Le champion de France Thomas Voeckler (Team Europcar) commence sa saison aussi bien que les années précédentes. Habitué à briller sur les premiers rendez-vous de l’année, vainqueur de l’Etoile de Bessèges il y a deux ans notamment, l’Alsacien s’est imposé hier à Pertuis à l’issue d’une longue échappée menée sur le Tour Méditerranéen. Un signe positif pour un coureur qui admet accuser quelques kilos de trop à la sortie de l’hiver mais qui se présente déjà suffisamment en forme pour conquérir des victoires et offrir un succès de plus à son Team Europcar. Désormais leader du classement général pour une poignée de secondes d’avance sur le peloton, Voeckler aura à cœur d’aller le plus loin possible avec le Maillot Jaune sur les épaules dans ce Tour Med qui s’achèvera dimanche par la montée du Mont Faron.

Thomas, comme toujours vous avez mené à bout une échappée…
Comme toujours je ne sais pas, mais en tout cas j’étais avec plusieurs coéquipiers qui sortaient du Tour de Langkawi ou de la Tropicale Amissa Bongo. On ne savait pas trop comment ils étaient. Le deal était que Pierre Rolland se concentre sur le général et moi je prenne des risques avant, étant donné que ce n’est pas la grande forme, que le Tour Med s’achève au sommet du Mont Faron et que j’ai 3 ou 4 kg de trop. Ca a payé aujourd’hui : 120 bornes sans oreillettes, quand j’ai vu 3’50 » d’avance, j’ai dit à mes quatre compagnons qu’il fallait en profiter pour creuser. Nous n’avons pas encore les automatismes mais je me doutais que ça allait tergiverser un peu derrière.

Et vous y êtes parvenus !
Rémi Pauriol n’habite pas loin d’ici, il était  très motivé et passait de très gros relais. Moi quand j’ai vu qu’on avait une chance d’aller au bout, j’ai levé un peu le pied. Laurent Mangel a l’habitude de très bien courir donc je m’en méfiais énormément. Je savais qu’il avait une pointe de vitesse très élevée. Il a lancé le sprint de loin, je voulais prendre sa roue mais ils m’ont laissé devant. Je n’ai pas eu trop le choix. A 50 mètres de la ligne je n’y croyais pas mais j’ai la chance qu’il lève les bras, c’est ce qui me permet de revenir.

Vous franchissez la ligne au même instant, vous êtes-vous vu vainqueur ?
Franchement, je ne pourrais pas le dire. En passant la ligne, j’ai pensé qu’il avait gagné pour ne pas me porter la poisse, mais je n’en savais rien. Autant dimanche à l’Etoile de Bessèges Saïd Haddou gagne la dernière étape pour quelques centimètres et le sait tout de suite, grâce à l’expérience de la piste, autant moi je n’ai pas cette expérience-là et j’étais incapable de dire si j’avais gagné.

Vos 3 ou 4 kg de trop seront-ils perdus d’ici Paris-Nice le mois prochain ?
4 kg, j’exagère peut-être. Ce qui est clair c’est que nous sommes en début de saison et que mon objectif n’est ni l’Etoile de Bessèges ni le Tour Méditerranéen. Paris-Nice en est un donc il faut faire le métier : je vais m’entraîner, bien dormir et faire gaffe à la bouffe. Mais gagner aujourd’hui est déjà une bonne chose et il faut savourer cette victoire, surtout quand on se rappelle qu’Europcar est venu nous rattraper par les cheveux en fin d’année.

Pensez-vous garder le Maillot Jaune jusqu’au pied du Mont Faron dimanche ?
On va voir. Un Maillot Jaune ça se défend et on ne va pas jouer au plus malin. Un maillot de leader, ça s’assume. Mais quand on voit les équipes et les bonhommes engagés… Ma condition n’est pas trop mal, je suis agréablement surpris, mais de là à conserver le maillot jusqu’au bout, on va voir.

Propos recueillis à Pertuis le 9 février 2011.