C’est ce qui s’appelle être mis directement dans le bain ! Le coup d’envoi de la Vuelta vient à peine d’être donné, que la première arrivée au sommet est programmée dès aujourd’hui. Dix suivront au cours des trois prochaines semaines et cette première est loin d’être la plus difficile. On est loin des pourcentages affolants de l’Angliru ou de Valdapenas de Jaén. La pente maximale atteint les 10 %, le pourcentage moyen est en dessous des 6 % pour onze kilomètres de montée. Autrement dit, rien de terrible, un peu à l’image de ce que peuvent proposer les organisateurs du Giro au mois de mai. En deux mots, un apéritif avant un copieux menu. La Vuelta est longue et les favoris ne devraient normalement pas bouger d’une oreille, au risque de regretter la débauche d’énergie engendrée sur l’Alto Do Monte Da Groba.

Et ce ne sont pas les premiers écarts enregistrés hier qui devraient changer quoi que ce soit. Le chrono inaugural a déjà créé les premières différences et on n’attendait pas vraiment à ce qu’elles soient déjà si importantes. Parmi le trio de favoris, Vincenzo Nibali (Astana) est celui qui s’en sort le mieux. Il pointe au 2ème rang du général ce matin, juste derrière son coéquipier Janez Brajkovic, qui est le premier maillot bleu ciel à avoir coupé la ligne. Bref, tout est parfait pour Astana et pour le Squale qui a pris une poignée de secondes sur ses deux plus sérieux rivaux espagnols. Alejandro Valverde (Movistar Team) est à 29 secondes tandis que l’écart atteint pratiquement la minute pour Joaquim Rodriguez (Team Katusha).

Forcément sur un Grand Tour, on est toujours attentif à celui qui lance le bon coup de la journée et à ceux qui constitueront la première échappée. Ils étaient sept sur le Giro, cinq sur le Tour, ils seront trois sur la Vuelta. Point commun des deux précédentes courses de trois semaines, on retrouve un représentant d’une des équipes invitées. Pas de trace d’un Cofidis ou d’un NetApp-Endura, mais Caja Rural s’y colle avec la présence de Javier Aramendia. L’Espagnol n’est pas le seul pour cette première fugue de la 68ème édition. Le sprinteur néo-zélandais Greg Henderson (Lotto-Belisol) et le rouleur danois Alex Rasmussen (Garmin-Sharp) sont eux aussi dans le coup.

Sergio Henao et Samuel Sanchez déchantent, Vincenzo Nibali déjà en rouge

Visiblement, le peloton ne craint pas les trois hommes qui naviguent devant, bien loin devant le peloton. C’est assez rare sur une première étape en ligne d’un Grand Tour pour être souligné, mais l’avance des trois fuyards ira bien au-delà des 10 minutes. Les Astana du leader ne paniquent pas et ne succombent pas au bluff, visiblement peu enclins à défendre le maillot rouge de Brajkovic. Lampre-Merida est la première formation à céder dans cette petite guerre psychologique. Puis Cannondale et Movistar rejoignent la coalition pour revoir les trois échappés. La sanction est immédiate pour les trois hommes qui voient leur avantage fondre sous le soleil cuisant espagnol. Au moment d’entamer la dernière difficulté, leur avance dépasse péniblement la barre des 2 minutes.

L’équipe Movistar prend alors la tête et maintient un rythme soutenu. La sélection s’opère alors par l’arrière juste avant les deux derniers kilomètres. Et cette difficulté, si relative soit-elle, va déjà créer des dégâts. Elle élimine deux outsiders. Le vétéran Samuel Sanchez (Euskaltel-Euskadi) qui n’a définitivement plus les jambes de ses belles années, et Sergio-Luis Heano qui devait être le leader du Team Sky sur cette Vuelta. Pour ces deux-là, c’en est déjà fini des ambitions de podium. Elle sera tout aussi fatale à Janez Brajkovic qu’on retrouve rapidement dans les dernières positions du peloton. Le Slovène n’a plus le niveau qui lui avait permis de remporter le Critérium du Dauphiné et il devra céder la tunique de leader…. à Vincenzo Nibali, déjà en rouge au soir de la 2ème étape. C’est tôt, peut-être trop tôt, mais rien n’oblige l’Italien à défendre le maillot.

Tous les favoris arriveront donc groupés, une quinzaine de secondes derrière ceux qui se sont disputé la victoire d’étape. À 1500 mètres de la ligne, Leopold König (Team NetApp-Endura) est le premier à flinguer. Le Tchèque provoque la formation d’un groupe de quatre, où figurent également Daniel Moreno (Team Katusha), Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale) et Nicolas Roche (Team Saxo-Tinkoff). L’Italien veut à tout prix remporter une étape sur ce Tour d’Espagne, mais s’inclinera devant un de ceux qu’il a croisé à l’intersaison. C’est en effet Nicolas Roche qui trouve la faille en produisant son effort au meilleur des moments. L’Irlandais s’envole et remporte sa première victoire sous ses nouvelles couleurs. Par la même occasion, le collectif danois confirme qu’il peut exister sur les Grands Tours sans Alberto Contador.

Demain, deuxième arrivée au sommet au Mirador de Lobeira au terme des 172,5 kilomètres.

Classement 2ème étape :

1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) en 4h37’09 »
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 2 sec.
3. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 6 sec.
4. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) à 11 sec.
5. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 12 sec.
6. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) m.t.
7. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
8. Ivan Basso (ITA, Cannondale) à 14 sec.
9. Bauke Mollema (PBS, Belkin) m.t.
10. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) m.t.

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 5h07’22 »
2. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 8 sec.
3. Haimar Zubeldia (ESP, RadioShack-Leopard) à 10 sec.
4. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) m.t.
5. Robert Kiserlovski (CRO, RadioShack-Leopard) m.t.
6. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 22 sec.
7. Ben Hermans (BEL, RadioShack-Leopard) à 27 sec.
8. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) m.t.
9. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 32 sec.
10. Roman Kreuziger (TCH, Team Saxo-Tinkoff) m.t.

Classement par points :

1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 25 pt
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 20 pt
3. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 16 pt
4. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 14 pt
5. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 12 pt
6. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 10 pt
7. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 9 pt
8. Ivan Basso (ITA, Cannondale) 8 pt
9. Bauke Mollema (PBS, Belkin) 7 pt
10. Greg Henderson (NZL, Lotto-Belisol) 6 pt

Classement de la montagne :

1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 10 pt
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 6 pt
3. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 4 pt
4. Javier Aramendia (ESP, Caja Rural) 3 pt
5. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 2 pt
-. Greg Henderson (NZL, Lotto-Belisol) 2 pt
7. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 1 pt
-. Alex Rasmussen (DAN, Garmin-Sharp) 1 pt

Classement du combiné :

1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 4 pt
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 20 pt
-. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 20 pt
4. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 22 pt
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 43 pt
6. Alex Rasmussen (DAN, Garmin-Sharp) 99 pt
7. Javier Aramendia (ESP, Caja Rural) 183 pt