3 questions à… John Degenkolb (Giant-Alpecin)

John, comment avez-vous appréhendé le sprint final sur la Via Roma ?
Ça a été de l’émotion pure qui m’a fait passer par tous les états. A un moment je ne me voyais plus vainqueur. A 50 mètres de la ligne j’ai pensé que je ne serais pas capable de battre Alexander Kristoff, qui avait lancé son sprint très tôt et très rapidement. Mais il s’est soudain éteint. Quand j’ai réalisé que j’avais gagné, j’ai aussitôt repensé à ce qu’il m’était arrivé l’an passé, cette crevaison au pied du Poggio qui reste la plus grande déception de toute ma vie de coureur. J’avais fini en larmes, cette année aussi, mais cette fois parce que j’ai gagné.

Avant la conclusion sur la Via Roma, vous êtes resté invisible toute la journée, c’était l’idéal ?
J’ai envie de dire que ça fait partie de la magie de Milan-San Remo. Cette course est vraiment spéciale. Dès le départ de Milan, sur le parcours neutralisé, vous sentez comme les gars sont nerveux. Le plus important est de se détendre, de rester calme, de préserver votre énergie jusque sur la Via Aurelia. Il vous faut alors garder une bonne position. Ni trop près ni trop loin. C’est tout cela que nous avons su faire à la perfection, fort des quatre années d’expérience qui m’ont été nécessaires, plus que les conseils qu’on peut recevoir ici ou là.

Dans quel état d’esprit aviez-vous abordé ce Milan-San Remo ?
Je me suis très bien préparé durant l’hiver et je suis arrivé en forme selon le plan défini. Même si je n’ai pas réussi aussi bien mon Paris-Nice que l’an passé, nous n’avons pas paniqué. En course, tout peut arriver. Je savais que j’étais en forme et je suis resté concentré à 100 % sur la préparation de Milan-San Remo. Maintenant nous allons voir ce qui va venir. J’ai quatre semaines très dures qui m’attendent, mais je suis mentalement prêt pour ça.

Alexander Kristoff. L’arrivée en trompe-l’œil sur la Via Roma a surpris nombre des coureurs lancés au sprint au terme de Milan-San Remo hier, à commencer par le tenant du titre Alexander Kristoff (Team Katusha), 2ème, battu in extremis. « Je pense que j’ai lancé le sprint trop tôt, sans doute que j’aurais dû attendre 50 mètres de plus, mais je n’avais pas tellement d’autre option étant donné que je me trouvais en tête, commente-t-il. Mon coéquipier Luca Paolini a été impressionnant et il a réalisé du bon boulot dans le Poggio puis dans le final. Je ne pouvais pas lui en demander davantage. Pour être honnête j’ai vraiment pensé que j’allais gagner mais John Degenkolb était trop rapide dans les derniers mètres et j’étais à la limite. La Via Roma, c’est un faux-plat légèrement montant, et vraiment j’étais trop fatigué pour tenir bon. »

Nacer Bouhanni. Le sprinteur vosgien Nacer Bouhanni (Cofidis) était toujours dans le coup au terme des 293 kilomètres de Milan-San Remo hier, et c’est la 6ème place qu’il est allé chercher sur la Via Roma pour sa première participation à la classicissima. « J’ai couru à contretemps, regrette-t-il. J’étais mal placé au pied du Poggio mais je suis parvenu à remonter en 15ème position au sommet. Puis quand Philippe Gilbert a chuté dans la descente il m’a fallu reboucher le trou. J’ai abordé le sprint mal placé. A ce niveau-là, ça ne pardonne pas. Je suis terriblement déçu, d’autant plus que nous sommes cinq sur la même ligne pour la 2ème place et que je finis 6ème. Je crois que je vais avoir du mal à digérer cela car j’étais vraiment confiant. Je me voyais gagner alors c’est dur à accepter. J’étais isolé à l’approche du sprint, mal placé une fois encore. Il m’a seulement manqué quelqu’un pour me lancer. C’est une immense frustration. »

Pierrick Fédrigo. C’est sur une autre Primavera, celle des Mauges, que Pierrick Fédrigo (Bretagne-Séché Environnement) s’est retrouvé hier. Vainqueur de Cholet-Pays de Loire dix ans après une première victoire en ces terres, le Marmandais a retrouvé la victoire deux ans après son dernier succès sur Paris-Camembert. « Ça fait plaisir. Pas seulement de gagner à nouveau, mais aussi d’avoir le sentiment de le faire en effectuant un numéro. Sortir à 40 kilomètres de l’arrivée avec Thomas Voeckler et partir seul pour les 25 derniers, c’est quelque chose… C’était difficile, au cordeau, il ne fallait pas que je lâche mentalement. J’avais l’avantage de bien connaître le final, de savoir où m’abriter parce que le vent était redoutable. L’arrivée à Cholet est magnifique, j’ai eu le temps de savourer dans le dernier kilomètre. J’ai retrouvé le frisson. »

UCI WorldTour # 4. L’Australien Richie Porte (Team Sky), vainqueur de Paris-Nice et 2ème du Tour Down Under, conserve la tête de l’UCI WorldTour après Milan-San Remo, quatrième des vingt-sept épreuves entrant en compte dans le challenge. A l’entame de la campagne des classiques printanières, Richie Porte occupe toujours la tête devant l’Australien Rohan Dennis (BMC Racing Team) et le Colombien Nairo Quintana (Movistar Team). Les acteurs de Milan-San Remo obtiennent une place de choix dans la hiérarchie. John Degenkolb (Giant-Alpecin) arrive au 4ème rang, Alexander Kristoff (Team Katusha) au 6ème, Michael Matthews (Orica-GreenEdge) au 8ème. Côté français, deux coureurs occupent une place dans le Top 20 : Thibaut Pinot (FDJ) 15ème, Tony Gallopin (Lotto-Soudal) 17ème. Au classement par équipes, le Team Sky maintient son avantage devant Movistar Team et BMC Racing Team.

Classement UCI WorldTour # 4 :

1. Richie Porte (AUS, Team Sky) 198 pt
2. Rohan Dennis (AUS, BMC Racing Team) 114 pt
3. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) 106 pt
4. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) 102 pt
5. Michal Kwiatkowski (POL, Etixx-Quick Step) 89 pt
6. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 87 pt
7. Bauke Mollema (PBS, Trek Factory Racing) 84 pt
8. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 79 pt
9. Simon Spilak (SLO, Team Katusha) 78 pt
10. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 76 pt

Classement UCI WorldTour par équipes # 4 :

1. Team Sky (GBR) 290 pt
2. Movistar Team (ESP) 206 pt
3. BMC Racing Team (AUS) 199 pt
4. Team Katusha (RUS) 171 pt
5. Etixx-Quick Step (BEL) 170 pt
6. Lampre-Merida (ITA) 167 pt
7. Giant-Alpecin (ALL) 166 pt
8. Tinkoff-Saxo (RUS) 132 pt
9. Orica-GreenEdge (AUS) 131 pt
10. Trek Factory Racing (USA) 128 pt

Cholet-Pays de Loire Dames. C’est un trio qui est arrivé légèrement détaché sur la ligne d’arrivée de Cholet-Pays de Loire hier, Audrey Cordon (Wiggle Honda) s’offrant au sprint Amélie Rivat (Poitou-Charentes.Futuroscope.86) et Miriam Björnsrud (Hitec Products). Ces trois filles se sont détachées d’un groupe de dix-neuf sorti après 50 kilomètres à l’occasion de la dernière boucle du circuit de 29 kilomètres comprenant les ascensions des côtes de la Tessoualle et de la Séguinière. Déjà victorieuse à Cholet en 2012, Audrey Cordon a donc renoué avec la victoire dans la deuxième manche de la Coupe de France féminine. « Je n’étais pas inquiète face à Amélie, qui a été ma coéquipière par le passé et que je savais moins rapide que moi », a-t-elle confié. La troisième manche se disputera le 6 avril au Prix de la ville du Mont Pujols.

Classement :

1. Audrey Cordon (Wiggle Honda) les 116 km en 3h06’47 » (37,3 km/h)
2. Amélie Rivat (Poitou-Charentes.Futuroscope.86) m.t.
3. Miriam Björnsrud (Hitec Products) à 4 sec.
4. Jolien D’Hoore (Wiggle Honda) à 22 sec.
5. Pascale Jeuland (Poitou-Charentes.Futuroscope.86) m.t.
6. Iris Sachet (Pays de la Loire) m.t.
7. Sheyla Gutierrez (Lointek Team) m.t.
8. Molly Weaver (Matrix Fitness) m.t.
9. Annelies Dom (Belgique) m.t.
10. Lieselot Decroix (Lotto-Soudal Ladies) m.t.