée doit être houleuse dehors, elle sera vraisemblablement tout aussi agitée à l’intérieur avec la tenue ce soir de la soirée d’intégration des cinq recrues. L’effectif n’a guère été chamboulé durant l’hiver, simplement renforcé, et c’est avec une ambition semblable à celle qui l’a animé tout au long de l’année 2011 (conclue à la tête du classement par équipes de l’UCI Europe Tour) que le groupe des frères Madiot effectuera son retour en 1ère division. Thierry Bricaud fait le point sur l’état des troupes.

Thierry, l’équipe FDJ est réunie pour la première fois cet hiver, comment s’est déroulé ce premier stage ?
Nous avons commencé ce rassemblement par trois jours de stage administratif à notre service-course de Moussy-le-Vieux, en région parisienne. Puis nous avons pris l’avion ensemble pour arriver dimanche après-midi à Pen Bron, reprendre le vélo lundi sur une petite semaine d’entraînement et préparer 2012 tous ensemble.

A un moment de l’année où toutes les équipes ont opté pour la douceur espagnole, vous avez choisi la côte atlantique et ses caprices. Pourquoi ?
Il n’était pas question pour nous d’aller en Espagne car Marc Madiot, qui est le manager mais aussi le président de la Ligue Nationale du Cyclisme, tient à ce qu’on fasse nos stages en France. A partir de là, nous avons opté pour Pen Bron, où nous sommes déjà venus par le passé. Ça doit faire la troisième ou quatrième fois que nous nous y rassemblons. Nous y sommes bien accueillis, nous sommes bien nourris et bien logés. En temps normal, nous rencontrons un climat tempéré qui nous permet de faire de bonnes sorties, pas trop dures, et en même temps un peu vallonnées sur les routes du proche Morbihan.

Mais le mauvais temps est de la partie cette semaine. A-t-il faussé le programme ?
Très sincèrement, jusqu’à maintenant, ça n’a rien changé. Nous avons fait exactement ce que nous voulions en termes de travail. Evidemment, nous aurions préféré rencontrer de meilleures conditions climatiques mais nous n’avons pas été spécialement pénalisés. Nous avons pu mener à bien chacune de nos sorties.

En quoi a surtout consisté ce stage de dix jours ?
Ce premier stage est un peu contraignant pour les coureurs et le staff. C’est le stage « administratif », durant lequel on met toute la saison en place : les programmes, le matériel, les séances photos, les posters… En fait on essaie de concentrer un maximum de ces contraintes sur la semaine pour être tranquilles ensuite en janvier pour le deuxième stage qui aura lieu en Corse. A côté de tout cela, il nous faut garder une activité physique.

A quoi ressemblent les séances d’entraînement de l’équipe à la mi-décembre ?
Nous faisons des séances en deux groupes d’entraînement, l’un avec des coureurs qui sont déjà plus aptes aux courses de début de saison que d’autres. Nous gérons les groupes et les sorties en fonction du calendrier et du niveau actuel de nos coureurs. Pour certains, les séances d’entraînement sont donc plus longues que pour d’autres. On travaille en plus sur de petites thématiques comme rouler dans le vent. Et ici, avec le vent que nous avons, ce n’est pas compliqué ! Nous effectuons en outre quelques activités ludiques pour bien lancer la saison.

En marge des entraînements, ce stage comporte des interventions sur différents thèmes ?
Disons que ce premier stage hivernal nous permet de mettre en place ce type d’activité. Le coureur, en dehors de l’entraînement, n’a pas que le repos et le massage. Nous en profitons pour caler plein de petites choses comme du média training. Un coureur doit savoir s’exprimer correctement devant les médias, ça fait partie de son métier, donc nous leur distillons de petites infos pour pouvoir être plus performants sur l’ensemble d’une saison. Nous avons eu une petite réunion diététique, une intervention du médecin, les grandes lignes de la saison présentées par Marc Madiot, les ambitions de l’équipe et les objectifs que nous espérons atteindre. On balaie très largement la saison.

La FDJ a réalisé un recrutement léger durant l’intersaison…
Oui, mais un recrutement efficace ! Nous avons d’abord engagé deux néo-pros qui sont Arnaud Démare et Kenny Elissonde. Ce sont de jeunes coureurs d’avenir. A côté, nous avions besoin de coureurs aguerris pour faire le travail de l’ombre mais ce sont des coureurs qui sont indispensables dans une équipe. C’est pourquoi nous avons recruté David Boucher, Gabriel Rasch et Jussi Veikkanen. Ce sont des coureurs qui se sont déjà vite adaptés et seront prêts à aller au charbon d’entrée de jeu.

L’annonce du retour de la FDJ en 1ère division a-t-il créé une émulation particulière ?
Au contraire, ça nous a apporté une certaine sérénité. Il y a un an, il y avait eu une remise en question générale pour 2011 après la rétrogradation de l’équipe, mais nous avons fait une très belle saison. Pour nous, c’est une juste récompense que de récupérer cette licence WorldTour. C’est une récompense pour les coureurs et leur investissement toute l’année. Aujourd’hui, un gros morceau nous attend. Nous l’abordons sereinement, avec des ambitions.

Lesquelles ?
C’est assez simple. L’objectif est de prendre autant de plaisir que nous en avons pris en 2011, avec un calendrier WorldTour en plus. Nous voulons aller chercher autant de victoires, que ce soit sur les Grands Tours ou les classiques. Nous souhaitons continuer à être ambitieux. A partir de là, nous devrions être performants sur l’ensemble de l’année.

Propos recueillis à Pen Bron le 15 décembre 2011.