Brice, la boucle est bouclée. Que ressent-on après avoir franchi la ligne d’arrivée des Champs-Elysées au moment où l’on regagne le bus ?
C’est un soulagement. Rien n’est jamais gagné avant de franchir la ligne. On a assisté encore cette fois à de nombreux ennuis mécaniques. Trois semaines, c’est à la fois long et pas long. Maintenant que c’est terminé, on se dit que le Tour est vite passé. Mais quand on est dedans et qu’on a mal à la gueule, je peux vous dire qu’on compte les jours.

Où en êtes-vous de la forte douleur à la cuisse survenue vers Saint-Lary ?
C’st une micro-déchirure, un petit rien qui à vélo se ressent fortement. Elle s’est un peu estompée aux adducteurs, mais en voulant compenser c’est le vaste interne qui a pris. J’avais vraiment mal dans les relances sur le circuit des Champs mais je me suis dit qu’on était bientôt arrivés. J’ai vraiment compté les tours. C’est quand même une blessure handicapante. Elle serait survenue plus tôt dans le Tour, je n’aurais pas été au bout. J’ai surpassé cette douleur, et je suis bien content d’en avoir terminé.

Vous vous classez 16ème du Tour de France, comment l’interprétez-vous ?
C’est une super place, mais je préférerais nettement gagner une étape que faire 16ème du général, mais ça on ne choisit pas. En fait j’aurais préféré faire les deux. Maintenant c’est une très bonne chose. Ce n’est pas donné à tout le monde de rentrer dans les 20. Je l’ai fait, j’en suis content, mais ça veut dire aussi que je suis capable de faire mieux les années futures. Je le sais, je suis un coureur qui fonctionne à la cool. Quand je suis chez moi, j’aime bien jardiner, tailler mes arbres, or quand on est cycliste on se doit de ne penser qu’au vélo, chose que j’ai du mal à faire. Néanmoins je l’ai mieux fait cette année et forcément ça se voit de par mes résultats. L’an prochain je serai doublement sérieux pour essayer d’accrocher de meilleurs résultats sur toutes les belles courses et notamment sur le Tour de France, puisque j’espère qu’on sera de nouveau invités.

Cela signifie que vous tirez dès à présent des enseignements de votre Tour de France dans le but de progresser l’an prochain ?
Samedi, après le chrono, j’ai discuté avec Emmanuel Hubert. Il m’a dit qu’on voyait que j’avais encore à progresser en la matière, ne serait-ce que sur la position. Je lui ai dit que je ne le bossais pas. Dans les grosses équipes, la plupart des coureurs ont un vélo de chrono chez eux. Nous ça a été un peu plus long avant de l’avoir, je n’ai pas pu forcément travailler cette discipline. L’année prochaine, dès le début de la saison, j’en aurai un à la maison pour bien travailler cet exercice. J’ai aussi une marge de progression en montagne, je le sais. J’ai eu 29 ans samedi, je suis dans la force de l’âge. A moi de prouver que l’avenir est encore devant moi et qu’il y a de belles choses à faire.

Cette prise de conscience est-elle également motivée par la présence de deux coureurs français sur le podium du Tour de France ?
Tout à fait. Quand je vois comment Thibaut Pinot a progressé dans les contre-la-montre, ça donne des idées. Je suis super content pour lui. Certes il traîne parfois en queue de peloton, mais il a su reprendre le temps perdu sur des erreurs de placement. Je ne le connais pas suffisamment mais je l’apprécie. Il me dit toujours bonjour, il n’est jamais hargneux envers un coureur qui fait un écart involontaire. C’est un coureur de grande classe qui a un bel avenir. Jean-Christophe Péraud aussi est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. C’est quelqu’un d’agréable dans le peloton.

L’équipe Bretagne-Séché Environnement, elle, aura compté parmi les principales actrices de ce Tour de France…
Nous ne sommes pas passés inaperçus sur ce Tour de France, avec quasiment chaque jour quelqu’un dans l’échappée. Nous terminons à neuf avec un coureur comme moi placé au général. Je suis très fier de faire partie de cette équipe avec laquelle je pense poursuivre l’aventure en 2015. Nous avons de bons coureurs, un bon staff, finalement tout pour réussir. L’équipe mérite aussi d’avoir un budget supérieur pour que l’on tourne dans de meilleures conditions. Notre budget est moindre par rapport aux autres formations (NDLR : 3 millions d’euros) mais il est dépensé à bon escient.

Quel est le programme de la soirée de fin de Tour ?
C’est dîner sur une péniche avec l’ensemble de l’équipe, mais sans excès. Ce lundi je me laisserai la journée pour passer dire bonjour à mes parents et à la famille dans le Loir-et-Cher, avant de reprendre la direction de la maison dans le sud mardi.

La saison n’est pas terminée. Par où passera la suite vous concernant ?
Je vais faire quelques critériums, Lacq, Castillon et Marcolès, mais pas plus car ça fatigue. Je devais aussi faire Lisieux, Camors, Dijon, mais j’ai annulé après ma douleur à la cuisse. Je reprendrai probablement au Tour de l’Ain, avant d’enchaîner avec le Tour du Poitou-Charentes et le Grand Prix Ouest-France à Plouay.

Propos recueillis à Paris le 27 juillet 2014.