Qu’importe qu’elle soit placée en concurrence de la Vuelta, la classique de Hambourg, ou Vattenfall Cyclassics pour son appellation officielle, attire toujours du beau monde. En Espagne, les grimpeurs sont à la fête ; sur la plus grande course d’un jour outre-Rhin, ce sont les sprinteurs qui sont favorisés. La 68ème édition de la ronde ibérique n’offre que peu d’opportunités aux hommes rapides pour s’exprimer, alors ils l’ont tout bonnement boudée. Il leur faut malgré tout un programme pour ne pas rester inactif jusqu’à la fin de saison, et cela passe pour beaucoup par Hambourg. On a coutume de dire que Paris-Tours est le Championnat du Monde des sprinteurs, on n’en est pas très loin avec cette Vattenfall Cyclassics, conclue au sprint lors des cinq dernières éditions, et remportée l’an dernier par Arnaud Démare (FDJ.fr).

Depuis le Picard a bien grandi, remportant deux courses WorldTour au Tour de Romandie et, plus récemment sur l’Eneco Tour. Plus encore que son succès suisse acquis en roublard, c’est celui en Belgique qui a marqué les esprits puisque l’ancien champion du monde espoirs devançait sur une arrivée en faux plat, Philippe Gilbert (BMC Racing Team), Tyler Farrar (Garmin-Sharp) et tous les autres sprinteurs incapables de dompter le faux plat de Forest. Démare a bien montré qu’il passait bien les bosses courtes, et ce n’est pas la rampe du Waseberg qui peut l’effrayer.

La classique de Hambourg est longue, près de 220 kilomètres, alors il faut bien quelques courageux pour l’animer. Ce rôle, Gorkaitz Bravo (Euskaltel-Euskadi), Jonas-Aaen Jorgensen (Team Saxo-Tinkoff), Julian Kern (Ag2r La Mondiale) et Michael Schwarzmann (Team NetApp-Endura) vont l’endosser à merveille. Point de fixation du peloton, les quatre vont compter 6 minutes d’avance, mais leur avantage va diminuer une fois la mi-course franchie. Le premier passage sur la rampe du Waseberg aura raison d’eux, et permettra à une quinzaine d’hommes frais de prendre les commandes. On retrouve dans ce groupe, quelques beaux noms comme Bjorn Leukemans et Marco Marcato (Vacansoleil-DCM) ou Yoann Offredo (FDJ.fr). Mais ce groupe sera repris par le peloton après quelques kilomètres de fugue.

Terpstra résiste mais le sprint royal a bien lieu

Manuele Boaro (Team Saxo-Tinkoff) et Rick Flens (Belkin) retenteront de sortir, sans succès. Le peloton ne laisse pas filer. Une chute viendra secouer le peloton, mais c’est l’avant-dernière ascension du Waseberg qui va agiter le paquet. Cette fois, c’est un groupe de costauds, de solides finisseurs capables de tenir tête à un peloton lancé à toute vitesse qui sort. Les qualités de rouleurs de Wouter Mol (Vacansoleil-DCM), Ian Stannard (Team Sky), Niki Terpstra (Omega Pharma-Quick Step) et Sep Vanmarcke (Belkin) ne sont plus à prouver. Groupe auquel se joignent Michael Albasini (Orica-GreenEdge), Cesare Benedetti (Team NetApp-Endura), Ion Izaguirre (Euskaltel-Euskadi) et Daniele Pietropolli (Lampre-Merida), juste avant la dernière difficulté.

Sur une ascension ressemblant comme deux gouttes d’eau à un mur flandrien dénué de pavés, Niki Terpstra n’est pas tout à fait dépaysé. Le Néerlandais passe en tête au sommet et file vers Hambourg en solo. Mais le Batave, comme le reste des fuyards, va devoir s’incliner à 8 kilomètres de l’arrivée, devant la supériorité du peloton qui file à toute allure.

Le grand ballet des équipes peut alors commencer. Le sprint royal s’annonce, la bataille du placement entre les formations est intense. Tous les sprinteurs sont là. Les FDJ.fr montrent bien que la victoire d’Arnaud Démare l’an dernier ne devait rien au hasard en se plaçant eux aussi à l’avant. Mais chez eux, les Allemands ont soif de revanche. On attendait un duel entre John Degenkolb (Argos-Shimano) et André Greipel (Lotto-Belisol), et on y a eu droit. Les deux Allemands livrent un sprint de toute beauté, mais au final, c’est le premier cité qui s’impose, devançant d’un rien le champion d’Allemagne en titre. Un an après une Vuelta où il avait remporté la bagatelle de cinq étapes, et quelques mois après son succès sur le Giro, Degenkolb prouve qu’il a aussi son mot à dire dans la hiérarchie des sprinteurs allemands.

Classement :

1. John Degenkolb (ALL, Argos-Shimano)
2. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol)
3. Alexander Kristoff (RUS, Team Katusha)
4. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team)
5. Elia Viviani (ITA, Cannondale)
6. Boy Van Poppel (PBS, Vacansoleil-DCM)
7. Nikolas Maes (BEL, Omega Pharma-Quick Step)
8. Thor Hushovd (NOR, BMC Racing Team)
9. Matti Breschel (DAN, Team Saxo-Tinkoff)
10. Arnaud Démare (FRA, FDJ.fr)