Vincenzo Nibali. Le principal bénéficiaire de la première étape de montagne aura donc été Vincenzo Nibali (Astana), le Sicilien en rose depuis samedi. Hier à Altopiano del Montasio il a obtenu 8 secondes de bonification et repris du temps à tous ses adversaires, n’en cédant qu’à Rigoberto Uran. « Cadel Evans est apparu très fort et sa capacité à tenir le rythme et à attaquer en montagne sera à prendre sérieusement en compte ces dix prochains jours, a analysé le Maillot Rose. Le Giro est dur au quotidien, et maintenant nous sommes entrés dans une nouvelle semaine. Connaître un mauvais jour reste possible même après une journée de repos, et j’ai été chanceux d’être en bonne forme à Montasio. J’ai eu de très bonnes sensations dans les pourcentages les plus raides, quand la pente s’est élevée à 20 %, je dois beaucoup à mes équipiers. »

Cadel Evans. Il ne fait pas beaucoup de bruit mais il est là et bien là. Cadel Evans (BMC Racing Team) avait opté tardivement pour une participation au Giro, à un moment où son état de forme était une interrogation. Or c’est bien la 2ème place qu’occupe l’Australien (à 41 secondes de Nibali), franchissant avec succès le premier test de la montagne. « Garder ma place à ce niveau reste une bonne chose, a commenté Cadel Evans. Jusqu’ici, tout va bien. Mais il nous reste pas mal d’étapes de montagne. Je ne sais pas ce qui s’est passé derrière, bien sûr, mais Nibali est le coureur que j’ai cherché à suivre en raison de ma place au classement. Chaque jour qui passe, les choses prennent forme. Mais je sais que nous sommes à peine à la moitié du Giro, alors c’est peut-être un peu tôt pour parler. »

Rigoberto Uran. Constatant que Bradley Wiggins ne pourrait attaquer ses adversaires dans la montée vers Altopiano del Montasio hier, c’est à Rigoberto Uran que le Team Sky a confié cette mission. Le Colombien, en démarrant à 8 kilomètres du sommet, est parvenu à reprendre 31 secondes aux meilleurs (plus 20 secondes de bonification), remontant au 3ème rang du classement général. « C’était le plan pour moi d’attaquer dans cette ascension et les choses se sont passées de manière fidèle à notre stratégie. L’équipe a été incroyable toute la journée, prouvant qu’elle était sans doute la meilleure. Ma victoire d’étape, ma première dans un Grand Tour, m’a permis de remonter au général. Je me retrouve maintenant devant Brad pour 1 seconde. Pour moi comme pour l’équipe, c’est un atout que d’avoir deux coureurs à ce niveau. »

Michele Scarponi. Parmi les autres déceptions de la journée d’hier, Michele Scarponi (Lampre-Merida) a lui aussi affiché des limites, abandonnant 39 secondes aux meilleurs dans les 3 derniers kilomètres. « Ce n’était certainement pas un grand jour, a-t-il confié à l’arrivée. Dès les premières rampes du Cason di Lanza je n’avais pas de bonnes sensations. Le résultat n’est pas celui que j’espérais mais dans de telles conditions et grâce à l’appui d’un grand Niemiec je pense m’être assez bien défendu. Un jour moins bon peut se produire dans un Grand Tour, les raisons peuvent être différentes, mais maintenant il est important de se concentrer sur les prochaines étapes et ne pas perdre mes objectifs de vue. Je ne suis qu’à 9 secondes seulement du podium et les jeux sont encore ouverts au général. »

Ryder Hesjedal. C’en est fini des chances de Ryder Hesjedal (Garmin-Sharp). Hier, le vainqueur sortant du Tour d’Italie s’est écroulé à une soixantaine de kilomètres de l’arrivée, cédant au final plus de vingt minutes. Ce matin, le moral du Canadien est touché. S’il repartira bien de Tarvisio, ses jours en course pourraient désormais être comptés. C’est en effet ce qu’a laissé entendre son entourage, qui s’est donné vingt-quatre heures supplémentaires pour prendre une décision. La défaillance brutale de Ryder Hesjedal aurait une explication médicale, ce qui pourrait nécessiter le retrait du leader des Garmin dans la perspective d’un rétablissement en vue du Tour de France. Pour l’heure le staff de la formation américaine ignore la nature précise du problème dont souffre son coureur.

Filippo Pozzato. L’ancien champion d’Italie Filippo Pozzato (Lampre-Merida) a connu une mésaventure hier soir. Il a chuté en descente. Pas pendant l’étape mais après la ligne d’arrivée ! Les bus des équipes attendant les coureurs quelques kilomètres en contrebas du sommet d’Altopiano del Montasio, l’Italien a fait demi-tour une fois la ligne coupée. Il s’est alors engagé dans la descente. Un exercice périlleux sur route ouverte à tous : automobilistes et cyclos venus encourager les coureurs. A force de freiner dans la descente abrupte, sa jante s’est mise à chauffer. Avec moins d’adhérence, Filippo Pozzato est allé à la faute. Il a fait un tout droit qui aurait pu lui coûter cher mais s’en sort finalement avec une ecchymose du genou droit et de nombreuses écorchures.

L’étape du jour :

11ème étape : Tarvisio-Vajont (182 km). Poursuivant son exploration du Frioul-Vénétie, le Tour d’Italie affrontera aujourd’hui une deuxième étape de montagne entre Tarvisio et Vajont, où sera proposée la deuxième arrivée en altitude de ce Giro, inédite tout comme celle d’Altopiano del Montasio hier. Cette onzième étape devrait néanmoins causer moins de différences entre les favoris. Elle comptera à nouveau deux ascensions mais les difficultés seront moins sévères qu’hier. Après la longue montée du Sella Ciampigotto (21,5 km à 4,7 %), dont le sommet est situé à 61,6 kilomètres de l’arrivée, il faudra gravir la route menant à Vajont jusqu’au petit village d’Erto e Casso, soit 7,5 kilomètres d’ascension à 4,8 %. Rien de comparable avec les pourcentages de l’étape d’hier ou ceux, nettement plus rudes, attendus ce week-end dans les Alpes.